Au Cameroun, la détention des séparatistes anglophones et des militants du parti d’opposition le MRC est « arbitraire », et ils doivent être libérés immédiatement, dit l’ONU. Dans une note rendue publique récemment, le groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations unies, a jugé que « la privation de liberté » du leader séparatiste Sisiku Ayuk Tabé et ses codétenus est « dépourvue de base légale » et que les droits de quinze militants du parti d’opposition Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, dont son président Maurice Kamto, ont également été bafoués.
« Le Cameroun est un pays souverain et ceux qui violent nos lois sont jugés par les tribunaux » a réagi le gouvernement camerounais aux critiques de l’ONU.
Sollicitée par le groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations unies, Yaoundé n’a pas donné suite. Les documents de l’ONU sont donc basés sur les témoignages des détenus à commencer par les séparatistes anglophones.
Poursuivis notamment pour « apologie d’acte de terrorisme », Sisiku Ayuk Tabe et ses neuf codétenus ont été arrêtés au Nigeria en 2018. Parmi les violations constatées, le groupe de travail de l’ONU estime que leurs arrestations « sans mandat d’arrêt » et leur extradition vers le Cameroun alors qu’ils avaient un statut de réfugiés, posent un problème.
L’ONU fustige aussi le fait qu’ils aient été jugés par un tribunal militaire, en violation du pacte international relatif aux droits civiques, signé par le Cameroun. Dans le cas des quinze militants du MRC, il juge que leurs arrestations et détentions « découlent de l’exercice de leur liberté d’expression et leur droit d’association ».
Il est encore trop tôt pour savoir si l’avis de l’ONU aura un impact sur le procès en appel des militants qui devrait reprendre ce jeudi 17 novembre. Les avocats pour les deux affaires demandent aux autorités camerounaises d’appliquer les recommandations du groupe de travail et de « libérer » leurs clients.
RSA avec RFI