37ᵉ-Journée-Mondiale-du-Refus-de-la-Misère-au-Gabon. © Montage DBnews
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En ce 17 octobre 2024, 37ᵉ édition de la Journée Mondiale du Refus de la Misère, le Gabon offre un spectacle navrant. Malgré ses richesses naturelles abondantes, le pays s’enlise dans une pauvreté endémique qui touche près d’un tiers de sa population. Un an après le coup d’État, les promesses de changement se heurtent à la dure réalité d’un système sclérosé par des décennies de mauvaise gouvernance et de corruption.

Par Anne Marie DWORACZEK-BENDOME | 17 octobre 2024

37ᵉ-Journée-Mondiale-du-Refus-de-la-Misère-au-Gabon. © Montage DBnews
37ᵉ-Journée-Mondiale-du-Refus-de-la-Misère-au-Gabon. © Montage DBnews

37ᵉ édition de la Journée Mondiale du Refus de la Misère 

Quelle ironie ! Le Gabon, ce pays aux ressources pléthoriques, célèbre la Journée Mondiale du Refus de la Misère en arborant fièrement son taux de pauvreté obstinément élevé. Cette dichotomie grotesque entre l’opulence potentielle et l’indigence effective soulève des questions embarrassantes sur l’incompétence crasse des politiques mises en œuvre jusqu’ici. Alors que la transition politique amorcée en août 2023 promettait monts et merveilles, force est de constater que le changement se fait attendre.

De l’insécurité alimentaire aux défis éducatifs, en passant par les problématiques de logement et d’emploi, les obstacles structurels qui entravent le développement social du pays. Enfin, nous évaluerons la performance pitoyable du Gabon en matière d’Objectifs de Développement Durable, offrant ainsi un tableau peu reluisant des efforts nationaux et des défis à relever dans la quête d’un avenir moins misérable pour les Gabonais.

Gabon - 37e édition de la Journée Mondiale du Refus de la Misère - Pauvreté -les mesures prises par la transition. © Infographie DBnews
Gabon – 37ᵉ édition de la Journée Mondiale du Refus de la Misère – Pauvreté-les mesures prises par la transition. © Infographie DBnews

L’endémicité de la pauvreté dans un pays aux ressources pléthoriques

Indéniablement, le Gabon présente un paradoxe saisissant : doté d’une richesse naturelle considérable, le pays lutte néanmoins pour extraire une portion significative de sa population de la précarité. Cette antinomie entre abondance potentielle et dénuement effectif soulève des interrogations quant à l’efficience des stratégies socio-économiques déployées.

La transition politique initiée par les événements d’août 2023 a certes engendré des mesures palliatives, telles que la gratuité de l’enseignement public et la réintroduction des bourses scolaires. Toutefois, ces initiatives, bien que louables, s’avèrent insuffisantes pour endiguer le fléau de l’indigence qui corrode le tissu social gabonais.

Le taux de chômage, obstinément ancré à plus de 40 % de la population active, illustre l’ampleur du défi auquel le pays est confronté. Cette situation précaire engendre un cercle vicieux où la pénurie d’opportunités économiques alimente la paupérisation, exacerbant ainsi les disparités sociales déjà criantes. La volatilité de l’économie, largement tributaire des ressources naturelles, notamment le pétrole et le bois, accentue la vulnérabilité des couches les plus défavorisées de la société.

Dans ce contexte, l’élaboration de politiques publiques holistiques et pérennes s’impose comme une nécessité impérieuse. Il s’agit non seulement de générer des emplois décents et durables, mais également de consolider les filets de Sécurité sociale pour protéger les plus vulnérables. La diversification de l’économie, longtemps évoquée, mais rarement concrétisée, apparaît comme un levier incontournable pour réduire la dépendance aux ressources naturelles et créer de nouvelles perspectives économiques.

La lutte contre la corruption et les détournements de fonds publics doit aussi être intensifiée. Ces pratiques délétères privent le pays de ressources essentielles pour le développement et contribuent à perpétuer les inégalités. Une gouvernance transparente et responsable est indispensable pour garantir que les richesses du pays bénéficient véritablement à l’ensemble de la population.

