Impensable. Le fait est suffisamment inédit pour être souligné au Gabon. Dimanche 31 mai 2020, les habitants d’une petite bourgade nommée Kabaga, situé dans la province du Haut-Ogooué, sud-est, non loin de Bongoville, village natal du défunt président Omar Bongo Ondimba, ont renvoyé sous les cris et les quolibets, un Préfet, représentant de l’État, venu leur apporter des dons alimentaires et autres victuailles offerts généreusement par le fils du Chef de l’État, M. Noureddin Bongo Valentin, au demeurant, Coordinateur général des affaires présidentielles.
L’affront.
Rappel des faits : Dans le cadre de la lutte contre le covid-19, le Coordinateur général des affaires présidentielles, Noureddin Bongo Valentin a mis à la disposition des couches défavorisées de tout le pays, 1 223 tonnes de produits de première nécessité pour faire face à la pandémie. Ce sont ces kits apportés par le préfet et non l’élu du coin, qui n’est autre que l’Honorable Malika Bongo Ondimba, fille du président de la république, qui ont été refusés par les résidents permanents de la localité.
Le réveil.
Fait inimaginable il y a encore quelque temps pour le commun des gabonais, tant les populations du Haut-Ogooué, fief de la famille Bongo sont présentées comme des serviles choyés par les tenants du pouvoir. Ce qui est éminemment faux. Pour la petite histoire, Kabaga est également le village de la mère du Président Ali Bongo, Mme Joséphine Kama Bongo Ondimba, née Marie Joséphine Dabany, ancienne « Première Dame du Gabon« . Sans se soucier du qu’en dira-t-on, ni d’éventuelles représailles, les habitants ont chassés manu militari hors de leur village, l’envoyé du fils du Chef de l’État. Jusqu’à ce jour, aucune autre province n’a osé poser un tel acte de refus catégorique, de défiance envers le régime et de dignité.
L’essoufflement près de 54 ans après.
Par ce geste politique, responsable et révolutionnaire, les populations de Kabaga n’ont fait qu’exprimer à haute-voix l’exaspération qui gronde dans tout le pays, trop, c’est trop ! 54 ans de dons divers et variés sur l’ensemble du territoire national, tandis que 5% seulement de « rentiers » se goinfrent sans jamais se rassasier. Suprême cynisme, ils ne se rappellent des autochtones que le temps d’une campagne. Machiavélisme en sus, en guise de reconnaissance, les oubliés de la république reçoivent de la part de ces grandes âmes, un pagne par-ci, un tee-shirt par-là, un peu de boisson, de nourriture, quelques billets, et hop ! un petit tour et puis s’en vont.
Ça se rebiffe.
Entre deux élections ou campagnes de communication, ceux qui sont honnis par le reste de leurs compatriotes pour avoir fait gagner officiellement M. Ali Bongo Ondimba aux dernières élections présidentielles avec un score de 95,46% des suffrages sont oubliés.
Les vrais proches du président quant à eux, non que l’embarras du choix, d’où une course effrénée à qui s’enrichira le plus vite. Les ouvertures de sociétés d’investissement privés dans le monde fleurissent. Où tirent-ils les fonds qui permettent cette prodigalité ? Du Gabon évidemment !
Au final, ce ne sont pas les stigmatisés à cause d’un supposé « soutien inconditionnel à la famille BONGO ONDIMBA et VALENTIN » qui profitent du système mais les « overseas « .
Le ras-le bol !
les petites gens en ont assez de se faire avoir. Désormais pour tout le Gabon, il y aura un « Avant » et un « Après » Kabaga.
A.M. DWORACZEK-BENDOME | 01 JUIN 2020 | @DworaczekBendom