Les Nicaraguayens se sont rendus aux urnes ce dimanche 7 novembre 2021 pour élire leurs députés et leur président.
Le parti sandiniste d’Ortega qui contrôle le congrès du Nicaragua, a récemment adopté une série de lois criminalisant presque toutes les formes de dissidence. Les observateurs disent qu’ils n’ont pas vu un tel niveau de répression en Amérique latine depuis les dictatures militaires des années 1990.
Les opposants exhortent les électeurs à ne pas participer à cette élection et utilisent un slogan tiré de la pandémie de coronavirus, « Quedate en Casa » ou « Restez chez vous », pour inciter les Nicaraguayens à ne pas se rendre aux urnes. Le hashtag #MiCandidatoEstaPreso ou #MyCandidateIsIncarcerated, est diffusé sur les médias sociaux.
Il y a bien officiellement cinq (5) candidats qui se présentent contre le sortant, mais ces cinq autres personnes étant issues de petits partis d’obédience sandiniste. Les Nicaraguayens les appellent zancudos ou moustiques, et rejettent leur candidature.
Un grand nombre de Nicaraguayens ne veulent pas qu’Ortega continue à diriger le pays. Un récent sondage CID – Gallup a révélé que seuls 19% des Nicaraguayens voteraient effectivement pour Ortega. Et que les notes défavorables d’Ortega étaient montées en flèche, ainsi que celles de son épouse Rosario Murillo, qui est l’actuelle vice-présidente, et dont on pense qu’elle dirige le pays au jour le jour.
Des journalistes qui voulaient aller couvrir les élections se sont vus refuser l’entrée du pays. Daniel Ortega affirme que des puissances étrangères tentent de le renverser. Rosario Murillo et Ortega insistent sur le fait qu’ils sont victimes d’une campagne financée par les États-Unis pour renverser leur gouvernement, justifiant ainsi l’emprisonnement des opposants et les accusations de trahison.
Les responsables américains ont prévenu que d’autres sanctions seraient imposées aux responsables nicaraguayens après les élections. Actuellement, Mme Rosario Murillo elle-même a été prise pour cible, ainsi que quatre des enfants adultes du couple, qui dirigent la plupart des médias du pays et qui ont le titre de conseillers présidentiels.
« Malheureusement, ce n’est pas seulement une dictature, c’est une dynastie. C’est une dictature qui semble vouloir prendre une direction dynastique« , a déclaré un haut fonctionnaire de l’administration américaine, qui s’est exprimée sous couvert d’anonymat.
Ce tournant dynastique est ironique, selon de nombreux critiques et anciens camarades révolutionnaires d’Ortega. Dans les années 1970, Ortega, alors combattant de la guérilla marxiste, a aidé à renverser le dictateur Anastasio Somoza, soutenu par les États-Unis, dont la famille dirigeait le Nicaragua depuis 1936.
Après avoir renversé Somoza, Ortega est devenu le premier président postrévolutionnaire. Il a perdu sa première tentative de réélection en 1990 faces à Violeta Chamorro et de nombreux observateurs affirment qu’il ne s’est jamais remis de cette défaite.
Ce n’est qu’en 2007 qu’Ortega, revenu à la présidence, après avoir conclu un pacte avec ses opposants pour abaisser le seuil des voix nécessaires à la victoire. Il s’est présenté comme un candidat plus doux, moins radical, qui a embrassé le christianisme et les milieux d’affaires contre lesquels il s’était longtemps élevé.
Une fois au pouvoir, Ortega a modifié la constitution pour permettre une réélection sans fin. En 2018, il a brutalement réprimé des manifestations organisées par des étudiants, faisant des centaines de morts et des centaines d’autres, croupissants, dans la tristement célèbre prison d’El Chipote au Nicaragua.
Des dizaines de milliers de Nicaraguayens ont quitté le pays au cours des derniers mois. Nombre d’entre eux ont fui vers les États-Unis, qui ont connu un pic de migration de Nicaraguayens, avec près de 50 000 personnes arrêtées par les agents frontaliers américains au cours des neuf premiers mois de cette année, un record. Des dizaines de milliers d’autres se sont installés au Costa Rica.
DBNEWS
7/11/2021