Gabon-37e-édition-de-la-Journée-Mondiale-du-Refus-de-la-Misère-Lutte-contre-la-pauvreté. © Infographie DBnews
Gabon-37e-édition-de-la-Journée-Mondiale-du-Refus-de-la-Misère-Lutte-contre-la-pauvreté. © Infographie DBnews

La pauvreté, le cancer du pays

Le Gabon, ce prétendu eldorado africain, se vautre avec un enthousiasme déconcertant dans un marasme qui lui colle à la peau comme une seconde nature. Le contraste entre son potentiel de richesse et sa misère effective ne provoque pas des questionnements, mais des cris de rage face à l’incompétence criante des politiques socio-économiques mises en place jusqu’à présent.

Le coup d’État du 30 août 2023, annoncé en fanfare comme l’aube d’une ère nouvelle, n’a accouché que d’une souris. Les mesures prises, aussi nobles soient leurs intentions, s’avèrent aussi utiles qu’une passoire pour écoper le Titanic de la pauvreté qui engloutit la société gabonaise. L’héritage calamiteux des 56 ans de règne des Bongo, père et fils, a laissé le pays exsangue, prisonnier d’un cycle infernal où le manque d’opportunités nourrit une paupérisation effrénée, creusant des inégalités dignes d’un cauchemar orwellien.

Plus d’un an après la prise de pouvoir du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), l’espoir d’un changement radical s’est évaporé comme rosée au soleil. Ces nouveaux dirigeants, loin de rompre avec les pratiques du passé, semblent s’inscrire dans une troublante continuité. Il est grand temps de sortir des discours creux et des promesses en l’air, faute de quoi le Gabon risque de plonger irrémédiablement dans les abysses de la misère. Mais ne nous berçons pas d’illusions, attendre un miracle de ceux qui ont longtemps profité du système qu’ils prétendent combattre, c’est comme espérer que des pyromanes deviennent pompiers par magie.

Gabon-37e édition de la Journée Mondiale du Refus de la Misère — Gouvernance transparente. © Infographie DBnews
Gabon-37e édition de la Journée Mondiale du Refus de la Misère — Gouvernance transparente. © Infographie DBnews

L’insécurité alimentaire : quand le grenier potentiel de l’Afrique centrale meurt de faim.

Parallèlement à cette situation économique calamiteuse, l’insécurité alimentaire s’impose comme la cerise sur le gâteau de la misère gabonaise. Quel spectacle affligeant que de voir ce pays, doté d’un potentiel agricole phénoménal avec ses 5,2 millions d’hectares de terres arables et son climat propice, se voir contraint d’importer plus de 80 % de son alimentation ! Cette dépendance aux importations n’est pas seulement une anomalie, c’est un véritable crime contre le développement national.

Le Programme National de Sécurité Alimentaire (PNSA) et la Politique Nationale de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (PNSAN) ? De beaux acronymes pour des initiatives qui semblent aussi efficaces qu’un parapluie en papier sous un déluge tropical. Leur mise en œuvre se heurte à des obstacles structurels tellement enracinés qu’on pourrait les confondre avec la flore locale : manque d’infrastructures agricoles, difficulté d’accès au crédit pour les petits producteurs, et un exode rural qui vide les campagnes de leur force vive.

Pour surmonter ces défis, il faudrait davantage qu’une approche multidimensionnelle, il faudrait un miracle. Revitaliser le secteur agricole ? Certainement, mais encore faudrait-il que les investissements dans les infrastructures rurales ne se perdent pas dans les méandres de la corruption. Faciliter l’accès aux intrants agricoles ? Une excellente idée, si seulement les petits producteurs n’étaient pas systématiquement écrasés par une bureaucratie kafkaïenne et des intermédiaires voraces.

L’autonomisation des petits agriculteurs reste un vœu pieux dans un pays où l’accès au financement relève plus du parcours du combattant que d’une démarche administrative normale. Quant à l’encouragement de l’agriculture urbaine et périurbaine, c’est une belle idée sur le papier. Mais dans la réalité, elle se heurte à l’urbanisation anarchique et à la spéculation foncière effrénée qui caractérisent les grandes villes gabonaises.

Gabon-37e édition de la Journée Mondiale du Refus de la Misère-Abondance ou Pauvreté- © Infographie DBnews
Gabon-37e édition de la Journée Mondiale du Refus de la Misère-Abondance ou Pauvreté- © Infographie DBnews

L’éducation : un ascenseur social en panne depuis des décennies

L’éducation, ce prétendu levier de lutte contre la pauvreté, ressemble plus à un ascenseur social en panne permanente qu’à un véritable outil d’émancipation. Le système éducatif gabonais, marqué par son inefficience chronique et son inadéquation flagrante aux besoins du marché de l’emploi, est l’exemple parfait de ce qu’il ne faut pas faire en matière de politique éducative.

