Visite d'État d'Emmanuel Macron en Arabie Saoudite du 2 au 4 décembre 2024.
Visite d'État d'Emmanuel Macron en Arabie Saoudite du 2 au 4 décembre 2024.

Emmanuel Macron entreprend une visite de trois jours en Arabie Saoudite, sa troisième depuis 2017. Cette rencontre diplomatique de premier plan vise à renforcer le partenariat stratégique entre Paris et Riyad.

Par AM DWORACZEK-BENDOME |02 décembre 2024

Visite d'État d'Emmanuel Macron en Arabie Saoudite du 2 au 4 décembre 2024.
Visite d’État d’Emmanuel Macron en Arabie Saoudite du 2 au 4 décembre 2024.

Une visite diplomatique historique : le renouveau des relations bilatérales

Les relations entre Paris et Riyad puisent leurs racines dans une histoire diplomatique séculaire, inaugurée par l’établissement du premier consulat français à Djeddah en 1830. Cette présence précoce dans la péninsule arabique a forgé les fondements d’une relation privilégiée, jalonnée par des visites présidentielles emblématiques. Le parcours diplomatique s’est enrichi au fil des décennies : Valéry Giscard d’Estaing ouvrit la voie en 1977, suivi par François Mitterrand en 1984, dont la visite marqua l’intensification des échanges culturels. Jacques Chirac consolida ces liens par ses déplacements en 1997 et 2006, insufflant une dimension stratégique aux relations bilatérales. Nicolas Sarkozy poursuivit cette dynamique en 2008, avant que François Hollande ne renouvelle l’engagement français en 2015, dans un contexte régional déjà complexe.

La présence d’Emmanuel Macron, pour sa troisième visite depuis 2017, témoigne d’une intensification sans précédent des échanges diplomatiques. Ce rapprochement s’est particulièrement accéléré depuis la venue du prince héritier Mohammed ben Salmane à Paris en juin 2023, transcendant les vicissitudes diplomatiques antérieures. La reconnaissance précoce de l’Arabie Saoudite comme État souverain par la France en 1926 illustre la profondeur historique de ces relations bilatérales, fondées sur des valeurs communes de souveraineté et de non-ingérence dans les affaires internationales.

Un partenariat économique en pleine mutation : de l’énergie à l’innovation

L’aspect économique de cette visite revêt une dimension exceptionnelle, symbolisée par une délégation pléthorique de cinquante capitaines d’industrie français. Cette mobilisation entrepreneuriale reflète l’ampleur des ambitions communes et la diversification des échanges commerciaux. Les négociations graviteront autour de secteurs névralgiques : l’intelligence artificielle, domaine où la France excelle par ses centres de recherche réputés ; la physique quantique, terrain d’innovation crucial pour l’avenir ; et les énergies renouvelables, pierre angulaire de la transition écologique saoudienne.

Des contrats substantiels sont en discussion, notamment dans le secteur de la défense avec la potentielle acquisition d’avions Rafale, illustrant la confiance mutuelle dans les domaines stratégiques. La convergence des programmes Vision 2030 saoudien et France 2030 catalyse les synergies dans la transformation numérique et la transition énergétique. Cette collaboration s’étend aux infrastructures urbaines, avec la participation française au développement du métro de Riyad, projet pharaonique symbolisant la modernisation du royaume.

L’axe culturel et environnemental : un levier d’influence majeur

La dimension culturelle et environnementale de cette visite présidentielle revêt une importance singulière, coïncidant avec l’ouverture de la COP16 sur la désertification à Riyad. Le président français, en participant au One Water Summit, coprésidé par la France et le Kazakhstan, manifeste l’engagement bilatéral face aux défis climatiques contemporains. L’initiative phare de cette coopération culturelle reste l’inauguration de la Villa Hegra à AlUla, fruit d’un accord intergouvernemental signé en 2021 entre le prince Badr ben Abdallah ben Farhane al-Saoud et Jean-Yves Le Drian.

Cette institution culturelle novatrice incarne la renaissance artistique du royaume, participant à sa transformation progressive en hub culturel régional. Le site archéologique d’AlUla devient ainsi l’épicentre d’une collaboration franco-saoudienne exemplaire, alliant préservation patrimoniale et création contemporaine. Cette synergie s’inscrit parfaitement dans les objectifs de la Vision 2030, visant à diversifier l’économie saoudienne et à développer le secteur touristique. Les initiatives environnementales communes, notamment dans la lutte contre la désertification et la gestion des ressources hydriques, témoignent d’une vision partagée du développement durable.

Les défis géopolitiques : une médiation essentielle dans un contexte régional tendu

L’agenda diplomatique de cette visite est dominé par les crises régionales qui embrasent le Moyen-Orient. Les pourparlers avec Mohammed ben Salmane s’articulent prioritairement autour du conflit israélo-palestinien, où la France préconise un cessez-le-feu immédiat et l’établissement d’une protection humanitaire à Gaza. La position française, alignée sur les résolutions internationales, trouve un écho favorable auprès de la diplomatie saoudienne, soucieuse de maintenir sa stature de médiateur régional.

La stabilisation du Liban, confronté à une vacance présidentielle prolongée, figure également au premier plan des discussions. Les deux nations partagent une vision commune sur la nécessité de préserver la souveraineté libanaise et de restaurer la stabilité institutionnelle. La question iranienne et ses implications régionales, notamment dans le détroit d’Ormuz, font l’objet d’analyses approfondies. Les répercussions du conflit ukrainien sur la sécurité énergétique mondiale constituent un autre volet majeur des échanges, l’Arabie Saoudite jouant un rôle pivot en tant que fournisseur d’hydrocarbures et investisseur dans les énergies renouvelables.

Un partenariat stratégique renforcé

Cette visite d’État représente sans conteste un moment clé dans l’évolution des relations franco-saoudiennes. Au-delà des accords et des engagements qui seront probablement conclus durant ce séjour, elle reflète une volonté partagée de construire un partenariat pérenne dépassant les seuls enjeux économiques. La convergence des ambitions des deux pays à travers leurs visions 2030 crée un terrain favorable pour développer des synergies dans des secteurs d’avenir tels que la transition énergétique, l’innovation technologique et la préservation culturelle.

DBnews

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