Une femme en burqa.Photo by Elin Tabitha on Unsplash

Au Soudan, les activistes et les avocats se mobilisent pour obtenir la libération d’une jeune femme condamnée en juin à la lapidation pour adultère. Cette peine de mort, pourtant jamais appliquée sous la dictature d’el-Béchir, n’a toujours pas disparu du Code pénal soudanais.

Quelques dizaines de femmes soudanaises, soutenues par des activistes et des avocats, ont manifesté devant le bureau national du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDC) de Khartoum, le mercredi 14 septembre pour exiger l’abolition de la peine de mort par lapidation. Leur rassemblement était motivé par la condamnation d’une jeune femme à cette sentence en juin dernier.

Une peine jamais appliquée aux hommes

Shayma, la jeune femme âgée de 20 ans, avait été surprise dans les bras d’un homme par son cousin. Ce cousin voyeur a ensuite assassiné l’amant, qui a confessé cette relation extraconjugale. Cet aveu a conduit un policier zélé à ouvrir une enquête pour adultère, une faute qui peut être punie par l’amputation des mains et des pieds, la flagellation et la lapidation jusqu’à la mort. Cette dernière peine n’a jamais été prononcée pour un homme. Ce qui fait dire aux activistes et militants des droits de l’Homme qu’elle ne vise qu’à terroriser les femmes. Aussi, elle n’a jamais été appliquée durant les 30 ans de règne d’Omar el-Béchir (1989-2019), l’un des pires dictateurs que l’Afrique ait connus. Pour autant, cette sentence n’a pas disparu du code pénal du Soudan, qui applique une version très rigoriste de la charia.

Les nostalgiques de la dictature aux commandes

En juillet 2020, après la chute de Béchir, le gouvernement de transition avait adopté quelques progressistes, notamment l’abrogation de la flagellation dans les codes pénaux. Malheureusement, il n’a pas pu aller plus loin car renversé en octobre 2021 par des militaires soutenus par les islamistes et le Parti du congrès national de l’ex-président Omar el-Béchir. Ce sont ces derniers qui détiennent le pouvoir réel à Khartoum. Ces nostalgiques de la dictature n’acceptent toujours pas la disparition de leur loi inique. Et ce n’est pas la ratification par le Soudan, le 10 août 2021, de la Convention des Nations Unies contre la torture, qui les fera reculer.

Espoir réel d’une relaxe de l’accusée

Mais les défenseurs des droits de l’Homme restent optimistes quant à l’avenir. Ils croient d’ailleurs que Shayma s’en tirera à bon compte. Ils s’attendent à ce que le jugement en appel annule la peine requise puisque l’accusée peut revenir sur les aveux de son amant. Pour la faire condamner, il faudrait que quatre personnes différentes témoignent, avec preuves à l’appui, de la relation sexuelle prétendument interdite. Ce qui semble impossible dans ce cas. Les avocats de la jeune femme emprisonnée ont donc des raisons d’espérer. Trois juges étudient en ce moment le dossier. Ils n’ont pas encore fixé la date du procès en appel, mais celui-ci devrait intervenir au plus tard dans trois mois.

 

 



Avec Afric Telegrah

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