Laurence Ndong
Durant cette période tendue, j’ai osé rappeler sur Twitter à Mme Ndong qu’en dépit de son attachement proclamé au Gabon, elle devait laisser en priorité les Gabonais de souche régler leurs différends électoraux. J’ai également mentionné l’acte répréhensible que venait de commettre son fils à la même époque (le braquage d’une boulangerie). Ces propos de vérité m’ont valu en retour plus de 1600 tweets d’insultes en une journée de la part des fervents soutiens de Jean Ping. Mes frères et sœurs qui défendaient à juste titre la vérité des urnes et dénonçaient les morts tragiques qui s’en sont ensuivi, ont fait de mon téléphone le réceptacle de leur haine envers Ali Bongo. Pourtant, parmi leurs propres rangs, certains informaient discrètement le pouvoir en place de leurs actions et stratégies. L’ironie veut que ces activistes, prompts à conspuer le régime, comptaient dans leurs propres troupes des taupes aux ordres du Palais.
L’ambitieuse
Un Maroquin à tout prix
Mes chers tous,
La place prépondérante de Mme Ndong au sein de l’opposition gabonaise avant le coup d’État du 30 août 2023 ne faisait aucun doute. Lorsque des membres de l’intelligentsia issue de l’opposition et du PDG étaient de passage en France, la rencontre officielle ou discrète avec Mme Ndong était incontournable. Lors des réunions zoom rassemblant les principaux opposants gabonais, sa présence était systématique et majeure. Mme Ndong était considérée comme une figure influente dont la participation était indispensable pour donner du poids à ces rassemblements virtuels de la diaspora anti-Bongo.
Lors des élections d’août 2023, Mme Ndong a également été la représentante du Professeur Albert Ondo Ossa. Il est évident que si la victoire contestée d’Ali Bongo avait été maintenue, Laurence Ndong et Mays Moussi allaient dans tous les cas se voir attribuer des postes importants au sein d’un éventuel gouvernement d’union nationale visant à apaiser les tensions. De même, s’il s’était agi d’une victoire du Pr Ondo Ossa en 2023, il est indéniable que Laurence Ndong et Mays Moussi se seraient vu attribuer des maroquins, c’est-à-dire des postes ministériels. Quel que soit le résultat de ce scrutin contesté, leur ralliement leur assurait un strapontin au sein du gouvernement, quel qu’il soit. Ils avaient mis toutes les chances de leur côté pour obtenir une part du gâteau. Car en 2023, il ne faisait aucun doute que ces figures de l’opposition monnayeraient tôt ou tard leur soutien contre des responsabilités ministérielles.
Ne faites donc pas semblant aujourd’hui de l’ignorer : le ralliement de figures de l’opposition est une constante dans la stratégie de pacification des régimes gabonais successifs. Mme Ndong n’a fait que suivre cette voie toute tracée, avec votre complicité silencieuse. Vous fulminez aujourd’hui de la voir occuper le devant de la scène politique gabonaise. Vous ragez de la voir étaler son train de vie luxueux pour mieux vous narguer. Vous enragez de l’avoir vu obtenir une nomination pour son époux Cyrille Ndong, faveur qu’elle aurait également obtenue si Jean Ping était devenu président. Votre courroux actuel sonne creux, car vous connaissiez tous ses ambitions. Par le passé, vous avez laissé libre cours à ses petits arrangements, puisqu’ils servaient vos intérêts. À présent que le vent a tourné, prenez plutôt cela comme une leçon de realpolitik.
Fausse indignation
Dès l’arrivée d’Ali Bongo au pouvoir en 2009 et pendant tout son règne, j’ai payé ce franc-parler par la marginalisation, le mépris et le rejet. Ces quatre dernières années, l’accès à l’ambassade du Gabon m’a même été refusé. Néanmoins, rien n’a entamé mes convictions. Constante dans mes principes, persévérante malgré l’adversité, résolue face aux pressions, je demeure une femme debout, indomptable, que nul obstacle ne saurait réduire au silence.