Joseph Kabila sera-t-il ou ne sera-t-il pas candidat à sa propre succession à l’élection présidentielle du 23 décembre en RDC ?
La question était devenue presqu’une obsession à travers toutes les couches et au sein des instances internationales. Mais depuis le jeudi 19 juillet dernier, les masques semblent avoir tombé, de quoi alimenter toutes les polémiques.
Pour la 11 ème fois depuis l’entrée en vigueur de l’actuelle Constitution, le chef de l’Etat congolais, Joseph Kabila, s’est adressé à la Nation devant le parlement réuni en Congrès le jeudi 19 juillet dernier.
Dans un message très attendu par les Congolais qui subodoraient le voir indiquer clairement qu’il ne sera plus candidat à l’élection présidentielle du 23 décembre prochain, Kabila a pris tout le monde à contre-pieds en déclarant exactement le contraire.
Contrairement au maréchal Mobutu qui avait déclaré « comprenez mon émotion » au crépuscule de son règne en prélude à sa future éviction du pouvoir, le chef de l’Etat congolais s’est plutôt prononcé en faveur de sa passion pour le Congo.
Une posture qui cache mal son intention de vouloir se porter candidat à sa propre succession alors que la Constitution actuelle le lui interdit.
« Moi je parlerais plutôt de ma passion pour le Congo. Et quand l’on a de la passion pour quelque chose, on ne l’abandonne jamais », a-t-il déclaré depuis Kinshasa, la capitale congolaise.
Cette annonce pour le moins inattendue est venue doucher les espoirs du peuple congolais qui, dans une écrasante majorité, caressait le rêve de voir enfin un passage de témoin civilisé entre le président sortant et son successeur.
Pareil pour la communauté internationale pour qui ce discours constitue pour le moins un revers d’autant qu’elle insistait sur le principe de ne s’en tenir qu’à deux mandats tels que le stipule la Constitution de la RDC.
Outre sa volonté de rempiler qu’il convient de considérer comme le principal message de son discours, Joseph Kabila a réservé le reste de son adresse à égrener une série de réalisations engageant presque l’ensemble de secteurs politique, économique et social sous forme d’autosatisfaction.
« Tant pis pour les jaloux qui ne voient que ce qui reste à faire et qui ferment les yeux à ce qui a déjà été fait », a-t-il lancé dans une tonalité frisant la raillerie. Kabila veut conserver le pouvoir même après son départ !
Pour les observateurs de la scène politique congolaise, aucun doute n’est permis.
Toute la valse de nominations et la nouvelle architecture à la tête de l’armée et de l’appareil judicaire participe de la volonté de Joseph Kabila de vouloir noyauter le processus électoral à son seul profit tout en écartant les principaux rivaux susceptibles de ruiner ses calculs.
Du coup, dans la foulée de ce discours, une certaine nervosité s’est emparée des populations et des élites congolaises sur place au pays et même au sein de la diaspora.
Les interrogations fusent de toutes parts quant à l’idée de savoir de quoi demain sera fait en République démocratique du Congo.
Pas évident qu’à compter de la période de dépôt de candidature jusqu’à la tenue des élections présidentielles que le climat restera pacifique en RDC.
Le puissant comité laïc de l’église catholique (CLC), noyau dur contre une candidature de Joseph Kabila à cette élection, n’entend pas se laisser faire.
Il avait préalablement annoncé une série de manifestations au début du mois d’août au cas où le président actuel déposerait sa candidature. Wait and see !
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Avec Afric Telegrah