Les rendements internes médiocres, caractérisés par des taux de redoublement stratosphériques et une déperdition scolaire alarmante, ne sont pas seulement des statistiques inquiétantes, ce sont les symptômes d’un système éducatif moribond. L’indice de capital humain (ICH) du Gabon, estimé à un pitoyable 0,45, n’est pas juste un chiffre, c’est le reflet d’un gâchis humain à grande échelle. La pauvreté, tel un cercle vicieux implacable, influence négativement l’accès à l’éducation. Les enfants issus de familles défavorisées ont autant de chances d’accéder à une éducation de qualité qu’un poisson de grimper à un arbre. Cette situation perpétue un cycle de pauvreté qui semble aussi inéluctable que les marées.

Les politiques éducatives inclusives et équitables ? Un beau slogan pour les discours officiels, mais dans la réalité, c’est aussi rare qu’un flocon de neige à Libreville. Améliorer l’accès à l’éducation dans les zones rurales et défavorisées reste un défi titanesque face à l’inertie bureaucratique et au manque chronique de moyens. La formation continue des enseignants, l’adaptation des curricula aux réalités du marché du travail, et l’intégration des technologies de l’information dans l’éducation sont autant de chantiers qui semblent insurmontables pour un système éducatif sclérosé par des décennies de négligence et de sous-investissement.

Logement et emploi : le parcours du combattant dans la jungle urbaine gabonaise

La question du logement et de l’emploi en milieu urbain et rural n’est pas seulement un défi, c’est un véritable cauchemar pour la majorité des Gabonais. Le déficit de logements, estimé à un ahurissant chiffre entre 260 000 et 300 000 unités, n’est pas une statistique, c’est une condamnation à la précarité pour des centaines de milliers de citoyens.

Dans les centres urbains, notamment à Libreville, le contraste entre les résidences haut de gamme vacante et les bidonvilles surpeuplés n’est pas seulement frappant, il est obscène. En 2018, 37% de la population urbaine vivait dans des bidonvilles. Quatre ans plus tard, ce chiffre est probablement encore plus élevé, témoignant de l’échec cuisant des politiques de logement social.

L’emploi, quant à lui, reste un mirage pour une grande partie de la population. La concentration des opportunités dans les centres urbains au détriment des zones rurales n’est pas seulement un déséquilibre, c’est une véritable bombe à retardement sociale. L’exode rural qui en résulte ne fait qu’exacerber les problèmes de surpopulation urbaine et de dévitalisation des campagnes, créant un cercle vicieux qui semble impossible à briser. La prédominance du secteur informel, loin d’être une soupape de sécurité, est plutôt le symptôme d’une économie malade, incapable de générer des emplois stables et décents. Cette situation précaire laisse des milliers de Gabonais sans protection sociale, à la merci des aléas économiques et sanitaires.

Services de base : le mirage de la modernité dans un pays noyé d’incompétence

Ah, parlons-en des services de base au Gabon ! Voilà un sujet qui illustre à merveille l’incompétence crasse des dirigeants successifs de ce pays béni des dieux mais maudit par ses gestionnaires. En cette Journée Mondiale du Refus de la Misère 2024, le tableau de l’accès à l’eau, à l’électricité et à la mobilité est aussi sombre qu’une nuit sans lune dans la forêt équatoriale.

Commençons par l’eau, cet élément vital dont le Gabon regorge avec un potentiel hydrique de 170 milliards de m3 par an. Un véritable paradis aquatique, n’est-ce pas ? Eh bien, figurez-vous que dans ce pays où l’eau coule à flots, les robinets, eux, restent désespérément secs pour une grande partie de la population. Quelle ironie ! Plus de 60% des Gabonais en zone rurale n’ont accès qu’à des sources d’eau non protégées. Autant dire qu’ils boivent la même eau que leurs ancêtres il y a des siècles. Bravo pour le progrès !

Le Programme intégré d’alimentation en eau potable et d’assainissement (PIAEPAL) ? Un château d’eau par ci, une station de pompage par là… Des sparadraps sur une jambe de bois, oui ! Pendant ce temps, les Gabonais continuent de jouer à la roulette russe sanitaire chaque fois qu’ils ont soif.

