Il est des spectacles qui confinent à l’indécence. L’Ambassade du Gabon en France nous en offre, une fois encore, une représentation magistrale dont Ionesco lui-même n’aurait su imaginer les contours, tant la réalité dépasse la fiction.
AMBASSADE DU GABON A PARIS
Permettez-moi de vous conter l’histoire édifiante d’une institution où l’art du recyclage atteint des sommets vertigineux. Non pas un recyclage écologique – ce serait trop noble — mais celui, plus prosaïque, des mêmes visages, des mêmes pratiques, des mêmes compromissions qui persistent avec une remarquable ténacité.
Pour ma part, après avoir subi l’autoritarisme kafkaïen de Madame Liliane Bula Bula Wamusanza, épouse Massala — dont la période de règne restera dans les annales comme un modèle d’exclusion méthodique — voici que se perpétue, sous des nouveaux oripeaux, la grande tradition du népotisme.
L’arrivée de Son Excellence Madame Marie-Edith TASSYLA DOUMBENENY avait, il est vrai, suscité un fugace espoir. Son « aidez-moi à vous aider » résonne désormais comme ces slogans publicitaires creux qui masquent mal la vacuité de leur promesse.
Car dans l’ombre de cette main prétendument tendue, Madame Marie-Josée Ayi Ngomo, épouse Klutsch, orchestre un ballet dont la chorégraphie rappelle étrangement celle du régime déchu.
L’épisode du samedi 1ᵉʳ juin 2024 est particulièrement révélateur. En banlieue parisienne, le général-Président BRICE Clotaire Oligui Nguema avait sollicité de la diaspora l’élaboration d’un document cadre pour la création et la mise en place d’un Haut-Commissariat de la Diaspora.
Comme par enchantement, ce document s’est matérialisé sur le bureau présidentiel, concocté dans le secret par le cercle restreint de Madame Marie-Josée Ayi Ngomo, épouse Klutsch. Mes tentatives d’obtenir des éclaircissements auprès de MM. Aimé Victor et PH Gondjout sont restés sans suite.
La réunion programmée pour le 5 novembre 2024, à la Chancellerie du Gabon à Paris constitue l’apothéose de cette farce : un casting immuable d’opportunistes professionnels, ces caméléons politiques qui, hier encore, psalmodiaient les louanges d’Ali Bongo avant de se convertir, avec une agilité remarquable, à la doctrine « oliguiste« .
On les a même retrouvés, comble de l’ironie, dans un hôtel au fin fond de Bobigny, zone industrielle peu glamour, lors des Jeux Olympiques. Ils s’y présentaient comme les interlocuteurs privilégiés de l’équipe olympique gabonaise, prétendant orchestrer des rencontres avec la diaspora. Une prestation qui, j’en doute fort, n’était probablement pas désintéressée — mais passons !
« Duplicité et mensonge ! »
À ceux qui s’interrogeaient encore sur la portée du coup d’État du 30 août 2024, la réponse est désormais limpide : nous assistons à une simple permutation des rôles dans la même tragicomédie. Les acteurs d’hier, recyclés en hérauts du changement, perpétuent un système dont seule la façade a été repeinte. Après tout, pourquoi abandonner une méthode qui a fait ses preuves ?
Le fameux « on va encore faire comment ? » – Cette litanie qui a bercé 56 ans de résignation — trouve aujourd’hui sa réponse : en continuant exactement comme avant. La chute d’Ali Bongo et l’embastillement de sa famille n’auront servi qu’à remplacer quelques figurants, sans modifier le script.
Aux éternels oubliés d’hier et d’aujourd’hui, le référendum constitutionnel du 16 novembre s’annonce comme un nouveau chapitre de cette mascarade. Mais qu’on ne s’y trompe pas : certains d’entre nous continueront à dénoncer ce perpetuum mobile de la médiocrité.
Car, si le mensonge donne des fleurs, mais pas de fruits, force est de constater que le jardin de l’Ambassade du Gabon en France ressemble de plus en plus à un lieu de promesses non tenues, orné de bouquets de duplicité. Les masques tombent !
Anne Marie DWORACZEK-BENDOME
Le 01/11/2024