L’imam Ismaël Océni Ossa fut un invité spécial du président gabonais Ali Bongo Ondimba lors de la 48e session de la Banque africaine de développement à Marrakech, au Maroc, en mai 2013. En quoi sa participation revêt-elle une importance cruciale pour une conférence axée sur la finance ?

Flashback sur Sylvia Bongo Ondimba, Maixent Accrombessi et l’imam Océni Ossa 

Le roi est hors-jeu, vive la Reine et ses acolytes !

Une nation qui néglige son passé est condamnée à répéter inlassablement ses erreurs antérieures jusqu’à sa disparition inévitable. Pendant plus d’un demi-siècle, tous les rouages du pouvoir, qu’il s’agisse de l’administration, de la législation, de la justice, des médias, de l’information, de l’économie, et autres, ont été monopolisés de manière exclusive par une seule famille, les « BONGO ». Malgré cette réalité, les quatorze années (2009-2023) sous la gouvernance d’Ali Bongo Ondimba, le président déchu qui avait succédé à son père (resté près de quarante-deux ans à la tête du Gabon jusqu’à sa mort), sont considérées comme les plus difficiles. Ali Bongo Ondimba, son épouse Sylvia Bongo Ondimba, leur fils Noureddine Bongo, ainsi que leurs proches, dont Maixent Acrrombessi et Oceni Ossa Ismaël, portent une part de responsabilité des maux et mefaits de cette sombre période.

Retour sur Sylvia Bongo, son fils et leurs amis et coquins

En réalité, l’accident vasculaire cérébral (AVC) survenue le 24 octobre 2018, à Riyad (Arabie saoudite), qui a touché le symbole incarné par M. Ali Bongo Ondimba, figure emblématique aux yeux de la population de la dynastie au pouvoir, a exposé de manière flagrante le rôle préjudiciable de cette élite dirigeante. Caractérisée par son égocentrisme et sa volonté tenace de perpétuer son emprise sur le pays et ses ressources. Au lieu de simplement constater la « vacance du pouvoir », l’aristocratie locale s’est engagée dans diverses acrobaties et dérives judiciaires. En plus des divisions, des intrigues et des manipulations sous différentes apparences, projetant ainsi au monde, l’ image d’un pays aussi affaibli que son leader.

En outre, cette situation préoccupante et absurde a provoqué un changement interne dans la gouvernance de l’État. D’une part, le pouvoir est passé du mari (Ali Bongo) à la femme (Sylvia Bongo), et d’autre part, à leur fils, M. Mohammed Nour-Ed-Din Edouard Bongo Valentin, ainsi qu’à leurs proches, parmi lesquels figurent Ismaël Océni Ossa et ses fils (Mohamed Ali Saliou et Abdoul OCENI OSSA).

Maixent Acrombessi, celui qui a introduit Ismaël Océni Ossa auprès d’Ali Bongo Ondimna 

Sans la proximité de Maixent Accrombessi dans l’entourage restreint d’Ali Bongo et son influence sur ce dernier, M. Ismaël Océni Ossa n’aurait jamais atteint le statut d’homme puissant qu’il a acquis par la suite.

Pour clarifier les éléments de cet article, rappelons que Maixent Acrombessi Nkani, ancien agent immobilier d’origine Béninoise à Paris, a fait son entrée au Gabon grâce à l’intermédiaire d’André Mba Obame. Ce dernier, un ami d’Ali Bongo, avait établi une relation avec une femme rencontrée à Paris. Cette dame présenta Maixent Acrombessi comme son frère, et grâce à cette ruse, il fut intégré au service du futur président du Gabon.

En 1996, Maixent Accrombessi a obtenu la citoyenneté gabonaise sous le règne d’Omar Bongo Ondimba, aujourd’hui décédé. Bien qu’il se soit pleinement intégré dans son nouveau pays, une certaine méfiance envers ses compatriotes gabonais persistait en lui. Conscient de la fragilité de sa position et de l’imprévisibilité Ali Bongo, il a décida de mettre en place son propre réseau. Celui-ci fut constitué d’expatriés, de préférence originaires du Bénin, n’ayant aucun lien particulier avec le Gabon, si ce n’est financier. Son objectif était d’exercer une influence sur le destin du Gabon en passant par des intermédiaires qui, telles des marionnettes, le redouteraient et qu’il pourrait manipuler à sa guise. Ce dessein sombre s’est concrétisé tout au long du premier mandat d’Ali Bongo (2009-2016), faisant de lui de facto le « président bis » du Gabon.

