Au chapitre des infox et autres incongruités médiatiques, certains médias mainstream ont fait très fort. C’est le cas du Washington Post qui, dans un article récent, affirme ceci : « Cameroun-Ambazonie : des francophones veulent prendre les armes pour soutenir les séparatistes ».
L’article ressasse évidemment à l’envi la litanie « des crimes de l’armée camerounaise » dénoncée par Human Rights Watch et écrit : « Alors que le régime de Paul Biya dit combattre les séparatistes armés, l’ONG a compté au moins 170 civils tués ces six derniers mois. » Et puis, sans se rappeler des crimes et exactions des militaires US commis depuis bientôt 20 ans un peu partout dans le monde et surtout au Moyen-Orient, le Washington Post raconte comment les exactions des soldats radicalisent la population anglophone.
Cette partie de l’article n’a rien de novateur, dans la mesure où cela fait deux ans que l’axe anglo-saxon travaille sur la fameuse révolte anglophone qui devait scinder le Cameroun en deux sans que cette révolte-là finisse par apporter les fruits escomptés. Aux dernières nouvelles, c’est plutôt l’inverse qui est en train de se produire, car les Camerounais, bien que n’ayant pas une entière confiance en la personne de Biya, comprennent néanmoins le but de la manœuvre US contre l’intégrité de leur État.
Mais ce que cet article apporte de nouveau, c’est quand il évoque de prétendues velléités de guerre civile qui seraient nées au cœur des régions francophones. « Je ne veux plus entendre parler du Cameroun, je veux me battre pour créer un autre pays », aurait déclaré Daniel, un civil qui s’est enfui à Dschang, une ville francophone située à proximité d’une région anglophone, après que les forces gouvernementales ont attaqué son village et abattu une vieille dame. « Il a accepté de s’exprimer à condition de conserver l’anonymat, de crainte de représailles, comme l’ont fait d’autres Camerounais anglophones que nous avons interrogés », nous dit le journal.
S’il est vrai que ce genre d’information est à prendre avec les pincettes, le soi-disant témoignage du journaliste du Washington Post prouve une chose : la France s’est alignée sur la position US dans le dossier camerounais. Christophe Guilhou, un diplômé en sciences politiques et de l’Institut des langues et civilisations orientales, est d’ailleurs le nouvel ambassadeur de France au Cameroun.
Avant Djibouti, M. Ghilhou a été, entre autres, numéro 2 de la représentation de son pays aux Émirats arabes unis et en Syrie, consul général à Boston (États-Unis), puis directeur de la paix, de la démocratie et des droits de l’homme à l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). C’est dire avec quel genre de vision l’ambassadeur commencera son mandat au Cameroun. Il se dit bien mécontent que la France, par ailleurs partenaire multisectoriel, soit le 4e client du Cameroun en 2018 avec 6,3 % des exportations, derrière la Chine avec 23,9 %.
Par Regardsurlafrique avec Presstv