Dans une lettre en date du 18 novembre 2024, l’ancien ministre Guy-Bertrand Mapangou annonce son départ du Parti démocratique gabonais. Une décision qui ne surprend guère, car il avait déjà initié, lors de la campagne référendaire, un mouvement nommé « Rassemblement ».
Parcours politique : l’ascension et la chute de Guy-Bertrand Mapangou
De journaliste modeste à une figure influente du régime Bongo, Guy-Bertrand Mapangou illustre parfaitement le profil du caméléon politique au Gabon. Formé sur les bancs lillois, il commença sa carrière dans les médias, notamment à Africa N°1, avant de se hisser dans les cercles du pouvoir grâce à un sens aigu de l’opportunité et une capacité remarquable à s’adapter. Ses débuts comme directeur de cabinet à l’Assemblée nationale dans les années 1990 marquèrent le point de départ d’une ascension caractérisée par une habileté certaine à naviguer dans les arcanes du pouvoir.
Au fil des années, Mapangou a su gravir les échelons de la République, occupant divers postes ministériels avec une souplesse politique qui frôlait l’art de l’équilibrisme. Sa carrière prit une dimension stratégique lorsqu’il fut nommé directeur de cabinet d’Ali Bongo au ministère de la Défense, un rôle clé qui lui permit de consolider son influence. C’est dans cette position qu’il s’imposa comme un acteur incontournable de la sphère politique gabonaise, maîtrisant parfaitement les subtilités administratives et politiques.
Cependant, cette trajectoire ascendante connut un revers spectaculaire. En 2019, l’affaire du kevazingo, qui impliqua des figures de premier plan, marqua un tournant décisif. Cette controverse entraîna son éviction brutale, une chute qui l’associa au vice-président Maganga Moussavou, également victime des luttes internes au sein du régime. Cet épisode marqua le début d’une marginalisation politique qui se conclut par un échec cinglant : son exclusion des listes du Parti démocratique gabonais (PDG) lors des législatives de 2023.
À travers ces rebondissements, le parcours de Mapangou reflète les dynamiques souvent imprévisibles du paysage politique gabonais, où l’ascension fulgurante peut être suivie d’une chute tout aussi spectaculaire.
Une défection stratégique
Remis sur le devant de la scène par le nouveau dirigeant du Gabon, Brice Clotaire Oligui Nguema, qui l’a nommé Haut Représentant Personnel. Cet ancien cadre du Parti Démocratique Gabonais (PDG) a officialisé son départ juste après le vote référendaire du 16 novembre. Un timing qui interroge, oscillant entre une manœuvre calculée et une posture opportuniste. Certains y verront une stratégie réfléchie, d’autres un manque de sincérité flagrant.
Ce choix illustre l’émergence d’une tendance marquée dans le paysage politique gabonais : une série de ralliements opportunistes qui accompagnent la transition en cours. Ces départs, souvent coordonnés, donnent l’impression d’un exode bien orchestré, où de nombreux acteurs cherchent à se repositionner face aux nouvelles dynamiques du pouvoir.
La transition politique au Gabon, marquée par des recompositions et des repositionnements, illustre une règle tacite : face à des bouleversements significatifs, la flexibilité des alliances s’impose comme un levier crucial de survie politique. Ce contexte met également en lumière le fait que, dans cet échiquier complexe, les trajectoires individuelles s’ajustent au rythme des dynamiques changeantes et des intérêts personnels.
DBnews, 3 décembre 2024