Au Tchad, la situation reste incertaine après deux jours de tensions sécuritaires à N’Djamena
A l’approche de la présidentielle de mai 2024, les tensions se multiplient au Tchad : bilan sur une situation encore floue. Des signes de tensions sont toujours perceptibles jeudi dans les rues de N’Djamena après une attaque meurtrière contre les locaux des services de renseignement mardi soir, suivie le lendemain de tirs au siège d’un parti d’opposition accusé par le gouvernement d’en être responsable.
Des barrages routiers et une forte présence militaire sont toujours en place autour du QG du Parti socialiste sans frontières (PSF). Les écoles du centre-ville sont restées fermées jeudi et l’accès à la présidence de la République est pour le moment bloqué. Depuis mercredi, le réseau téléphonique est fortement perturbé alors que l’internet mobile, majoritairement utilisé par les Tchadiens, est totalement interrompu, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Une situation trouble autour de Yaya Diallo
Une attaque contre les locaux de l’Agence nationale de sécurité de l’État (ANSE) a eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi après l’arrestation d’un membre du PSF, accusé par le gouvernement de « tentative d’assassinat contre le président de la Cour suprême« , selon un communiqué officiel lu mercredi au journal de la télévision nationale.
Dans son communiqué, le gouvernement évoque « une attaque délibérée des complices de cet individu, menée par les éléments du PSF et, à leur tête, le président de ce mouvement Yaya Dillo« , contre les bureaux de l’ANSE. « Je n’étais pas présent« , a assuré hier à l’AFP Yaya Dillo, farouche opposant au pouvoir et candidat pressenti à la présidentielle, qui nie son implication et dénonce un « mensonge« .
« Le but recherché est de m’empêcher, de m’éliminer physiquement, […] pour me faire peur afin que je n’aille pas à l’élection« , a ajouté l’opposant qui avait déjà dénoncé « une mise en scène » concernant les allégations de tentative d’assassinat contre le président de la Cour suprême. Yaya Diallo a été tué mercredi dans l’assaut du siège de son parti, mené par les forces armées, selon le porte-parole du gouvernement tchadien.
La présidentielle approche à grands pas
Les évènements se sont produits au lendemain de l’annonce du calendrier de l’élection présidentielle au Tchad, dont le premier tour aura lieu le 6 mai, qui annonce la fin d’une période de transition de trois ans. Le 20 avril 2021, le général Mahamat Idriss Déby Itno a été proclamé par l’armée président de la transition, à la tête d’une junte de 15 généraux, après la mort de son père Idriss Déby Itno, tué par des rebelles en se rendant au front, selon la junte.
Il avait immédiatement promis de rendre le pouvoir aux civils en organisant des élections après 18 mois et assuré plus tard qu’il ne s’y présenterait pas, une échéance finalement repoussée de deux ans. S’il ne s’est pas encore prononcé, le Mouvement patriotique du salut, parti majoritaire fondé par son défunt père, l’a, lui, récemment investi comme son candidat à la présidentielle.
RSA avec AFP