Le 12 avril 2025, les électeurs gabonais seront appelés aux urnes pour élire leur futur président dans un contexte marqué par des aspirations profondes au changement. Parmi les prétendants à la magistrature suprême, Alain-Claude Bilié-By-Nzé, ancien Premier ministre et désormais candidat indépendant, se distingue par un projet audacieux et ambitieux. Son programme, porteur d’une double ambition – rompre avec les pratiques héritées du passé et initier des réformes structurelles majeures –, entend redessiner les contours d’un Gabon moderne et prospère. Mais au-delà des discours, quelles sont les propositions concrètes de cet homme politique déterminé à incarner une nouvelle ère pour son pays ?
Par Anne-Marie DWORACZEK-BENDOME | Publié le 13 mars 2025
Présidentielle 2025 : Une vision inédite
Dans une allocution vibrante, le 10 mars 2025, à Libreville, Alain-Claude Bilié-By-Nzé a martelé que la « Présidentielle 2025 » marquera une ère de transformation inédite pour le Gabon. Il a exhorté ses compatriotes à transcender les clivages ethniques et régionaux, dénonçant avec véhémence « la République des copains, coquins et consanguins ». Son projet repose sur trois piliers majeurs : l’indépendance économique, la refonte institutionnelle et la justice sociale.
En effet, il s’est insurgé contre un système jugé sclérosé, qualifiant la Constitution actuelle de « poison tribaliste » qui divise plutôt qu’elle n’unit. « Nous devons jeter cette Constitution à la poubelle », a-t-il lancé, affirmant que sa candidature incarnait une rupture salutaire. Ce langage acerbe, bien que polémique, reflète une volonté farouche de désenclaver un pays enlisé dans des pratiques archaïques. Déclarations marquantes : « Je ne servirai pas celui qui fait office de petit-fils. », « La torture est un crime contre l’humanité. ». Pour Alain-Claude Bilié-By-Nzé, la « Présidentielle 2025 » représente une étape décisive pour fonder un nouvel ordre sociopolitique au Gabon.
Alain-Claude Bilié By Nzé : Parcours atypique
Né le 16 septembre 1967 à Makokou, Alain-Claude Bilié By Nzé incarne une figure incontournable de la scène politique gabonaise. Avec une carrière marquée par des postes stratégiques et une volonté affirmée de rupture avec les pratiques anciennes, il se présente comme un candidat déterminé à redessiner l’avenir du Gabon.
Dès ses débuts dans la sphère publique, Alain-Claude Bilié By Nzé s’est distingué par son engagement et sa polyvalence. Entré en politique en 2006 en tant que ministre des Communications, il a rapidement gravi les échelons, occupant divers portefeuilles ministériels tels que l’Énergie et les Ressources en eau, la Communication, les Sports, ou encore la Culture et les Arts. Son ascension culmine en janvier 2023 lorsqu’il est nommé Premier ministre, un mandat toutefois interrompu par le coup d’État du 30 août 2023 qui a renversé le régime d’Ali Bongo.
Cette période trouble ne l’a pas dissuadé de poursuivre son combat pour un Gabon meilleur. En 2025, il se présente comme le candidat de la plateforme « Ensemble pour le Gabon » (EPG), porteur d’un programme audacieux axé sur la refonte institutionnelle et la justice sociale. Parmi ses propositions phares figurent la suppression du Sénat, du Conseil économique, social et environnemental (CESE), ainsi que de la Médiature de la République, qu’il juge obsolètes. Il propose également des mesures concrètes pour lutter contre le chômage, notamment un « minimum jeunesse » pour les diplômés à la recherche d’un premier emploi.
Sa vision économique repose sur une indépendance renforcée, avec une diversification des secteurs clés tels que l’agriculture, les mines et les forêts, afin de réduire la dépendance aux rentes pétrolières. Diplomate chevronné, il ambitionne également de restaurer la place du Gabon sur la scène internationale, une ambition nourrie par son expérience en tant que ministre des Affaires étrangères.
Critique virulent de la transition actuelle dirigée par le général Brice Oligui Nguema, Alain-Claude Bilié By Nzé dénonce l’absence de vision claire et les dérives autoritaires du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI). Cette posture lui vaut aujourd’hui une place centrale dans l’opposition, où il est perçu comme l’un des principaux adversaires du régime en place.
