Londres se prépare à de premières expulsions vers le Rwanda



Londres se prépare à de premières expulsions vers le Rwanda

Londres se prépare à de premières expulsions vers le Rwanda

Sauf annulation de dernière minute, le gouvernement britannique se prépare à expulser mardi vers le Rwanda de premiers migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni, un projet controversé jugé « immoral » par l’Eglise anglicane.

Un vol spécialement affrété avec à son bord des clandestins doit décoller de Londres dans la soirée et atterrir le lendemain matin à Kigali, selon des opposants à l’initiative.

En envoyant les migrants arrivés clandestinement au Royaume-Uni dans ce pays d’Afrique de l’Est, à plus de 6.000 km de Londres, le gouvernement entend dissuader les traversées illégales de la Manche, qui ne cessent d’augmenter malgré ses promesses répétées de contrôler l’immigration depuis le Brexit.

Ce projet controversé, qui rappelle la politique menée par l’Australie, a été validé par la justice britannique. Celle-ci a rejeté en première instance puis en appel des recours de dernière minute formulés notamment par des associations pour tenter de stopper les départs.

Mais à la suite des divers recours individuels, le premier vol risque de décoller quasi vide, avec seulement sept migrants. Selon l’association Care4Calais, 24 des 31 personnes initialement prévues ont vu leur ticket vers le Rwanda annulé. Parmi ceux devant partir initialement se trouvaient notamment des Iraniens, des Irakiens, des Albanais et un Syrien, selon elle.

De nouveaux recours sont prévus mardi.

« Il y aura des personnes sur ces vols et si elles ne sont pas sur ce vol, elle seront sur le suivant », a affirmé la cheffe de la diplomatie Liz Truss sur Sky News. « Ce qui importe vraiment, c’est d’établir le principe » et de « briser le modèle économique de ces gens épouvantables, ces trafiquants qui font commerce de la détresse ».

Les associations n’entendent pas baisser les bras et comptent poursuivre leur contestation en justice, avec un examen détaillé de la légalité de la mesure prévu en juillet, alors qu’une manifestation a rassemblé des centaines de personnes devant le ministère de l’Intérieur lundi soir.

– « Politique immorale » –

Les traversées illégales de la Manche sont la bête noire du gouvernement conservateur et provoquent régulièrement des tensions avec la France, d’où partent de nombreux migrants désireux de rejoindre l’Angleterre.

Depuis le début de l’année, plus de 10.000 migrants ont traversé illégalement la Manche pour atteindre les côtes britanniques sur de petites embarcations, une hausse par rapport aux années précédentes, déjà record.

En vertu de son accord avec Kigali, Londres financera dans un premier temps le dispositif à hauteur de 120 millions de livres (140 millions d’euros). Le gouvernement rwandais a précisé qu’il proposerait aux migrants la possibilité « de s’installer de manière permanente ».

« Cette politique immorale couvre le Royaume-Uni de honte », ont estimé dans une lettre publiée mardi par le journal The Times, les chefs spirituels de l’Eglise anglicane, dont l’archevêque de Canterbury Justin Welby, celui de York Stephen Cottrell et 23 évêques.

« Notre héritage chrétien devrait nous inciter à traiter les demandeurs d’asile avec compassion, équité et justice », insistent-ils.

Des critiques rejetées par la ministre Liz Truss. « Notre politique est totalement légale. C’est totalement moral », a-t-elle affirmé, assurant que le Rwanda était « un pays sûr ». « Les personnes immorales dans ce cas-ci sont les trafiquants », a-t-elle ajouté.

L’ONU est également vent debout contre cette mesure, et l’organisation de défense des droits humains HRW estime que Londres « cherche à rejeter entièrement ses responsabilités en matière d’asile sur un autre pays », allant à l’encontre de la Convention de Genève.

Alimentant la polémique, le prince Charles a jugé en privé « consternant » le projet du gouvernement, avait rapporté samedi le Times, alors qu’il doit participer à une réunion du Commonwealth à partir du 20 juin au Rwanda.

Au Rwanda, dirigé par le président Paul Kagame depuis la fin du génocide de 1994, qui a fait 800.000 morts selon l’ONU, le gouvernement est régulièrement accusé par des ONG de réprimer la liberté d’expression, les critiques et l’opposition politique.

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Avec La Libre Afrique

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