Le Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC) 2024 a marqué un tournant décisif dans les relations entre la Chine et l’Afrique, en plaçant l’autonomisation des femmes au cœur de ses préoccupations.
Par Anne-Marie DWORACZEK – 11 septembre 2024
FOCAC 2024 : Cette édition marquante, placée sous le thème « Autonomisation des femmes« , a rassemblé de manière exceptionnelle les Premières dames d’Afrique et de Chine, unies dans leur engagement en faveur de l’égalité des sexes et de l’émancipation des femmes. Au-delà des discours, ce forum a vu la concrétisation d’actions et d’initiatives innovantes, illustrant une volonté partagée d’avancer sur cette question essentielle. L’accent mis sur l’éducation, l’entrepreneuriat et la lutte contre les violences liées au genre esquisse les bases d’une coopération sino-africaine renouvelée, orientée vers un développement durable et inclusif.
L’éducation : pierre angulaire de l’autonomisation féminine
L’éducation s’est imposée comme le pilier central des discussions du FOCAC 2024, reconnue unanimement comme le levier le plus puissant pour l’autonomisation des femmes et des filles. Mme Zita Oligui Nguema, épouse du président de la Transition Gabonaise, s’est particulièrement illustrée en soulignant l’importance fondamentale de l’éducation dans la lutte contre les inégalités. Son intervention passionnée a mis en lumière le rôle crucial de l’éducation comme facteur d’éveil, d’émancipation et d’autonomisation.
Le forum a été l’occasion de dresser un état des lieux de la situation éducative des filles en Afrique et en Chine. Les statistiques présentées ont révélé des progrès significatifs au cours de la dernière décennie, avec une augmentation notable du taux de scolarisation des filles dans de nombreux pays africains. Cependant, des disparités persistent notamment dans les zones rurales et les régions touchées par des conflits. En Chine, les efforts pour promouvoir l’éducation des filles ont porté leurs fruits, avec un taux de scolarisation proche de la parité dans l’enseignement primaire et secondaire.
Face à ces constats, les participantes ont élaboré un plan d’action ambitieux visant à éliminer les obstacles à l’éducation des filles. Ce plan prévoit surtout le renforcement des infrastructures scolaires, la formation d’enseignants sensibilisés aux questions de genre, et la mise en place de programmes de bourses spécifiquement destinés aux jeunes filles issues de milieux défavorisés. L’accent a également été mis sur l’importance de l’éducation tout au long de la vie, avec des initiatives visant à promouvoir l’alphabétisation et la formation professionnelle des femmes adultes.
Les discussions ont aussi abordé les défis émergents dans le domaine de l’éducation, tels que l’impact de la digitalisation et l’importance croissante des compétences technologiques. Les participants ont souligné la nécessité de combler le fossé numérique entre les sexes, en encourageant l’accès des filles aux filières STEM (Science, Technologie, Ingénierie et Mathématiques) et en développant des programmes de formation en compétences numériques précisément destinés aux femmes.
Promotion et protection des droits des femmes : un engagement renouvelé
La question des droits des femmes a occupé une place centrale dans les discussions du FOCAC 2024, avec une attention particulière portée aux avancées réalisées et aux défis persistants. Mme Peng Liyuan, Première dame de Chine et épouse du président Xi Jinping, a joué un rôle prépondérant dans ces échanges, apportant l’éclairage de l’expérience chinoise en la matière.
Son intervention a mis en lumière les progrès significatifs réalisés en Chine en matière de droits des femmes au cours des dernières décennies. Elle a notamment souligné l’amélioration de la représentation des femmes dans les sphères politiques et économiques, ainsi que les avancées en matière de protection juridique contre les discriminations et les violences basées sur le genre. Cependant, Mme Peng a également reconnu avec franchise les défis qui persistent, particulièrement en termes d’égalité salariale et de représentation aux plus hauts niveaux de décision.
Les discussions ont permis de dresser un panorama comparatif de la situation des droits des femmes en Afrique et en Chine. Les participants ont salué les progrès réalisés dans de nombreux pays africains, particulièrement en termes de législation protégeant les droits des femmes et de représentation politique. Toutefois, ils ont par ailleurs souligné la persistance de pratiques traditionnelles néfastes et de barrières culturelles qui entravent encore l’émancipation des femmes dans certaines régions.
