Dialogue national inclusif au Gabon : vers une refonte des institutions

Après le coup d’État du 30 août 2023, le Gabon s’apprête à tenir un dialogue national inclusif du 2 au 30 avril 2024. Ces assises visent à réformer en profondeur les institutions politiques du pays et à préparer le retour à l’ordre constitutionnel.

Dialogue national inclusif au Gabon : vers une refonte des institutions
Dialogue national inclusif au Gabon — vers une refonte des institutions.

Contexte politique tendu au Gabon

Du 2 au 30 avril 2023, Libreville, au Gabon, accueillera un dialogue national inclusif. Son objectif est de mener une réforme en profondeur des institutions politiques du pays suite au renversement du pouvoir en place pendant 56 ans. Ces assises représentent un moment décisif pour l’avenir politique du Gabon, avec pour ambition de poser les fondements d’un nouveau système institutionnel plus démocratique et représentatif.

Le 30 août 2023, le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema a pris le pouvoir au Gabon à la suite d’un coup d’État contre le président Ali Bongo Ondimba. Cet événement fait suite à des années de tensions politiques et de conflits internes au Gabon. Le nouveau président de la transition, Oligui Nguema, a cherché à établir un équilibre en intégrant des civils de l’opposition dans le gouvernement et en libérant des leaders emprisonnés sous Ali Bongo, signe d’une certaine ouverture. Cependant, le pouvoir du chef de la junte demeure total.

Retour en arrière

Malgré l’image d’une république monarchique que laissait paraitre l’ancien régime, avant le coup d’État du 30 août 2023, le Gabon était une République semi-présidentielle avec un système de gouvernement bicaméral. Le président de la République était le chef de l’État et le chef du gouvernement, élu au suffrage universel direct pour un mandat de 7 ans. Le Premier ministre était nommé par le président et était responsable devant l’Assemblée nationale. Il dirigeait le gouvernement et mettait en œuvre la politique du président. L’Assemblée nationale était la chambre basse du Parlement, composée de membres élus au suffrage universel direct. Le Sénat était la chambre haute du Parlement, dont les membres étaient élus au suffrage universel indirect. La Cour constitutionnelle était la plus haute juridiction du pays, composée de 9  membres. Cependant, les institutions gabonaises ne fonctionnaient pas de manière optimale et leur applicabilité étaient limitées. En effet, le fonctionnement des institutions gabonaises était souvent entravé par la corruption, le manque de transparence et l’autoritarisme du régime. L’opposition politique était réprimée et les libertés fondamentales étaient restreintes. Le système judiciaire était inféodé au pouvoir exécutif et n’était pas indépendant.

Organisation du dialogue national inclusif

Le dialogue national inclusif au Gabon, prévu du 2 au 30 avril 2024, sera dirigé par l’archevêque métropolitain de Libreville, Monseigneur Jean-Patrick Iba-ba. Le bureau du dialogue comprend 28 membres, avec Murielle Minkoué Mintsa, ministre de la Réforme des institutions, en tant que rapporteure générale. La participation attendue est de 580 personnes, parmi lesquelles se trouvent 104 partis politiques, des représentants de la société civile et la diaspora gabonaise. Une variété d’entités représentatives de la société gabonaise est également conviée, notamment le CTRI, l’administration supérieure, les délégations spéciales, départementales et communales, le Parlement de transition, le Conseil économique, social et environnemental, les associations de femmes, les organisations de jeunesse, les ONG, les confessions religieuses, les artistes, les artisans, les mouvements culturels et traditionnels, les diasporas, le patronat, les syndicats, les ordres professionnels, le secteur éducatif, le monde universitaire, le corps judiciaire, le groupe des retraités civils et militaires, les groupes des sages et des dignitaires de la république, les personnes vivant avec un handicap, les communautés pygmées, ainsi que les partis politiques légalement reconnus.

: Dialogue national inclusif Gabon- Image : Brice Clotaire Oligui Nguema, Général de brigade, Président du CTRI, Chef de l’Etat.
Dialogue national inclusif Gabon-Image : Brice Clotaire Oligui Nguema, Général de brigade, Président du CTRI, Chef de l’Etat.

Objectifs du dialogue national inclusif

Le dialogue national inclusif s’inscrit dans le cadre de la transition politique dirigée par Oligui Nguema, conformément à un décret daté du 8 mars 2024, avec pour objectif de préparer le retour à l’ordre constitutionnel. Il vise à fixer la durée de la transition et à proposer une nouvelle organisation politique, économique et sociale du pays. Ce dialogue doit également permettre d’entreprendre une réforme en profondeur des institutions politiques gabonaises, en vue de « préparer l’après-transition« . Il s’agit d’engager un dialogue décisif avec la participation de l’ensemble des acteurs impliqués, afin d’élaborer une nouvelle Constitution qui sera soumise à référendum.

Enjeux et défis du dialogue national inclusif

Le dialogue national inclusif représente une opportunité pour le Gabon de sortir de la crise politique et institutionnelle qui le mine depuis plusieurs décennies. Toutefois, plusieurs défis sont à relever pour que ce dialogue soit une réussite. Il faudra notamment veiller à ce que les débats soient inclusifs et transparents. Il sera de plus nécessaire de trouver un consensus sur les réformes à mettre en œuvre, tout en prenant en compte les aspirations du peuple gabonais. Les Gabonais attendent beaucoup de ce dialogue, qui devra déboucher sur des réformes concrètes et durables.

Rédaction DBNEWS
28/03/20240

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