« Sans mémoire, tout est nouveau. » – Ā lire ci-dessous, l’article du 29 avril 2011 sur le fonctionnement des médias publics au Gabon.
La mésaventure des journalistes de la célèbre émission de la RTG1 «
Pluriel suscite des questions : autocensure du DG de la chaine « RTG1 » ou Liberté de la presse en danger ?
Les quatre personnages : Madame Sylvia bongo Ondimba, qui a fait le don, Monsieur Hervé Opiangah, l’entrepreneur, Monsieur David Ella Mintsa, le directeur général RGT1, enfin, les trois journalistes de l’émission « Pluriel«
Tout commence par un reportage sur la maison que la Première dame du Gabon, Mme Sylvia Bongo Ondimba a offert pendant une de ses sorties « Médiatico-Humanitaire » à une vieille maman du quartier Kinguélé à Libreville. Durant le tournage, les journalistes notent que ladite maison n’est pas conforme aux directives données par Madame Sylvia Bongo Ondimba, elle a été livrée inachevée et non meublée.
Jusqu’à là, rien de mal, ils dénoncent comme d’habitude, les imperfections de la société gabonaise et attirent l’attention des détenteurs du pouvoir, rien de plus ou ni de moins.
Après ledit reportage, les journalistes apprennent que l’émission est suspendue sur pression de l’entrepreneur, on leur conseille alors d’aller faire des courbettes, au palais du bord à l’épouse du président de la République. RÉPUBLIQUE BANANIÈRE OU RÉPUBLIQUE DE DROIT !
En tout état de cause, une question se pose et mérite une réponse : Sur demande ou intervention de qui, la suspension de l’émission est-elle intervenue ? – Sur décision du seul responsable de la chaine publique pour cause de frilosité ?
Après tout, le Monsieur David Ella Mintsa, le directeur général gagne bien sa vie, bénéficie des avantages divers, pourquoi prendrait-il le risque de se voir rouspéter par le président, son épouse ou tout simplement par des zélés conseillers qui croient toujours devancés les désirs et les attentes du chef de l’état. On compatit !
Deuxième possibilité, c’est vraiment, sous la pression du chef d’entreprise, Monsieur Opiangah Hervé que la chaine d’état a suspendu l’émission, à cause du refus de ce dernier, de voir apparaitre des critiques sur son ouvrage.
Alors, dites-nous, qui est ce féroce Monsieur, quel pouvoir détient ce Monsieur pour faire plier une chaine sur simple claquement de doigts ? – Son ancienne amitié avec Ali Bongo (ministre de la Défense) est-elle pour quelque chose ? – La RTG1 est une administration sous tutelle du ministère de la Communication ou pas ? Et que pense Le Conseil national de la communication (CNC) au Gabon de la suspension ?
Au Gabon, la bonne définition du journalisme, se définirait elle par : celui qui passe son temps en flagornerie et a dressé des lauriers le plus souvent immérités, à quelques potentats et à leurs entourages ?
Si c’est le cas, alors, la liberté d’expression est vraiment en danger, si on doit bannir toute contradiction et ne laisser la place qu’à une voix monocorde, le recul serait grave. Cette vision du métier de journaliste serait une pure hérésie, vieille pratique que tout système totalitaire affectionne, mais qui reste honnie par les peuples et les responsables éclairés.
Une chose étonne cependant dans cette histoire, c’est l’entrepreneur à qui on a confié le travail. Madame Sylvia Bongo Ondimba connait très bien le secteur de l’immobilier et des entrepreneurs qui interviennent. Malgré le dossier presse, ce n’est pas une novice, elle est rompue avec les pratiques gabonaises, elle connait les bons et les mauvais côtés.
Sylvia Bongo Ondimba est une enfant du clan familial présidentiel depuis des lustres, son père ayant épousé une des Filles d’Omar Bongo Ondimba, ce qui faisait de Mlle Sylvia Valentin, petite fille par alliance d’Omar Bongo et aussi nièce par alliance d’Ali Ben Bongo.
Femme d’affaires compétente, quand elle débute dans les affaires, elle ouvre une agence immobilière bien connue de toute « Alliance » elle est alors gestionnaire de patrimoine et agent immobilier, ses investisseurs de départs sont à cette époque, Messieurs Ali Ben Bongo et Mba Obame André, en autre.
L’immobilier, elle connait bien.
Devenue « Première Dame du Gabon », elle devient par la même occasion, la « Présidente d’honneur » de l’Union des Femmes du Parti démocratique Gabonais (UFPDG), parti au pouvoir.
Contrairement au citoyen de souche sans carnet d’adresses, Sylvia Bongo Ondimba dispose des trois réseaux : le réseau familial, le réseau des affaires et le réseau politique. Avec tout cela, on déduit que l’épouse du président sait à qui faire appel pour « son don ». Malheureusement, il semble que ce ne soit pas le cas, notre entrepreneur se révèle un pied nickelé, au travail très approximatif.
Madame Sylvia Bongo Ondimba en intervenant dans l’espace public, elle est une femme politique comme une autre et ses actions sont soumises à la même critique que les autres. Les bruits courent, laissant entendre que : La Première dame serait contre l’émission parce la maison offerte aurait été critiquée. Pourquoi ce besoin de « sacralisation » en ce qui concerne Madame Sylvia Bongo Ondimba, on critique DIEU et pourquoi pas elle ?
A.M. Dworaczek-Bendome
29 avril 2011
Republication 29 avril 2021