Après le post-coup d’État ayant ébranlé le pouvoir dynastique au Gabon, l’optimisme initial et l’espoir suscités laissent place à une interrogation cruciale : Brice Clotaire Oligui Nguema, figure incontournable du clan déchu, satisfait-il aux impératifs essentiels pour redresser la destinée du pays ?
La Fracture
Un peu plus de trois mois après l’avènement du pouvoir orchestré par les forces armées, intronisant le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, Président de la Transition, l’enthousiasme initial se mêle à une perplexité croissante. Si l’absence de bain de sang lors du renversement avait rassuré, les cent premiers jours révèlent une ambivalence grandissante.
Faire du Bongo sans les Bongos
Des indices déconcertants sèment le doute quant à la gouvernance actuelle au Gabon. Les inclinations à considérer le choix discrétionnaire du leader comme une fantaisie conférant à ce dernier une latitude sans limites, notamment les nominations, le culte de la personnalité, la confusion quant au rôle réel d’un président de Transition jusqu’à la désignation erronée de l’épouse du chef de la junte comme première dame, tout concourt à une atmosphère d’arbitraire. La justice des vainqueurs permet même aux démolisseurs durant plus de cinq décennies (5) du pays de jouir impunément des fruits de leurs méfaits. L’ensemble de ces éléments n’inspire guère confiance quant à la direction que prend la révolution, dont Brice Clotaire Oligui Nguema est le principal bénéficiaire.
Perplexe
Après l’annulation de la réélection d’Ali Bongo Ondimba et son renversement le 30 août 2023, le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) fondait son action sur le non-respect des conditions d’un scrutin transparent, crédible et inclusif. En l’espace de 100 jours, le CTRI semble avoir nuancé son engagement de départ, initialement axé sur la restauration exclusive des institutions. Aujourd’hui, les orientations paraissent se disperser dans toutes les directions. Il avance dorénavant un calendrier prévoyant une nouvelle élection le 25 août 2025, bien que cinq mois seraient amplement suffisants pour rétablir pleinement la stabilité au Gabon, si tel était l’objectif premier.
Cette évolution soulève des questions cruciales quant à la cohérence des objectifs du CTRI et suscite des interrogations quant à ses véritables intentions. L’écart entre les premières promesses de restaurer les institutions et la proposition actuelle d’un nouveau scrutin d’ici à 2025 témoigne d’une transformation significative dans la vision du comité.
Comme l’adage le souligne avec perspicacité, « Le véritable leadership se mesure à la capacité de bâtir et de stabiliser, non à celle de perpétuer le chaos. »
Rédaction DBNEWS
12/12/2023