Le jeudi 27 avril dernier, Rodrigue Mboumba Bissawou a été nommé ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement au Gabon. Mais qui est-il vraiment ? Est-il un prodige ou simplement un pion dans la stratégie de cooptation mise en place par la dynastie Bongo Ondimba ?
Le processus de cooptation
Le processus de cooptation est une méthode bien connue dans les pays africains où les régimes autocratiques cherchent à maintenir leur pouvoir. Au Gabon, ce processus a été mis en place par l’ancien président Omar Bongo, puis poursuivi par son fils et successeur Ali Bongo. Il consiste à coopter des supplétifs locaux pour servir le parti au pouvoir (PDG) et son président de la République (Bongo Ondimba & Bongo Ondimba). Ce jeu de dupes périlleux qui a permis la création de petits potentats dans chaque région du Gabon, ne profite, en réalité, qu’à la famille Bongo et à ses représentants. Pire, il contribue à la destruction du pays en perpétuant la sauvegarde des intérêts privés de quelques-uns au détriment de l’intérêt collectif de tous.
Un scénario cousu de fil blanc
Gabon, pays d’intégration parfaite pour ceux qui arrivent sur son sol. Les critères de sélection pour les Gabonais d’adoption diffèrent de ceux des autochtones. Les seconds sont choisis en fonction de leur proximité avec la dynastie Bongo Ondimba, qui est au pouvoir depuis 55 ans. Parmi les bénéficiaires les plus célèbres, on peut citer la famille Valentin (Edouard et Sylvia), Eric Chesnel, Seydou Kane, Clément Sossa Simawango, Maixent Accrombessi, Lee White, la famille Ismaël Océni Ossa, Liliane Massala, Liban Suleiman, etc, la liste est longue.
Mais revenons à notre sujet de départ, Rodrigue Mboumba Bissawou. Le jeune Gabonais serait d’origine béninoise, âgé d’une trentaine d’années, il aurait fait ses études primaires et secondaires au Bénin, son pays. Avant d’aller poursuivre son cursus universitaire à Dakar, au Sénégal. Il serait détenteur d’un master 2 en marketing, communication et publicité de l’International School of Management de Dakar (ISM). Après son arrivée au Gabon, il a été accueilli par des compatriotes béninois établis dans le pays, puis a intégré un cabinet privé avant d’être coopté pour rejoindre le cabinet de Rose Christiane Ossouka Raponda, aujourd’hui vice-présidente de la République. Par ailleurs, certains se demandent, à quelque moment s’est-il naturalisé et pris un patronyme typiquement du cru (Mboumba) ? – La suite de sa trajectoire est bien connue de tous.
Rodrigue Mboumba Bissawou de retour dans son village de Mangali !
Le retour de Rodrigue Mboumba Bissawou dans son village de Mangali a suscité beaucoup d’intérêt. Après avoir été nommé ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, il a saisi l’occasion pour rendre visite à sa prétendue famille dans le canton de Mayomb, situé dans le département de la Basse-Banio à Mayumba. Les images de sa visite, largement diffusées par les partisans du pouvoir, montrent un Rodrigue Mboumba Bissawou acclamé par les villageois, dans le respect des traditions gabonaises, ce qui a été vivement salué par ses nombreux partisans.
Les Gabonais d’adoption dans l’appareil d’État
La nomination de Rodrigue Mboumba Bissawou en tant que ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement ne peut être considérée comme une coïncidence. Elle fait partie de la stratégie de cooptation mise en place par la dynastie Bongo Ondimba pour maintenir son emprise sur le pouvoir. Toutefois, cela soulève une question fondamentale : est-il un prodige ou un simple pion entre les mains de la dynastie Bongo ? Seul l’avenir pourra le dire. En attendant, il est essentiel de rappeler que le Gabon mérite mieux que ce système de cooptation qui ne sert qu’à enrichir une poignée de privilégiés.
Rédaction DBNEWS
30/04/2023
