Entretien avec Emmanuel Mvé Mba « le ‘’CAPPE’’ n’acceptera pas de signer pieds et mains jointes,  ‘’la trêve sociale en vue’’, si les dernières mesures d’austérité gouvernementales ne sont pas annulées notamment celles contenues dans le décret 404 »
Emmanuel Mvé Mba, président du CAPP/©DR

En tournée de sensibilisation dans les différents Départements Ministériels  sur la nécessité de la tenue d’un Dialogue Social, tel qu’émis par les plus hautes autorités du pays, le Président du CAPPE, Emmanuel Mvé Mba, envisage  se constituer  en ‘’sentinelle’’ entre les gouvernants  et les travailleurs gabonais pour veiller à l’application des résolutions et recommandations qui découleront dudit dialogue.   

 Pyramid’MédiaGabon : Mr le Président où en êtes-vous avec le Dialogue Social tant souhaité par le gouvernement ?

Président du CAPPE : le Dialogue social a été initié et lancé par le Premier Ministre, le mois dernier à Libreville avec les partenaires sociaux. En plantant le décor de ce qu’il voulait, il le veut permanent, c’est à dire mensuel, trimestriel, et semestriel. Toutefois, trop de dialogues tuent le dialogue. Pour la première phase de notre tournée, nous avons déjà visité les ministères de l’Agriculture, de la Jeunesse et des Sports, du Tourisme, du Commerce et celui de la Prévoyance Sociale. Et la seconde phase de notre campagne d’explications aux agents publics devra se poursuivre cette semaine à compter de ce  mardi 27 mai 2019,  dans les ministères suivants : Eaux et Forêts, Economie, Budget, Transport, Santé, et l’Education Nationale. Et la spécificité de l’Education Nationale, est que nous allons visiter certains établissements publics et privés laïcs. Et au niveau du Ministère de la Santé, certains hôpitaux de la place. La troisième et dernière phase de notre tournée devra nous amener d’ici un mois, à l’intérieur du pays,  pour que les fonctionnaires exerçant en province aient le même niveau d’informations que ceux de Libreville.

 Votre centrale syndicale a-t-elle posée des préalables pour prendre part  au Dialogue Social?

Non, nous au CAPPE, nous n’avons pas  de préalables pour prendre part au dialogue social comme l’ont fait certaines centrales syndicales. Parce que nous estimons  qu’on ne refuse pas une invitation, mais c’est son  contenu qu’on peut ou pas refuser. Pour preuve, aujourd’hui, le CAPPE est en tournée de sensibilisation et d’explications dans certains départements ministériels depuis bientôt un mois pour examiner minutieusement avec les agents publics sur le bien-fondé de ce dialogue social qui devra nous permettre de remettre au goût du jour certains points tels que l’arrimage de la pension retraite des fonctionnaires au nouveau système de rémunération. Aujourd’hui, la pension retraite de la majorité  des agents de sécurité et de défense va de 12000FCFA à 100.000FCFA mensuellement et des fonctionnaires des catégories B à A1 de 100.000FCFA à 200.000FCFA. Or, si on arrime ces pensions retraites au nouveau système de rémunération, les fonctionnaires retraités verront leurs conditions de vie s’améliorer. Donc, ce point fera partie de l’une des propositions du CAPPE audit dialogue, au moment où on observe un comportement extravagant entretenu par certains gouvernants à l’exemple du détournement de 353 conteneurs du Kévazingo.  Des bois volés qui ont certainement généré des milliards de francs CFA,   et qui auraient pu servir à l’assainissement des finances publiques, à la construction des établissements scolaires et hôpitaux. Mais des milliards de francs CFA qui ont malheureusement  échappé aux caisses du trésor public gabonais.   

Monsieur le Président depuis 2003,  jusqu’à ce jour, vous avez pris part  aux différents dialogues, mais pour quels résultats ?

Effectivement, en 2003, le gouvernement avait signé une trêve sociale  avec les partenaires sociaux sans atteindre les résultats escomptés. En 2009, le gouvernement a signé l’accalmie sociale. En 2012, les partenaires sociaux ont signé la charte du dialogue social qui devait déboucher sur la création d’un conseil national permanent du dialogue social, mais cette structure n’a jamais vu le jour. En 2014, c’était le comble du ridicule, avec la grosse blague d’Angondjé notamment les assises du dialogue social qui ont réuni plus de 1000 travailleurs. Mais avec la spécificité volontaire et honteuse du gouvernement qui aura permis l’implication des associations et ONG qu’ils ont eux-mêmes créé pour la circonstance, et les confessions religieuses. Pour un dialogue qui se voulait tripartite à savoir : employeur-travailleur et gouvernement.  C’était plus de la  diversion qu’autre chose, même s’il est vrai que c’est à l’issue de ce simulacre de dialogue que nous avons mis en place le nouveau système de rémunération à la fonction publique, mais le reste des résolutions et recommandations a été jeté dans les poubelles de l’histoire jusqu’à ce jour. Et pour le dialogue qui pointe à l’horizon avec le gouvernement, le CAPPE souhaite la suppression pure et simple des mesures d’austérités contenues dans le décret 404 entre autres, la réduction de 50% de la Main d’œuvre Non Permanente, la suspension des stages et des régularisations des situations administratives, des nouveaux critères d’attributions des bourses aux étudiants etc… sinon le CAPPE n’acceptera pas de signer pieds et mains jointes si les mesures ne sont pas annulées.

Avez-vous une dernière préoccupation ?

La dernière préoccupation est que le CAPPE est candidat au renouvellement de son mandat à l’international en septembre prochain au Chypre. Depuis 2015, le CAPPE a été élu au Népal comme étant le représentant de l’Afrique Francophone des Services Publics. Et nous profitons de vos colonnes pour remercier l’actuel Premier Ministre Gabonais, Julien Nkoghe Bekale, qui nous soutient dans cette bataille. Alors que ses prédécesseurs n’accordaient pas de l’importance à notre action. Et durant nos quatre ans, nous avons pu installer des bureaux nationaux des services publics au Cameroun, au Sénégal, en Côte d’ivoire, au Bénin et au Gabon. Et c’est ce travail que nous envisageons parachever dans d’autres pays francophones africains. A noter aussi, que nous avons organisé le premier congrès régional en juillet 2017 à Libreville.

                                             Entretien réalisé par RMON   



Avec Pyramid Media Gabon

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