Le 30 novembre dernier, le ministre gabonais du Pétrole et des Hydrocarbures, Marcel Abéké, a représenté son pays lors de deux réunions majeures des pays exportateurs de pétrole. Il a en effet pris part à la 187ᵉ Conférence ministérielle de l’OPEP ainsi qu’à la 36ᵉ réunion ministérielle de l’OPEP+. Ces rencontres se sont tenues par visioconférence depuis Paris.

OPEP, 36ᵉ réunion ministérielle

Le Gabon s’apprête à prendre les rênes de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) en 2024. Le pays a été désigné pour assurer la présidence tournante de cette institution influente sur le marché mondial du pétrole. Cette nomination confirme le rôle grandissant du Gabon au sein de l’OPEP depuis que le pays a réintégré l’organisation en 2016. Elle offre également une opportunité au Gabon de défendre ses intérêts économiques, fortement dépendants des exportations de pétrole.

La présidence tournante de l’OPEP

L’OPEP se réunit au minimum deux fois par an, rassemblant les représentants de tous ses pays membres. Afin de garantir une coordination efficace au sein de l’organisation, la Conférence élit un président parmi les délégations nationales. La présidence est rotative, changeant chaque année, permettant ainsi à chaque État membre de diriger l’OPEP à tour de rôle.

Le président sortant pour l’année 2023 est Gabriel Mbaga Obiang Lima, ministre des Mines et des Hydrocarbures de la Guinée équatoriale. En 2024, ce sera au tour du Gabon de prendre la présidence de cet organe décisionnel de l’OPEP. Le pragmatisme et la maîtrise des grands dossiers par Marcel Abéké, seront des atouts incontestables pour positionner le Gabon au sommet de l’OPEP. Marc Saturnin Nnang Nguema a été le dernier citoyen gabonais à assumer la fonction de président de l’OPEP, de 1981 à 1983.

Relation avec l’OPEP : une alliance élargie

En 2021, le pétrole représentait 67 % des exportations du Gabon. Le pays a adhéré à l’OPEP dès sa création en 1975. Mais en 1995, mécontent du niveau de sa contribution financière, le pays décide de quitter l’organisation. Ce n’est qu’en 2016, après plus de 20 ans d’absence, que le Gabon frappe à nouveau à la porte de l’OPEP. Le pays redevient le 14ᵉ membre de l’organisation aux côtés de poids lourds comme l’Arabie Saoudite, l’Irak ou le Venezuela.

Depuis 2016, l’OPEP s’est alliée avec d’autres pays producteurs, comme la Russie au sein de l’OPEP+, afin d’accroître son influence sur le marché mondial du pétrole. Face à la chute des cours du pétrole, le gouvernement gabonais souhaite peser sur les décisions du cartel. Le pays entretient des liens étroits avec d’autres membres africains comme le Nigeria et l’Angola. Il espère aussi bénéficier du soutien de l’organisation pour stabiliser les prix. 

Marcel Abeke : OPEP

La participation active du Gabon aux discussions de l’OPEP le 30 aout 2023, témoigne de la détermination du Ministre gabonais du Pétrole et du Gaz, Marcel Abeké, à défendre les intérêts économiques de son pays. Mais le poids économique limité du Gabon réduit son influence. Il lui sera difficile d’imposer ses vues face à des poids lourds comme l’Arabie Saoudite.

Les enjeux de cette présidence pour le Gabon

L’économie gabonaise dépend fortement des exportations de pétrole, qui représentent la part la plus importante de ses recettes en devises. Le pays a donc tout intérêt à ce que l’OPEP parvienne à soutenir les cours mondiaux du brut. En devenant président de l’organisation, le Gabon espère peser sur les décisions concernant les quotas de production et les niveaux de prix. Sous la direction éclairée du ministre du Pétrole et du Gaz, M.  Marcel Abéké, le pays pourra notamment défendre ses intérêts lors des réunions extraordinaires convoquées en cas de forte volatilité des cours.

Cette présidence tombe à point nommé alors que le Gabon ambitionne d’accroître sa production de pétrole et de gaz. Le pays mise sur l’exploitation de nouveaux gisements offshore pour doper ses exportations d’hydrocarbures. L’appui de l’OPEP sera précieux pour attirer les investissements étrangers nécessaires au développement de ces projets. La manne pétrolière doit permettre de financer la stratégie de diversification économique voulue par le président de la Transition, Chef de l’État, M. Brice Clotaire Oligui Nguema.

Un test grandeur nature pour le Gabon

Diriger l’OPEP ne sera pas une sinécure, même pour un an seulement. Le Gabon devra faire preuve de doigté pour concilier des intérêts parfois divergents au sein d’une organisation réputée versatile. Les pays membres affichent rarement un front uni, comme l’a montré la crise de la covid-19. Certains privilégient les volumes d’exportation et leurs parts de marché quand d’autres préfèrent limiter leur offre pour soutenir les prix. Le Gabon devra démontrer sa capacité à fédérer et à jouer les médiateurs au sein de l’OPEP. Réussir cette présidence tournante conforterait sa crédibilité et son influence sur la scène pétrolière internationale. Cette présidence de l’OPEP incarne également une résurgence spectaculaire, un retour triomphant marquant une nouvelle ère après le coup d’État du 30 août 2023. 

La rédaction DBNEWS
3/12/2023