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Des signaux positifs pour la paix

Trois mois après sa mise en place par les groupes armés signataires de l’accord de paix d’Alger, le Cadre stratégique permanent (CPS) s’est réuni, le week-end dernier, à Kidal, ville longtemps restée inaccessible aux autorités de Bamako, avant de rentrer dans la République. Avec cette rencontre qui a permis à cinq ministres maliens dont celui en charge de la Réconciliation nationale, le colonel Ismaël Wagué, de fouler le sol de l’ex-bastion des rebelles, l’on peut dire que l’atmosphère lourde de méfiance et de suspicions qui régnait entre les autorités de Bamako et les indépendantistes du Nord, se décrispe peu à peu. Et c’est tant mieux pour le Mali. En tout cas, c’est un signal positif qui vient s’ajouter à d’autres. C’est nécessaire d’autant plus que les Maliens qui souffrent le martyre depuis une décennie, ont plus que jamais besoin de paix. Et tout porte à croire que les rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et les groupes pro-gouvernementaux de la Plateforme en sont conscients, au regard de la décision prise « d’unifier et de coordonner leurs efforts », afin de mieux protéger les populations des régions du Nord.  En tout cas, si les ennemis d’hier en sont arrivés à adopter des positions communes sur toutes les questions liées à l’application de l’accord de paix afin de faciliter et d’accélérer son application, c’est que le besoin de construire la paix est réciproque. Et c’est tant mieux car la danse de tango a assez duré. Il est temps d’y mettre fin et aller à l’essentiel. En tout état de cause, les groupes signataires de l’accord de paix jouent leur crédibilité.

 

 

La Communauté internationale se doit de peser de tout son poids afin que les parties puissent accorder enfin leurs violons

 

 

S’ils veulent continuer à bénéficier de l’attention sinon de la bienveillance de la communauté internationale, ils doivent mettre un point d’honneur à mettre rapidement en œuvre les décisions prises en présence de témoins, en l’occurence une délégation officielle nigérienne, des représentants de la médiation internationale et de la Mission de l’ONU. C’est la seule manière de prouver qu’il ne s’agit pas d’une ruse de guerre mais plutôt d’une réelle volonté d’aller à la paix.  Cela dit, Bamako qui semble se réjouir de la tenue de cette rencontre, doit aussi jouer sa partition. Car, il est indéniable que la mise en œuvre réussie de cet accord de paix, ne saurait être l’affaire des seuls groupes armés. Il faut, et c’est peu de le dire, la participation de toutes les parties pour que les fruits puissent tenir la promesse des fleurs. Les groupes armés ont fait un pas sur le chemin de la mise en œuvre de l’accord de paix et il appartient désormais aux autorités de la Transition de prouver aussi leur bonne foi en posant des actes concrets dans ce sens. Et plus tôt elles le feront, mieux cela vaudra. Ce d’autant qu’elles en récolteraient à coup sûr des dividendes. Du reste, on ne voit pas comment le colonel Assimi Goïta et ses frères d’armes qui ont promis de ramener la paix au Mali, pourraient y parvenir sans l’application intégrale de l’Accord de paix d’Alger. Dans la mesure où les Forces armées maliennes (FAMa) ne parviennent pas à vaincre militairement les groupes armés, la mise en œuvre de l’accord de paix, pourrait grandement y contribuer.  On pourrait même dire que c’est une paix des braves qui arrangerait toutes les parties car, après une décennie de guerre sans véritablement de résultats tangibles, il vaut mieux aller résolument vers cette voie. Cela dit, la Communauté internationale qui est au chevet du Mali depuis plusieurs années, se doit de peser de tout son poids afin que les parties puissent accorder enfin leurs violons et sortir le Mali du gouffre dans lequel il se trouve actuellement.   

 

Dabadi ZOUMBARA