Mozambique: 33.000 personnes fuient  les violences djihadistes



Mozambique : Face aux djihadistes, les pays de la région relâchent leurs efforts

Mozambique : Face aux djihadistes, les pays de la région relâchent leurs efforts

« Ils doivent continuer à travailler ensemble pour tenter de trouver une solution sur le long terme au Cabo Delgado dans cette région du nord du Mozambique », expliquent différents experts en sécurité de l’Afrique australe.

« Ils », ce sont les troupes rwandaises, les forces de la Samim (la mission des pays de l’Afrique australe au Mozambique) et les forces de sécurité mozambicaines.

Ces experts pointent aussi du doigt certaines avancées obtenues récemment notamment par les troupes rwandaises (2.000 hommes) autour des localités de Palma et de Mocimboa de Praia, à proximité du gigantesque projet gazier développé par la société Française Total. Les djihadistes ont reculé… mais, les experts sont formels, les combats se poursuivent, les islamistes continuent de tuer des civils et procèdent par des escarmouches qui rendent les opérations militaires très compliquées face à leur mobilité.

L’agence des Nations Unies pour les réfugiés ne dit rien d’autre. Elle se félicite de certaines avancées sur le terrain et d’un semblant de retour au calme, notamment à proximité des projets de Total, mais insiste sur le fait qu’il est prématuré d’inviter les civils qui ont été contraints de fuir la région de regagner leur domicile.

Marche arrière de la Samim

Cette analyse de la situation et les conseils des experts n’ont visiblement pas été entendus par les responsables des pays de la Sadc (Communauté de développement d’Afrique australe) qui, réunis ce début de semaine en Afrique du Sud sous le présidence du chef de l’État sud-africain Cyril Ramaphosa, ont annoncé qu’ils allaient réduire leur engagement au Mozambique. Pas de date pour ce changement de statut de la mission de la Samim mais il semblerait que la mort de soldats sud-africains, du Botswana, du Lesotho et de Tanzanie ont pesé dans la balance. Les doutes exprimées par certains pans de la société civile mozambicaine ont aussi pu avoir un impact. En effet, selon une enquête de l’Institute for Security Studies sud-africain de profondes divisions sont apparues au Mozambique sur les déploiements du Rwanda et de la Sadc. Les organisations de la société civile mozambicaine remettent surtout en question la transparence et le financement de ce déploiement rwandais.

La Sadc n’a pas annoncé un retrait complet mais un changement de statut. Les contingents envoyés au Mozambique devraient être réduits et il s’agirait d’une force de « gardien de la paix ».

Ce changement de statut inquiète certains responsables des pays voisins du Mozambique, Tanzanie et Zimbabwe, qui regardent d’un oeil inquiet l’évoluton de ce conflit et les avancées « lentes mais significatives » des islamistes comme l’expliquait dernièrement la ministre de la Défense du Zimbabwe, Mme Oppah Zvipange Muchinguri- Kashiri.

La ministre répétait encore au mois de mars que son pays voulait s’engager plus dans ce combat contre les islamistes qui menacent directement son pays mais aussi des routes d’approvisionnement pour toute la sous-région. La ministre en profitait aussi pour rappeler que son pays était toujours sous le coup, notamment, de sanctions européennes qui « l’empêchent de se réarmer depuis 20 ans. Nous ne pouvons donc pas nous engager sur le terrain parce que nous ne disposons pas du matériel pour le faire. Nous savons ce qu’il faut faire, nous avons les hommes et l’expertise mais nous ne pouvons pas nous engager faute de moyens. Cela fait des années que nous le répétons. Ces sanctions nous fragilisent, fragilisent toute la sous-région et bien au-delà ».

Si les troupes rwandaises se concentrent sur la sécurisation des « investissements » français au Cabo Delgado et que la Sadc diminue son engagement, les deux tiers de la province (voisine de la Tanzanie) peuvent rapidement se transformer en proie facile pour les islamistes qui, selon divers rapports publiés dernièrement, disposent de liens étroits avec les djihadistes qui opèrent au nord-est de la République démocratique du Congo, et ont des visées de moins en moins secrètes vers l’Afrique du Sud, premier débouché de la région pour les trafics en tous genres, en particulier celui de la drogue.

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Avec La Libre Afrique

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