La paix peut prendre des formes très différentes selon le contexte politique dans lequel elle s’inscrit. Sous des régimes autoritaires qui bafouent les droits humains, elle revêt souvent un caractère illusoire. Comme au Gabon, où depuis cinquante-cinq ans, la famille « Bongo » règne en maître absolu.
La paix dans un régime oppressif
Face à l’oppression des régimes arbitraires, certains mouvements citoyens prennent le risque de résister de manière non-violente, animés par la vision d’une société plus juste, équitable et démocratique. Pour construire une paix durable dans ces nations, une détermination inébranlable et une solidarité inépuisable sont nécessaires. L’histoire démontre que certains peuples ont réussi à renverser des régimes oppressants, autoritaires, voire dictatoriaux, où le pouvoir était concentré entre les mains d’un individu ou d’un petit groupe. Guidés par une quête légitime de liberté, de respect et de dignité, ils ont toujours réussi à faire plier les régimes les plus brutaux. Cependant, parfois, la délivrance peut aussi survenir grâce à des coups d’État visant à sauver le pays. Un exemple notable est celui de la Guinée, où le Professeur Alpha Condé a été renversé par un coup d’État en septembre 2021.
Paix des mots et non des actes !
Au Gabon, à moins d’un mois du vote officiel pour les élections générales du 26 août 2023, le pays traverse une situation délicate. Le Code électoral a été manipulé après le début du processus, un signe évident de mauvaise foi qui prépare le terrain pour un avenir marqué par la violence plutôt que la paix.
Le chef de l’État et son parti politique utilisent des fonds publics pour mener leur campagne électorale. Le bilan du président sortant, Ali Bongo, après un second mandat de 7 ans (de 2016 à 2023), ne dévoile que 13 réalisations concrètes sur les 105 promesses faites aux gabonais. Quant à son premier mandat, celui-ci a été entaché par de nombreux détournements de fonds publics, ce qui a entraîné la suppression de l‘Agence nationale des Grands travaux d’infrastructures (ANGTI). Cette entité avait été présentée comme la solution à tous les maux qui empêchaient le pays de se doter d’infrastructures modernes essentielles pour son développement, dont Ali Bongo, en tant que président de la république, était également le président du conseil d’administration.
Malgré ces scandales répétés, aucune réaction n’a été suscitée de la part des députés, sénateurs ou autres organes de contrôle de l’action publique et de l’utilisation des fonds publics. Même les organismes de financement internationaux tels que la Banque mondiale, l’Agence Française de développement et la Banque africaine de développement n’ont pas réagi. Les dettes contractées par l’État, dans ce laps de temps de quatorze ans, pèsent désormais lourdement sur les épaules des populations actuelles et des générations futures. Des enfants qui ne sont pas encore nés, dont les familles potentielles vivent dans la misère, sont déjà condamnés à payer des dettes qui ne les concernent en rien. Mais dans ce climat, oser critiquer le président de la république est considéré comme une offense.
Dans cette atmosphère d’impunité totale, pour quelques-uns, la société gabonaise est confrontée à des questionnements profonds sur son identité, pendant que les coutumes et les traditions du pays subissent les altérations dues aux influences étrangères. Le bien-être des citoyens est relégué au second plan, voire complètement ignoré. Malgré ces réalités, la classe politique au pouvoir continue de manipuler le terme « paix » de manière vide de sens. Ali Bongo, quant à lui, persiste dans sa demande d’un troisième mandat, suscitant des interrogations sur ses véritables motivations.
Planifier des élections dans le but de dissimuler le véritable résultat final contredit les principes de la promotion de la paix.
Le refus de courber l’échine
Bien que périlleux, le combat pacifique pour la liberté porte en lui une force redoutable. L’union des citoyens autour de valeurs humanistes est plus indestructible que n’importe quel appareil répressif. De nombreux exemples inspirants dans l’histoire démontrent comment la non-violence a triomphé de l’oppression. Le Mahatma Gandhi en Inde, Martin Luther King aux États-Unis, Nelson Mandela en Afrique du Sud ou encore Lech Walesa en Pologne.
Certains ont payé leur engagement du sacrifice ultime. Mais les graines de liberté qu’ils ont plantées ont fini par éclore, faisant tomber les dictatures les plus féroces. Les murs de la tyrannie peuvent paraitre puissants et indestructibles, mais un jour, ils finissent toujours par se lézarder sous la pression implacable d’un peuple qui n’a plus rien à perdre.
Constance et persévérance
Ainsi, la construction patiente de la paix finit tôt ou tard pas l’emporter. Car nul ne peut définitivement réduire au silence un peuple qui a décidé de briser les chaines de la servitude. Même sous les bottes de la répression, l’étincelle de liberté reste vive dans le cœur des opposants sincères. Ils portent en eux l’avenir de leur nation. Pour tous ceux qui luttent pour la liberté, les mots du capitaine N’Tchoréré dans sa dernière lettre à son fils résonnent profondément : « La vie, tu le sais, mon fils, est quelque chose de précieux. Néanmoins, servir sa patrie, même au péril de sa vie, doit toujours l’emporter ! J’ai une foi inébranlable en la destinée de notre chère France. » — Chacun peut y inclure le pays de son choix.
Anne Marie DWORACZEK-BENDOME
23/07/2023