Passons à l’électricité, ce luxe moderne que le Gabon semble considérer comme une option plutôt qu’une nécessité. Les délestages à Libreville sont devenus une attraction touristique à eux seuls. « Venez vivre l’expérience de l’âge des ténèbres dans une capitale africaine du 21e siècle ! » L’écart d’accès à l’électricité entre zones urbaines et rurales est si grand qu’on pourrait le confondre avec le Grand Canyon. Les habitants des zones rurales, eux, jouent les ingénieurs de fortune avec leurs générateurs bricolés et leurs lampes à pétrole. Qui a besoin d’électricité quand on peut vivre comme au 19e siècle, n’est-ce pas ? – Quant aux promesses de construction de barrages hydroélectriques, elles semblent avoir été emportées par les mêmes cours d’eau qu’elles étaient censées exploiter. Peut-être que les politiciens gabonais pensent que l’électricité pousse sur les arbres, comme les mangues ?

Et la mobilité dans tout ça ? Les disparités d’accès aux services de base entre zones urbaines et rurales ne sont pas seulement des chiffres sur un rapport, ce sont des vies entières passées dans l’isolement et la précarité. Les routes ? Un concept abstrait pour de nombreux villages. Les transports en commun ? Une blague de mauvais goût pour la majorité des Gabonais.

Dans les quartiers pauvres des zones périurbaines, se déplacer relève plus du parcours du combattant que d’un simple trajet. Entre les nids-de-poule géants qui engloutissent les véhicules et les embouteillages monstres dus à des infrastructures inadaptées, les Gabonais passent plus de temps à essayer d’arriver quelque part qu’à vivre leur vie. Et la mobilité dans tout ça ? Les disparités d’accès aux services de base entre zones urbaines et rurales ne sont pas seulement des chiffres sur un rapport, ce sont des vies entières passées dans l’isolement et la précarité. Les routes ? Un concept abstrait pour de nombreux villages. Les transports en commun ? Une blague de mauvais goût pour la majorité des Gabonais.

Dans les quartiers pauvres des zones périurbaines, se déplacer relève plus du parcours du combattant que d’un simple trajet. Entre les nids-de-poule géants qui engloutissent les véhicules et les embouteillages monstres dus à des infrastructures inadaptées, les Gabonais passent plus de temps à essayer d’arriver quelque part qu’à vivre leur vie.

Gabon-37e édition de la Journée Mondiale du Refus de la Misère-Lutte contre la pauvreté. © Infographie DBnews
Gabon-37e édition de la Journée Mondiale du Refus de la Misère-Lutte contre la pauvreté. © Infographie DBnews

Les Objectifs de Développement Durable : le Gabon, champion de l’échec

La performance du Gabon en matière d’Objectifs de Développement Durable (ODD) est un véritable chef-d’œuvre de l’échec. Classé 100ème sur 156 pays, le Gabon semble avoir confondu ces objectifs avec une course à la médiocrité. Moins de 6% des 32 cibles mesurables sont en voie d’être atteintes ? Bravo, quel exploit !

Les lacunes dans les domaines de la santé, de l’emploi décent et de l’éducation ne sont pas simplement préoccupantes, elles sont scandaleuses. Comment un pays doté de telles ressources peut-il échouer aussi lamentablement à prendre soin de sa population ? – Certes, des efforts sont en cours pour améliorer le suivi et l’évaluation des progrès. L’augmentation de la performance du Gabon en matière de renseignement des ODD, passée de 28% à 35%, est-elle vraiment un motif de fierté ? C’est comme se réjouir d’avoir amélioré sa note de 2 à 3 sur 20. Le programme pays pour le travail décent signé avec l’OIT pour la période 2024-2027 offre une lueur d’espoir, diront certains. Mais dans un pays où les promesses se sont systématiquement transformées en désillusions, il est difficile de ne pas être sceptique.

Pour accélérer les progrès vers les ODD, il faudrait plus qu’une approche intégrée et multisectorielle. Il faudrait un miracle, ou mieux encore, une révolution complète dans la manière dont le pays est gouverné. Renforcer la coordination entre les différents ministères ? Encore faudrait-il que ces ministères fonctionnent correctement. Améliorer la collecte et l’analyse des données ? Une excellente idée, si seulement ces données n’étaient pas systématiquement manipulées ou ignorées.

Pour qu’un véritable changement s’opère dans le traitement de la misère au Gabon, il faudrait plus que des autorités animées par le sens du devoir. Il faudrait un bouleversement complet du système, une lutte sans merci contre la corruption et les détournements de fonds, et surtout, une prise de conscience collective que le statu quo n’est plus tenable. Sans cela, le Gabon risque de rester englué dans sa misère, riche en ressources mais pauvre en opportunités pour ses citoyens.

 

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