Alors que le Cameroun s’apprête à marquer, dimanche 6 novembre, les 40 ans de la présidence de Paul Biya, plusieurs organisations de la société civile émettent des recommandations pour moins de violations des droits et libertés fondamentales des citoyens dans le pays.
Au Cameroun, moins de violations des droits humains ont été recensés ces trois derniers mois par rapport au précédent trimestre. Au moins 303 cas, selon le rapport présenté ce mardi 1er novembre à Douala par le groupe de travail sur les droits humains, coordonné par l’organisation Un Monde Avenir. Mais il y a toujours des situations qui inquiètent les organisations de la société civile.
Elles citent des cas d’exécutions extrajudiciaires, de détentions illégales et de manifestations publiques empêchées. Elles rappellent aussi que des Camerounais ont encore été tués ou enlevés par des groupes armés ce trimestre, dans les régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l’Extrême-Nord.
Philippe Nanga, de l’organisation Un Monde Avenir, explique que l’idée derrière ce travail de collecte d’informations n’est pas seulement de recenser, mais de contribuer à ce que les droits humains soient de moins en moins violés au Cameroun.
Le juriste Hilaire Kamga souligne, lui, que la majorité des abus identifiés ce trimestre ont eu lieu dans les deux régions à majorité anglophone.
Il insiste sur le besoin de ne plus seulement qualifier ce qu’il s’y passe depuis maintenant six ans comme étant « une crise » mais un « conflit armé non international » afin que le droit de la guerre, c’est-à-dire la convention de Genève, soit appliquée, et pour que les organisations humanitaires soient protégées. « Pour que les organisations des droits de l’homme travaillent aisément, il faudrait savoir si on est dans un chantier où on applique le droit international des droits de l’homme ou le droit international humanitaire, il faudrait que le gouvernement admette qu’on est dans le cadre d’un conflit armé non international qui appelle le droit de la guerre, c’est-à-dire les conventions de Genève », explique-t-il.
Cyrille Rolande Bechon, de l’ONG Nouveaux Droits de l’Homme plaide, elle, pour que justice soit rendue plus de deux ans après la tuerie de Ngarbuh en février 2020. « On n’a pas eu de décision de justice sur cette affaire. L’affaire a été déportée au tribunal militaire de Yaoundé pour un massacre commis dans la région du Nord-Ouest et la raison évoquée c’est la non comparution des témoins et des victimes. Ce n’est pas une contradiction ? », s’interroge-t-elle.
Parmi les autres recommandations exprimées : éviter de juger des citoyens devant des tribunaux militaires, améliorer les conditions de vie en prison, renforcer les ressources matérielles et l’indépendance du système judiciaire, tout comme celle de la Commission nationale des droits de l’Homme. D’autre part, les participants saluent les communications régulières du ministère de la Défense sur l’ouverture d’enquêtes sur des soupçons de bavures contre des civils et aspirent à en connaître les avancées et les conclusions.
RSA avec RFI