Gabon - Opportunisme politique - Les époux Annie et Jean Eyeghe Ndong
Gabon - Opportunisme politique - Les époux Annie et Jean Eyeghe Ndong

Le fastueux du mariage de Jean Eyeghe Ndong après sa demande d’émoluments d’ancien Premier ministre suggère une amélioration de sa situation financière.

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Gabon – Opportunisme politique – Les époux Annie et Jean Eyeghe Ndong

Un festin ostentatoire au détriment des convictions politiques

Le retour au pouvoir de Jean Eyeghe Ndong a révélé son goût prononcé pour les privilèges et les plaisirs somptueux. Se pavanant dans des voyages grandioses, le voici désormais marié à l’âge vénérable de 77 ans. Mais où sont donc passées ses convictions dans cette orgie ostentatoire ? Il y a deux ans, l’ancien Premier ministre gabonais réclamait avec véhémence les émoluments dus à son ancien poste de premier de feu Omar Bongo Ondimba, soit 70 millions de francs CFA par an à vie, auprès du président Ali Bongo Ondimba. Cependant, les images et vidéos largement diffusées de son mariage fastueux, incluant une cérémonie traditionnelle, une union civile, ainsi qu’un cocktail et une soirée dansante éblouissante, ont suscité les critiques de ceux qui le considèrent davantage comme un opportuniste sans scrupules que comme un véritable homme d’État.

Le parcours émaillé d’Eyeghe Ndong : 12 ans d’errance politique

Depuis sa naissance le 12 février 1946 à Libreville, Jean Eyeghe Ndong a gravi divers échelons administratifs avant d’être nommé ministre délégué aux Finances sous le gouvernement de Jean-François Ntoutoume Emane. En janvier 2006, il accède au poste de Premier ministre et chef du gouvernement sous la présidence d’Omar Bongo Ondimba, feu père du président actuel. Suite au décès de ce dernier, il démissionne en juillet 2009 pour se présenter en tant que candidat indépendant à l’élection présidentielle, contestant l’investiture d’Ali Bongo, fils d’Omar Bongo, comme candidat officiel du PDG (Parti démocratique gabonais). Après avoir soutenu Jean Ping lors des élections présidentielles de 2016, Eyeghe Ndong surprend tout le monde en rencontrant discrètement Ali Bongo au palais présidentiel en juin 2021. Son poste de Haut-Commissaire de la République, obtenu en mars 2022, semble avoir considérablement amélioré sa situation personnelle, comme en témoignent les images de son fastueux mariage.

L’abandon des fidèles : une trahison déconcertante

En juin 2015, lorsqu’on lui demandait s’il soutenait l’idée d’un scrutin présidentiel à deux tours, Jean Eyeghe Ndong répondait sans hésitation à Jeune Afrique : « Bien sûr, cela conférerait une légitimité à la personne élue. » Pourtant, en février 2023, lors de la concertation politique de l’esplanade de la défense à Libreville, M. Ali Bongo a réussi à imposer un système électoral à un tour et des mandats illimités. Le Haut-commissaire Jean Eyeghe Ndong n’a pas émis la moindre objection à ce sujet. Manifestement, lorsqu’une bouche est pleine, elle reste silencieuse.

La méfiance envers les politiciens s’intensifie

Le faste extravagant du remariage de l’ancien conseiller municipal à la mairie de Libreville et ancien sénateur, confirme les soupçons des Gabonais. Jean Eyeghe Ndong semble être revenu au Parti démocratique gabonais (PDG) non par conviction, mais uniquement par intérêt financier. Ses anciens partisans, déçus, estiment qu’il est motivé par l’appât du gain, en contradiction avec ses déclarations précédentes selon lesquelles il vivait de sa pension d’ancien Premier ministre. Cependant, cette affirmation demeure sujette à caution, si on se réfère à ses multiples interventions médiatiques pour réclamer son dû.

La transhumance politique, une trahison aux dépens du peuple

La transhumance politique s’est érigée en un véritable sport national au Gabon, où les opportunistes, les ventrocrates et les profiteurs de tout bord ne poursuivent que leurs propres intérêts, négligeant ainsi les préoccupations de la population. Sous un cynisme flagrant, ces individus s’approprient abusivement l’étiquette de représentants du peuple, alors que les véritables soucis de ces derniers ne les intéressent guère. Pendant ce temps, le climat politique demeure tendu et la grande majorité des Gabonais endurent la pauvreté, avec près de 600 000 personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté, incapables même de se nourrir convenablement. Dans ce contexte, le fastueux mariage de Jean Eyeghe Ndong choque profondément les citoyens ordinaires. Sans pudeur ni retenu, un tel comportement représente un affront pour ceux qui luttent quotidiennement pour joindre les deux bouts. Il s’agit là d’une faute politique indélébile qui ne fera qu’accroître la méfiance envers les politiciens, renforcer la demande de transparence et de moralité envers la classe politique dans sa globalité.

Anne Marie DWORACZEK BENDOME
01 juin 2023

 

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