Les Gabon, teerain de jeu des apatrides

Suite au décès du président Omar Bongo, et à la controverse entourant les résultats des élections présidentielles du 27 octobre 2009, Ali Bongo Ondimba est déclaré président du Gabon par la Cour constitutionnelle. Le nouveau chef de l’État a fait son entrée au palais présidentiel du Gabon, officiellement appelé « Rénovation » accompagné de ses collaborateurs les plus proches. À leur tour, ces derniers ont introduit les membres de leur réseau personnel, parmi lesquels se trouvait l’imam Ismaël Océni Ossa.

Au commencement.  Parcours et Portrait | L’ascension Ismaël Océni Ossa et sa progéniture : Coté réligion

Le 13 février 2010, quelques mois après son investiture, Ali Bongo Ondimba est sacré Raïs (Chef Suprême) de la communauté musulmane lors du Second Congrès Ordinaire. Peu de temps après, il introduit une nouvelle charte, rapidement adoptée. À la surprise des musulmans gabonais autochtones, cette charte se révèle en totale opposition avec celle établie sous le règne du défunt Raïs Omar Bongo. C’est à partir de ce moment que les tensions entre les musulmans locaux et ceux d’origine étrangère ont débuté.

La prédominance de l’islam au Gabon par des individus non autochtones trouve son dénouement le 30 septembre 2023, avec la nomination de l’imam Benyamine ANDJOUA en tant que nouveau président du Conseil Supérieur des Affaires Islamiques du Gabon. Ainsi, pendant quatorze ans, l’Imam Océni Ossa a utilisé le Conseil Supérieur des Affaires Islamiques du Gabon (CSAIG) pour s’enrichir et occuper une position influente au plus haut sommet de l’État gabonais.

L’acte de départ !

Peu médiatisée lors de son adoption en février 2010, la nouvelle charte a été au cœur d’une controverse au sein de la communauté musulmane. En réalité, elle avait été préalablement élaborée par Maixent Accrombessi et son associé, l’Imam de la Mosquée Hassan II, Ismaël Océni Ossa, avant d’être présentée à Ali BONGO ONDIMBA comme la « Charte de la Vérité ». Les deux hommes l’ont ensuite vendue au président, agissant en collusion sans son consentement. En résumé, Maixent Accrombessi et Ismaël Océni Ossa avaient orchestré cette manœuvre en dehors du champ de vision de leur ami président, Ali Bongo Ondimba.

Dans l’article 16 de « la Charte de la Vérité », le dirigeant de la communauté musulmane est investi du « pouvoir discrétionnaire » pour désigner le président du Conseil supérieur des affaires islamiques du Gabon (CSAIG). Concrètement, cet article confère au Raïs la capacité d’imposer, sans consulter la communauté, un représentant de son choix pour diriger les affaires de la communauté musulmane. Une telle disposition remet en question l’autorité suprême « d’Allah, le clément, le tout miséricordieux ».

Peu de temps après cet événement, Ismaël Océni Ossa, l’imam de la mosquée Hassan II, a été désigné par le nouveau Raïs Ali Bongo Ondimba pour occuper la présidence du Conseil supérieur des affaires islamiques du Gabon (CSAIG). L’islam représente environ 11,2 % de la population gabonaise, principalement constituée de membres d’origine étrangère. Le choix d’Ismaël Océni Ossa, motivé par des intérêts personnels, lui a conféré un pouvoir absolu dans la gestion des fonds provenant de personnalités du golfe Persique. 

Cependant, le 1er décembre 2013, une situation analogue s’est reproduite lors du troisième congrès de la communauté musulmane du Gabon. L’Imam Ismaël Océni Ossa a été réélu de manière écrasante, dans des circonstances identiques, en tant que Président du Conseil Supérieur des Affaires Islamiques du Gabon. Malgré cela, son deuxième mandat de trois ans a pris fin en 2016. Après une période de cinq années avec un « président » qui n’occupait plus légitimement cette fonction, le quatrième congrès ordinaire du CSAIG, programmé du 11 au 13 février 2022, a également abouti à sa réélection.

L’ascension Ismaël Océni Ossa et sa progéniture : volet sherpa de Sylvia BONGO

Avant d’accéder à des sphères sociales plus élevées, Ismaël Océni Ossa a occupé divers petits emplois pour assurer sa subsistance. En tant que conseiller intime et personnel de l’épouse du président gabonais, il a apporté un soutien inébranlable à la cause de Mme Sylvia Bongo Ondimba, également connue sous le nom de Sylvie Aimée Marie Valentin. Ismaël Océni Ossa a joué un rôle actif dans la préservation du pouvoir de la famille « Bongo » et, par extension, dans la sauvegarde de ses propres intérêts. Systématiquement convié à toutes les tournées aux côtés de la première dame, il inspirait la crainte au sein des deux branches familiales au pouvoir, les « Dabany » et les « Bongo Ondimba ».

