Lambert-Noël Matha a installé dimanche 5 février 2023 les deux organes devant procéder cette semaine à l’élection du bureau du CGE © DR


Face à la cacophonie régnant au sein de l’opposition, incapable de s’accorder sur une liste consensuelle pour désigner ses représentants en vue d’élire les membres du bureau du Centre gabonais des élections (CGE), le ministre de l’Intérieur, inquiet face à la possibilité de non-respect du calendrier qu’il sait scruté par la Cour constitutionnelle, a pris ses responsabilités. 

Lambert-Noël Matha n’a pas craint de prendre ses responsabilités. Et de trancher.

L’opposition, minée par ses divisions, n’étant pas parvenue à un consensus pour désigner les neuf membres qui doivent participer aux côtés des neuf autres membres de la majorité à l’élection du président du CGE (Centre gabonais des élections), le ministre de l’Intérieur a, ce weekend, puisé parmi les différentes listes déposées par l’opposition pour les désigner. Dans la foulée, ce dimanche 5 février, Lambert-Noël Matha a installé les membres des deux commissions chargés d’élire le nouveau président du Centre gabonais des élections (CGE).

Alternance 2023 qualifiée de « mauvais perdant »

Mais cette initiative n’a pas eu l’heur de plaire à une partie de l’opposition, regroupée au sein de la plateforme Alternance 2023, qui a décidé de boycotter la cérémonie d’installation des membres désignés. En réalité, cette plateforme incluant des partis comme l’UN, le PSD ou Réagir, n’ayant pas réussi à imposer sa propre liste au détriment des autres tendances de l’opposition, s’est retirée du processus. « Ce sont des mauvais perdants », peste-t-on du côté d’une autre plateforme, la PG41. Ces dernières semaines, les dirigeants de ces deux plateformes, Paulette Missambo pour Alternance 2023 et Me Louis-Gaston Mayila pour la PG41, n’ont pas hésité à laver leur linge sale du la place public, la première reprochant au second de ne pas tenir parole, le second accusant la première de mensonge (lire notre article).

Stratégie de victimisation

« L’opposition ne peut s’en prendre qu’à elle-même. Ce sont ces divisions qui ont amené à cette situation. Et on ne peut pas attendre éternellement un hypothétique consensus », insiste un membre du cabinet du ministre de l’Intérieur qui rappelle que « la Cour constitutionnelle veille à ce que les délais ne soient pas dépassés ».

D’autres, justement, soupçonnent l’opposition de « jouer la montre » afin d’outrepasser les délais et mettre en porte-à-faux le gouvernement. « C’est l’impression que ça donne au vue de ce Vaudeville », déclare, convaincu, un représentant de la majorité. « Quoi qu’il en soit, c’est pathétique », souffle-t-il.

Ce professeur en science politique, quant à lui, y voit plutôt une « stratégie de victimisation ». « Il s’agit pour une partie de l’opposition de tenter de délégitimer le CGE en criant à la manipulation pour espérer obtenir des réformes du processus électoral », explique-t-il.

Faire le buzz par le clash

Une thèse plausible. Dans son communiqué annonçant ce dimanche 5 février le boycott de la cérémonie d’installation des représentants devant élire le bureau du CGE, Alternance 2023 souligne que « c’est le lieu pour nous d’insister sur la nécessité de procéder à des réformes et une restructuration profonde du Centre gabonais des élections au regard des limites actuellement constatées ».

« Il y a aussi la volonté de faire le buzz par le clash. L’opposition, très faiblement représentée dans les institutions, compte sur ses relais médiatiques habituels pour créer un rapport de force », ajoute-t-il. De fait, les médias publics français (RFI, l’AFP, etc.), toujours prompts à relayer les vues de l’opposition gabonaise, n’ont pas tardé à faire écho à la nouvelle.

Pour autant, il n’est pas sûr, loin s’en faut, que ce soit suffisant pour changer le cours des choses. Car, en attendant, Lambert-Noël Matha trace sa route, comptant bien respecter le calendrier. Du lundi 6 février au mercredi 8 février, auront lieu la réception et l’examen des candidatures au poste de président du CGE. Le jeudi 9 février, les membres du comité ad hoc auditionneront les différents candidats. L’élection du président du CGE est prévue, le lendemain, vendredi 10 février.



Avec LaLibreville

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