Un consensus s’est dégagé autour de la nécessité d’une approche holistique pour promouvoir et protéger les droits des femmes. Cette approche englobe, non seulement le renforcement des cadres juridiques, mais aussi la sensibilisation des communautés. L’implication des hommes dans la lutte pour l’égalité des sexes et le soutien aux organisations de la société civile œuvrant pour les droits des femmes.
Les participants ont également abordé la question cruciale de l’accès des femmes aux services de santé, en particulier en matière de santé reproductive et maternelle. Des engagements ont été pris pour renforcer les systèmes de santé et améliorer l’accès des femmes à des soins de qualité, reconnaissant le lien intrinsèque entre la santé des femmes et leur autonomisation.
L’entrepreneuriat féminin : un moteur de développement économique
Au-delà de l’éducation et des droits fondamentaux, le FOCAC 2024 a accordé une attention particulière à l’autonomisation économique des femmes, avec un accent mis sur l’entrepreneuriat féminin. Les discussions ont souligné le rôle crucial des femmes entrepreneurs dans le développement économique, tant en Afrique qu’en Chine.
Les participants ont partagé des expériences réussies d’initiatives soutenant l’entrepreneuriat féminin dans leurs pays respectifs. Des programmes de microfinance spécifiquement destinés aux femmes, des incubateurs d’entreprises au féminin, et des réseaux de mentorat ont été présentés comme des outils efficaces pour promouvoir l’autonomisation économique des femmes.
Un point fort des discussions a été la présentation d’un nouveau fonds sino-africain pour l’entrepreneuriat féminin. Ce fonds, doté d’un budget initial conséquent, vise à fournir un soutien financier et technique aux femmes entrepreneurs africaines, avec un accent particulier sur les secteurs innovants et à forte croissance. Les modalités de gestion de ce fonds ont été longuement débattues, avec un souci de transparence et d’efficacité.
Les échanges ont également porté sur les obstacles spécifiques auxquels sont confrontées les femmes entrepreneurs, telles que l’accès limité au crédit, le manque de formation en gestion d’entreprise, et les contraintes liées aux responsabilités familiales. Des solutions innovantes ont été proposées, comme la création de centres de garde d’enfants au sein des pépinières d’entreprises, ou encore le développement de programmes de formation en ligne adaptés aux contraintes des femmes entrepreneurs.
Lutte contre les violences basées sur le genre : une priorité absolue
Le FOCAC 2024 a accordé une attention particulière à la lutte contre les violences basées sur le genre, reconnaissant que ces violences constituent un obstacle majeur à l’autonomisation des femmes. Les discussions ont permis de dresser un état des lieux alarmant de la situation, tant en Afrique qu’en Chine, soulignant la persistance de ce fléau malgré les progrès législatifs réalisés.
Les participants ont partagé leurs expériences en matière de prévention et de répression des violences basées sur le genre. Des initiatives innovantes ont été présentées, comme l’utilisation de technologies mobiles pour signaler les cas de violence, ou encore la mise en place de tribunaux spécialisés pour traiter rapidement ces affaires. L’importance de la sensibilisation et de l’éducation, en particulier auprès des hommes et des garçons, a été soulignée comme un élément clé de la prévention.
Un engagement fort a été pris pour renforcer la coopération sino-africaine dans ce domaine. Des accords ont été signés pour faciliter l’échange d’expertise, la formation des forces de l’ordre et du personnel judiciaire, et le soutien aux organisations de la société civile œuvrant sur le terrain. Un projet ambitieux de création d’un réseau sino-africain de centres d’accueil pour les femmes victimes de violence a également été lancé.
Le FOCAC 2024 marque ainsi une étape décisive dans la coopération sino-africaine en matière d’autonomisation des femmes. Les engagements pris et les initiatives lancées témoignent d’une prise de conscience collective de l’importance cruciale de cette question pour le développement durable et équilibré des nations. L’enjeu est maintenant de traduire ces engagements en actions concrètes, pour que l’égalité des sexes et l’émancipation des femmes deviennent une réalité tangible tant en Chine qu’en Afrique. Le succès de cette entreprise nécessitera une mobilisation continue, un suivi rigoureux des engagements pris et une adaptation constante aux défis émergents. Le FOCAC 2024 aura posé les jalons d’une coopération sino-africaine renouvelée, plaçant l’autonomisation des femmes au cœur de sa vision pour un avenir prospère et équitable.