L’occasion fait le larron !

Maixent Accrombessi était soupçonné d’exercer une influence sur Ali Bongo en raison de prétendus pouvoirs mystiques. Oceni Ossa Ismael, également adepte de l’art du maraboutage, a employé des méthodes similaires auprès de la première dame. De plus, ses deux fils ont joué des rôles importants en entretenant une amitié profonde avec Mohammed Nour-Ed-Din Edouard Bongo Valentin.

Le retour de Sylvia Valentin Bongo Ondimba, après l’exil volontaire à Londres

Épuisée par l’influence persistante de Maixent Accrombessi sur son mari, Sylvia Valentin avait pris la décision de s’installer à Londres en 2014 pour échapper à sa domination. Ses retours au Gabon se limitaient à des visites occasionnelles, principalement pour participer à des événements officiels aux côtés de son époux. Cependant, la situation a pris un tournant avec le départ de Maixent Accrombessi du Gabon et l’AVC subi par son mari, alors président, à Riyad, en Arabie Saoudite. Face à ce nouveau contexte, Sylvia Valentine Bongo Ondimba a abandonné son luxueux refuge londonien. Son objectif : protéger la « boutique Gabon », alors en danger..

Tourmentée par un trouble bipolaire, une anxiété persistante, l’insomnie et la nervosité, Sylvia Valentin cherchait ardemment la sérénité pour son avenir. C’est à ce moment-là qu’Ismaël Océni Ossa s’est révélé être la personne en mesure de lui fournir des réponses à ses nombreuses interrogations et de la tranquilliser.

Portrait de Sylvia Bongo, “Femme sous influence”

Agées maintenant de 60 ans, Sylvia Valentin Bongo Ondimba, autrefois la « première dame » de 2009 à 2023, détenait un pouvoir inégalé par ses prédécesseures au Gabon. Même sa belle-mère, la flamboyante Kama Dabany Marie Joséphine, ex-épouse du feu président Omar Bongo, bien qu’influente, elle n’avait jamais atteint  le niveau de  sa belle-fille. Comme si le pouvoir était transmis par le partage d’une intimité, Sylvia Valentin Bongo Ondimba exerçait le rôle de « Chef d’État ».

Le mysticisme jouait un rôle majeur dans le mode de fonctionnement de Sylvia Bongo. Elle consultait depuis longtemps des diseuses de bonne aventure. Etrangement, ces marabouts  ne lui avaient pas prédit la chute de son époux le 30 aout 2023. Profitant de son penchant pour les marabouts, l’Imam Ismaël Océni Ossa exploita cette facette de sa personnalité pour gagner ses faveurs. Avant chaque décision, elle échangeait avec lui sur ce qu’il convenait de faire ou non.

Comme « Agrippine », la mère ambitieuse et sans scrupules de Néron, la première dame n’avait qu’une ambition : installer Mohammed Nour-Ed-Din Edouard Bongo Valentin, son fils, au pouvoir. Ainsi, lors du décès de Fidèle Andjoua Ondimba, le maître de Ndjobi et frère du défunt Omar Bongo, sur les conseils d’Ismaël Océni Ossa, Sylvia Valentin Bongo Ondimba donna l’ordre aux militaires présents à la frontière entre le Congo-Brazzaville et le Gabon de ne pas permettre à Omar Denis Bongo Ondimba d’entrer sur le territoire gabonais, préservant ainsi le trône mystique en faveur des ‘Bongo-Valentin’.

L’homme fait des projets, mais c’est Dieu qui décide de leur destinée.

L’ex-Première dame déchue, Sylvia Bongo, a été incarcérée durant la nuit du jeudi 12 au vendredi 13 octobre 2023 à la prison centrale de Libreville. Elle fait face à des accusations de blanchiment d’argent et d’usage de faux. Ismael Oceni Ossa a été convoqué le 19 octobre 2023 , par la direction générale des contre-ingérences et de la sécurité militaire, plus communément appelée B2, en raison de son implication présumée dans plusieurs affaires de détournement de fonds publics au Gabon. Ses fils, Mohamed Ali Saliou et Abdoul Oceni Ossa, ainsi que Noureddin Valentin Bongo, sont, quant à eux, en détention depuis le 19 septembre 2023. Pour l’instant, Maixent Accrombessi est le seul à être épargné, ayant trouvé refuge dans son pays d’origine, le Bénin.

Rédaction DBNEWS
29/01/2022