Gabon : Les déplacements de Zita Oligui Nguema aux frais de l’État

Zita Oligui Nguema, épouse du général de brigade et président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, suscite des interrogations quant à ses déplacements aux frais de l’État.

Gabon : Les déplacements de Zita Oligui Nguema aux frais de l’État
Gabon – Les déplacements de Zita Oligui Nguema aux frais de l’État.

En tant que détenteurs de la souveraineté populaire, les citoyens gabonais sont légitimes à réclamer des explications à leurs dirigeants. Malgré les difficultés rencontrées par la presse, considérée comme le quatrième pouvoir, pour remplir pleinement son rôle d’informateur, de guide et de critique vis-à-vis des éventuels abus du nouveau régime, les Gabonais ont le droit d’exiger de la transparence de la part de leurs gouvernants concernant l’utilisation des fonds publics.

Zita Oligui Nguema

Le titre officiel de « Première dame » n’est pas légalement reconnu au Gabon et n’entraîne aucun privilège spécifique. Pourtant, Zita Oligui Nguema semble bénéficier des avantages associés à ce titre, comme cela était le cas lors des mandats précédents. Ses récents déplacements en Ouganda, en Guinée Équatoriale, au Congo-Brazzaville et dans le Ngounié, avec les mêmes facilités que ceux du général, suscitent des interrogations quant à leur contribution au bien-être du pays. En particulier, l’utilisation des fonds publics à de telles fins est remise en question.

Les Gabonais gardent encore en mémoire les 14 années de dépenses excessives et de vie princière de Sylvia Bongo Ondimba, alors que 600 000 d’entre eux vivaient avec moins de 2 dollars par jour. L’arrivée du coup d’État du 30 août 2023 a été accueillie avec joie par la population, qui a placé ses espoirs dans les promesses des putschistes. Cependant, les désillusions sont vite apparues, avec des nominations de proches et une mainmise sur les institutions de transition par une minorité. Et parmi les conjointes des responsables de coups d’État en Afrique (au Niger, au Mali, au Burkina Faso et au Tchad), combien mènent le même train de vie que Zita Oligui Nguema ?

Absence de critiques de la part de l’opposition et de la société civile 

Les acteurs de la société civile, politique et certaines confessions religieuses, qui prétendaient combattre Ali Bongo pour le bien commun, sont devenus à leur tour des profiteurs zélés et experts en passe-droits. Les Gabonais, qui ont vu un groupe de militaires mettre fin à un régime à bout de souffle, s’interrogent sur la légitimité de ces agissements et sur la différence avec le passé. Les gabonais attendent des réponses claires et transparentes sur les pratiques de Zita Oligui Nguema. Il est temps de mettre fin à la continuité et à la jouissance des privilèges par les dirigeants, et de travailler pour le bien commun du pays.

“Première dame au Gabon”

Au Gabon, les épouses des dirigeants ont historiquement exercé une influence plus ou moins marquée. De Madame feu président Léon Mba, en passant par les épouses Bongo, jusqu’à Sylvia Bongo sous le mandat d’Ali Bongo. Cette dernière a même officieusement exercé les prérogatives présidentielles pendant près de 5 ans après l’AVC de son mari en 2018, brouillant les frontières entre sphères publique et privée.

Cette confusion des rôles et l’opacité qui en a découlé ont largement contribué au sous-développement chronique du pays, et ce, malgré ses richesses naturelles. Pis encore, elles ont renforcé la perception d’un État gangrené par la corruption. Les putschistes du 30 août 2023 ont d’ailleurs invoqué ces dérives pour justifier leur intervention.

Pour réussir la transition politique en cours, le général Oligui Nguema se doit de rompre définitivement avec ces pratiques néfastes héritées du passé. Abandonner ces comportements représente un prérequis indispensable pour restaurer l’éthique, la transparence et l’efficacité dans la gouvernance gabonaise. Seule une claire séparation des sphères publique et privée permettra de reconstruire la confiance avec les citoyens et de rebâtir le Gabon. Dans le cas contraire, le pays est condamné à reproduire les mêmes erreurs.

Le silence dérangeant de la presse

Les Gabonais attendent de la presse, en tant que quatrième pouvoir, qu’elle remplisse pleinement son rôle d’informer, d’éduquer et de stimuler le débat en lieu et place de la démagogie, la propagande et la manipulation grossière. Elle devrait favoriser le dialogue et la confrontation d’idées, contribuant ainsi à former une opinion publique éclairée. Contrairement à la tendance précédente consistant à encenser en permanence les régimes. Une presse libre remplit sa mission en empêchant l’émergence d’autocrates déconnectés de la réalité.

Interroger la légitimité des actions de Zita Oligui Nguema, qui semble perpétuer les privilèges associés au statut officieux de « Première dame », ne remet pas en question le CTRI, mais exprime plutôt le désir de changement. Au Gabon, la gestion des fonds publics devrait faire l’objet d’une surveillance accrue, en particulier pendant cette période. Après le renversement du régime d’Ali bongo, les citoyens aspirent à une rupture véritable avec les errements passés en matière de gouvernance et de gestion des ressources de l’État.

Anne Marie DWORACZEK-BENDOME
@DworaczekBendom
15/03/2024

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