Le président Macky Sall secoue la scène politique sénégalaise en reportant l’élection présidentielle du 25 février 2024. Une décision qui soulève des questions cruciales dans un contexte de conflit entre l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel. Est-ce une manœuvre stratégique ou une réelle tentative de préserver la stabilité démocratique ?

Tensions croissantes : Conflit entre pouvoirs

Le président Macky Sall a pris une décision majeure en annonçant le report de l’élection présidentielle initialement prévue pour le 25 février 2024. Cette déclaration intervient dans un contexte tendu, marqué par un conflit ouvert entre l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, soulevant des interrogations cruciales sur la stabilité politique du pays. Après la mise en place d’une commission parlementaire enquêtant sur l’intégrité de deux juges du Conseil constitutionnel impliqués dans le processus électoral, le président a signé un décret abrogeant la date fixée pour les élections. Cela survient à quelques heures de l’ouverture de la campagne électorale, laissant vingt candidats, dont deux ténors de l’opposition, dans une incertitude politique palpable.

Le Choix contesté du candidat présidentiel

Le président Sall a déclaré dans son discours à la Nation qu’il engagerait un dialogue national ouvert pour créer les conditions d’une élection libre, transparente et inclusive, sans toutefois fournir de date précise. Cette décision inédite depuis 1963, où une présidentielle au suffrage universel direct est reportée au Sénégal, met en lumière les tensions actuelles entre les pouvoirs exécutif et judiciaire. Le pays, traditionnellement considéré comme un îlot de stabilité en Afrique de l’Ouest, se retrouve confronté à un différend entre l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, exacerbé par des allégations de corruption de juges. Le président affirme que le Sénégal ne peut se permettre une nouvelle crise après des épisodes tumultueux en 2021 et 2023, marqués par des troubles meurtriers.

Vers un Dialogue National : Une Solution ou un Report Stratégique ?

Dans un geste sans précédent, le président Macky Sall a réitéré son engagement à ne pas être candidat et a promis de remettre le pouvoir au président élu début avril, comme annoncé précédemment en décembre. Cependant, le choix du Premier ministre Amadou Ba comme candidat présidentiel a suscité des divisions au sein du camp présidentiel, créant une incertitude supplémentaire quant à l’issue de l’élection.

Cette élection, déjà marquée par l’exclusion de nombreux prétendants par le Conseil constitutionnel, s’annonçait comme la plus indécise depuis l’indépendance du Sénégal. Le report intervient alors que le pays était sur le point de vivre une compétition électorale intense, avec des enjeux cruciaux pour l’avenir politique du pays. Le dialogue national proposé par le président Sall devra apaiser les tensions et rétablir la confiance dans le processus électoral.

La rédaction DBNEWS 
03/02/2024