Le 4 mars 2025, Donald Trump a prononcé un discours historique devant le Congrès, marquant un moment clé de son retour à la Maison-Blanche. Dans une allocution d’une heure et quarante minutes, le président américain a réaffirmé sa vision d’une « Amérique de retour« , mêlant superlatifs et déclarations chocs. Entre un plaidoyer pour une nation renforcée et une rhétorique contre son prédécesseur Joe Biden. Ce discours a exacerbé les clivages politiques et soulevé de nombreuses critiques. Loin d’être un simple exercice oratoire, cette prise de parole a révélé les orientations stratégiques de son administration pour les années à venir.
Par Anne-Marie DWORACZEK-BENDOME | Journaliste
Une « nouvelle ère dorée »
Se présentant comme l’architecte d’un renouveau national, Donald Trump a insisté sur les succès présumés de son administration, affirmant que les États-Unis étaient « sur le point de connaître un retour en force comme le monde n’en a jamais connu« . Il a annoncé la création du « National Energy Dominance Council« , un projet visant à relancer la production pétrolière et gazière pour assurer l’indépendance énergétique du pays. Dans cette optique, il a dévoilé un plan de gazoduc en Alaska et de nouveaux droits de douane réciproques pour les importations agricoles, provoquant l’ire des démocrates et des défenseurs du climat. Ses partisans, galvanisés, ont applaudi ces mesures qu’ils considèrent comme des remparts contre les politiques « socialistes » de l’administration précédente.
Cependant, ces déclarations ont été accueillies avec scepticisme par l’opposition. La sénatrice démocrate Elissa Slotkin a dénoncé « une vision rétrograde« , arguant que ces politiques allaient « entraver les efforts climatiques et aggraver la crise environnementale« . En outre, la promesse de réduire les impôts tout en ramenant le budget à l’équilibre a été jugée irréaliste par plusieurs économistes. Malgré ces critiques, Trump a maintenu un ton triomphaliste, assurant que « beaucoup d’arnaques ont été trouvées et dénoncées » grâce à une équipe dirigée par Elon Musk, un allié de poids dans son projet de démantèlement du gouvernement fédéral.
L’opposition démocrate
Le discours de Trump a été marqué par une vive opposition de la part des démocrates, minoritaires au Sénat et à la Chambre des représentants. Dès son entrée au Capitole, une élue a brandi une pancarte indiquant « Ceci n’est pas normal« , illustrant le rejet de nombreux élus envers la politique du président. Des interruptions ont ponctué son discours, certains démocrates scandant « Faux » ou « Musk vole » en réponse à ses affirmations controversées. Un élu du Texas, Al Green, a été expulsé après avoir crié « Vous n’avez pas de mandat !« , symbole de la tension extrême qui régnait dans l’hémicycle. Le 4 mars, lors du discours de Donald Trump, certaines élues démocrates ont brandi des pancartes affichant des slogans tels que « faux », « Musk vole » et « sauver Medicaid », exprimant ainsi leur désaccord.
La cheffe de file démocrate Nancy Pelosi a dénoncé « un discours pétri de contre-vérités« , soulignant que les promesses de Trump sur la réduction de l’inflation et du coût de la vie n’avaient pas été tenues. « Au lieu de cela, son plan budgétaire augmente les coûts pour des millions d’Américains tout en accordant des allégements fiscaux aux milliardaires« , a-t-elle déclaré. Les démocrates ont également critiqué son approche agressive en matière d’immigration, qualifiant son projet d’expulsions massives de « politique inhumaine« . Malgré cette opposition, le président a semblé insensible aux critiques, déclarant que « le wokisme, c’est fini« , et promettant une Amérique recentrée sur les « valeurs traditionnelles« .
Politique étrangère
En matière de relations internationales, Trump a confirmé son intention de redéfinir la position des États-Unis sur la scène mondiale. Il a minimisé l’importance de l’aide américaine à l’Ukraine et a évoqué une lettre de Volodymyr Zelensky affirmant être prêt à négocier un accord sous sa médiation. « Nous avons eu des discussions sérieuses avec la Russie, et j’ai reçu des signaux forts qu’ils sont prêts pour la paix. N’est-ce pas magnifique ? », a-t-il lancé, suscitant à la fois inquiétude et perplexité. Pour ses détracteurs, cette déclaration reflète une complaisance dangereuse à l’égard de Vladimir Poutine, renforçant l’idée d’un retrait progressif du soutien américain à l’Ukraine.
En parallèle, il a réitéré son souhait d’intégrer le Groenland aux États-Unis « d’une manière ou d’une autre » et de « reprendre » le canal de Panama, affirmations qui ont laissé la communauté internationale sceptique.
Sa politique protectionniste s’est également illustrée par des attaques virulentes contre le Canada et le Mexique, accusés de profiter du commerce avec les États-Unis. « Ces offensives commerciales vont causer quelques perturbations« , a-t-il reconnu, tout en les justifiant par la nécessité de protéger l’économie nationale. Ce positionnement a provoqué des réactions mitigées : si ses partisans louent son pragmatisme, ses adversaires y voient un isolement dangereux des États-Unis sur la scène mondiale.
Un moment charnière pour l’Amérique
Ce discours du 4 mars 2025 restera comme un moment clé de l’histoire politique américaine. En galvanisant sa base électorale, Donald Trump a renforcé son emprise sur le Parti républicain, tandis que son discours a accentué la fracture avec l’opposition démocrate. Si ses promesses audacieuses séduisent une partie de la population, leur faisabilité reste sujette à caution. L’exaltation des valeurs nationalistes, le rejet des politiques progressistes et une politique étrangère imprévisible dessinent une présidence polarisante, où chaque mesure adoptée risque de nourrir davantage les tensions au sein du pays.
Les États-Unis entrent ainsi dans une période d’incertitude, où la vision de Trump s’impose avec force mais où l’opposition se montre déterminée à faire entendre sa voix. Entre réformes économiques ambitieuses, controverses sur l’immigration et défis géopolitiques, l’Amérique de Trump se profile comme un territoire de luttes et de débats intenses. Une seule chose est certaine : le président américain ne fait que commencer.