S’étant officiellement distancié du Parti démocratique gabonais (PDG), il incarne désormais une candidature indépendante, symbole d’une rupture nécessaire avec les pratiques héritées du passé. Pour Alain-Claude Bilié By Nzé, l’enjeu de 2025 dépasse largement la simple conquête du pouvoir : il s’agit de bâtir une nouvelle indépendance pour le Gabon, fondée sur la justice, la transparence et le progrès social.
Présidentielle 2025 : L’audace réformatrice
L’une des propositions phares d’Alain-Claude Bilié-By-Nzé concerne la suppression d’institutions jugées obsolètes. « Nous allons supprimer le Sénat », a-t-il déclaré avec assurance, arguant que cette chambre ne répondait plus aux exigences modernes. Parallèlement, il propose d’augmenter le nombre de députés pour inclure des représentants de la diaspora gabonaise, une mesure innovante visant à renforcer l’inclusion démocratique.
De surcroît, il entend dissoudre des structures telles que la médiature de la République et certaines autorités administratives indépendantes, accusées de dilapider les deniers publics sans justification tangible. « À quoi servent ces institutions si elles n’améliorent pas la vie des Gabonais ? », s’est-il interrogé. Cette approche iconoclaste illustre une volonté manifeste de rationaliser les dépenses publiques tout en recentrant l’État sur ses missions fondamentales.
Enfin, il a fustigé la corruption endémique, dénonçant les « fonds politiques du chef de l’État » comme un outil de perversion démocratique. Ces propos percutants ont suscité des applaudissements nourris, témoignant d’une adhésion croissante à sa vision.
Un contrat social renouvelé
Le volet social du programme d’Alain-Claude Bilie-By-Nze se distingue par son caractère inclusif et pragmatique. Il propose notamment la mise en place d’un « minimum jeunesse » pour les diplômés en quête d’emploi. Ce dispositif prévoit une allocation mensuelle équivalant à 80 % du dernier revenu étudiant pendant la première année de recherche d’emploi, puis 60 % la deuxième année. En cas d’échec persistant, l’État s’engage à fournir un « kit entreprise » pour encourager l’entrepreneuriat.
Par ailleurs, il ambitionne de garantir un « minimum universel » pour les personnes âgées et celles en situation de handicap, soulignant que « l’État à l’obligation d’accompagner ses citoyens vulnérables ». Ces mesures, bien qu’ambitieuses, témoignent d’un souci sincère de réduire les inégalités socio-économiques criantes.
Enfin, il a appelé à une diplomatie plus assertive, critiquant sévèrement l’absence de leadership du Gabon sur la scène internationale. « Où est la voix du Gabon dans le conflit entre la RDC et le Rwanda ? », a-t-il tonné, rappelant les heures glorieuses d’Omar Bongo en matière de diplomatie. Déclarations marquantes :
« La jeunesse gabonaise mérite mieux que d’être policier ou conducteur de taxi. »
« Nous devons redonner au Gabon sa lettre de noblesse dans la diplomatie. »
Cette rhétorique ardente et assumée, l’inscrit résolument dans une dynamique de transformation radicale.
Les enjeux ultimes
La candidature d’Alain-Claude Bilie-By-Nze incarne une quête de renouveau courageuse, symbolisant une lutte farouche contre un système figé dont il fut autrefois l’un des principaux acteurs. Ce positionnement, parfois déconcertant, s’accompagne d’un discours radical aux accents révolutionnaires, amplifiant ainsi son ambition de rupture avec les pratiques anciennes. Son programme, articulé autour de réformes institutionnelles drastiques, d’une justice sociale inclusive et d’une diplomatie réaffirmée, se présente comme un antidote radical aux maux chroniques qui minent le Gabon.
Entre la suppression d’institutions jugées obsolètes, la mise en place de mesures sociales pour accompagner les plus vulnérables et la restauration de la place du Gabon sur la scène internationale, son projet ambitionne de provoquer un véritable électrochoc pour un pays en quête de repères. Toutefois, la réussite de cette vision dépendra de sa capacité à mobiliser une population découragée, mais encore capable d’aspirer à un avenir meilleur. Galvaniser la citoyenneté et transcender les divisions historiques demeurent les défis majeurs pour transformer cette ambition en réalité tangible.