CONCLUSIONS DU 31E SOMMET DE L’UA

 

L’enfer est pavé de bonnes intentions

Les lampions se sont éteints sur le 31e sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA), hier, 2 juillet 2018, à Nouakchott, en Mauritanie. Pendant deux jours d’affilée, les dirigeants africains et leur hôte français, Emmanuel Macron, ont abordé, entre autres, les questions liées à la sécurité et à l’immigration tout en tentant de résoudre le  conflit entre le Maroc et la République sahraouie démocratique (RASD). Sur le plan sécuritaire, la France a, une fois de plus, exprimé son souhait de voir opérationnalisée la force conjointe du G5 Sahel dont le but sera de lutter contre le terrorisme. Et cela, il y a d’autant plus urgence  qu’en plein sommet de l’UA, le Quartier général de ladite force ainsi que des soldats français de l’opération Barkhane et les forces armées nigériennes ont été, tour à tour, visés par des attaques terroristes. Le bilan provisoire global fait état d’une vingtaine de morts. Sur la question migratoire, le président français, Emmanuel Macron, a exposé à ses pairs , les conclusions du dernier sommet de Bruxelles qui prévoit, entre autres, une coopération entre l’Office international des migrations et l’UA, pour reconduire les migrants illégaux vers leurs pays d’origine respectifs. Et enfin, abordant le sujet très sensible de la RASD, les chefs d’Etat et de gouvernement, marchant sur des œufs, ont désigné un quartet de trois présidents à savoir Paul Kagamé du Rwanda, Alpha Condé de la Guinée et Abdel Fatah-al-Sissi de l’Egypte ainsi que le président de la commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, pour tenter de trouver une solution à ce conflit qui n’a que trop duré. Mais, comme on le sait, ce ne sont pas les belles résolutions qui manquent. C’est plutôt leur mise en œuvre qui pose problème.

Le sommet de Nouakchott est une rencontre de plus

Et comme pour ne rien arranger, le nerf de la guerre qui n’est pas la chose la mieux partagée, se pose comme un obstacle rédhibitoire, surtout quand les partenaires internationaux ne se pressent pas pour cracher au bassinet. C’est le cas, par exemple, pour la force du G5 Sahel dont l’idée, faut-il le rappeler, a germé depuis 2015, mais qui, trois ou quatre ans après, peine toujours à prendre forme et corps. Il en est de même de la mise en œuvre annoncée  à grand renfort de tapage médiatique, de la force en attente de l’UA dont on ne parle même plus aujourd’hui. On peut multiplier les exemples, tant les dirigeants du continent africain sont coutumiers du fait, c’est-à-dire qu’ils excellent dans les prises de décisions qui ne sont pratiquement jamais suivies d’effets. C’est pourquoi on peut craindre que le sommet de Nouakchott qui vient de refermer ses portes, ne soit encore une rencontre de plus en ce sens qu’aucune mesure prise à l’occasion, n’impactera le quotidien  des peuples. Bien au contraire. L’on peut, par ailleurs, regretter l’omerta observée par Emmanuel Macron qui s’est refusé à aborder avec son homologue mauritanien, les questions qui fâchent, en l’occurrence la restriction des espaces des libertés individuelles, caractérisée par l’arrestation d’hommes politiques et d’affaires, de journalistes et de syndicalistes. Le président Macron voudrait encourager le non-respect des droits de l’Homme qu’il ne s’y prendrait pas autrement, surtout quand on sait que l’avocat du sénateur mauritanien, Mohamed Ould Ghadda, l’a nommément interpellé sur le sort de son client détenu en prison depuis onze mois. « La France, comme d’ailleurs l’ensemble des Etats du G5 Sahel, a d’abord intérêt à ce que le maximum de respect des droits soit assuré dans chacun des pays, puisque c’est quand même bien au nom du droit que ces pays se battent contre les djihadistes », a déclaré Me Mignard qui regrette au passage que le dossier de son client soit au point mort.

Boundi OUOBA 

Avec lepays.bf

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