La révolte étudiante au Bangladesh, provoquée par un système de quotas perçu comme inéquitable, a abouti à la démission de Sheikh Hasina et à l’ascension de Muhammad Yunus au pouvoir, signant un tournant politique crucial.
Le tournant au Bangladesh
La République populaire du Bangladesh a connu un bouleversement politique majeur en cette année 2024, suite à révolte étudiante qui a conduit à la démission de la Première ministre Sheikh Hasina et à l’ascension de Muhammad Yunus, lauréat du prix Nobel de la paix, au poste de conseiller principal du gouvernement. Ce tournant historique s’est déroulé en plusieurs étapes cruciales, révélant les tensions profondes au sein de la société bangladaise et la détermination de la jeunesse à forger un avenir plus équitable.
L’étincelle de la révolte : Le système de quotas dans la fonction publique
Le point de départ de la révolte étudiante remonte au début de juillet 2024, lorsque des milliers d’étudiants se sont mobilisés contre un système de quotas dans la fonction publique. Ce système, mis en place sous le gouvernement de Sheikh Hasina, réservait une part substantielle des emplois publics aux enfants et petits-enfants des anciens combattants de la guerre d’indépendance du Bangladesh. Cette mesure, perçue comme injuste et partiale, favorisait ceux qui étaient politiquement proches de la Première ministre et de son parti, la Ligue Awami. Les jeunes diplômés, déjà confrontés à un marché du travail saturé et à un taux de chômage élevé, voyaient dans ce système une barrière infranchissable à leur avenir professionnel.
L’escalade des manifestations : Un cri pour la démission de Hasina
Les manifestations ont rapidement pris de l’ampleur, rassemblant non seulement des étudiants, mais aussi des citoyens de divers horizons. Ce mouvement, initialement centré sur la question des quotas, a évolué pour inclure des revendications plus larges, notamment l‘abolition complète du système et la démission de Sheikh Hasina. Le gouvernement, sourd aux demandes des manifestants, a ignoré un ultimatum qui exigeait la libération des leaders étudiants emprisonnés et des excuses pour les victimes des récentes émeutes.
La répression. Face à la montée en puissance du mouvement, Sheikh Hasina a opté pour une réponse répressive. Des forces paramilitaires, notamment la Ligue Chhatra, bras armé du parti au pouvoir, ont été déployées pour contenir les protestations. Les affrontements qui en ont résulté ont été violents et sanglants, faisant de nombreuses victimes parmi les manifestants. Cette répression brutale a attisé la colère populaire et renforcé la détermination des étudiants à poursuivre leur lutte.
La chute de Sheikh Hasina
Après un mois de lutte acharnée, la pression exercée par les manifestants a atteint son paroxysme. Le 5 août, des milliers de protestataires ont pris d’assaut le palais de la Première ministre à Dacca. Acculée, Sheikh Hasina a été forcée de fuir la capitale, se réfugiant en Inde. Quelques jours plus tard, elle a officiellement annoncé sa démission. Ce retrait a marqué la fin de son règne, résultat direct de la mobilisation étudiante et de la pression populaire.
L’arrivée de Muhammad Yunus : Un nouveau chapitre pour le Bangladesh
Avec la chute de Sheikh Hasina, les manifestants ont exprimé leur volonté de voir Muhammad Yunus, figure respectée et opposant au régime, prendre les rênes du gouvernement. Yunus, fondateur de la Grameen Bank et pionnier du microcrédit, jouissait d’une popularité immense tant au niveau national qu’international. Les étudiants, ainsi que de nombreux autres citoyens, voyaient en lui un leader capable de restaurer la justice et l’équité dans le pays. Le général Waker-Uz-Zaman, chef de l’armée, a annoncé la formation d’un gouvernement intérimaire sous la direction de Yunus, excluant le parti de Sheikh Hasina de toute influence.
Les conséquences économiques et politiques
La révolte étudiante a eu des répercussions profondes sur l’économie bangladaise. Les manifestations ont paralysé les infrastructures de transport, perturbé les chaînes d’approvisionnement et entraîné des pertes économiques significatives. La fermeture des établissements éducatifs a interrompu l’éducation de millions de jeunes, ce qui pourrait avoir des effets à long terme sur le capital humain du pays. Par ailleurs, l’impact sur le marché du travail, exacerbé par le système de quotas, a laissé une génération entière de diplômés dans l’incertitude.
Le Défi de la Transition. L’avenir du Bangladesh repose désormais entre les mains de Muhammad Yunus et de son gouvernement intérimaire. Leur principal défi sera de restaurer la confiance dans le processus démocratique et d’organiser des élections libres et équitables. Yunus a déjà lancé un appel au calme, exhortant ses concitoyens à éviter la violence et à se concentrer sur la reconstruction du pays. Cependant, la tâche est immense, avec des réformes institutionnelles nécessaires pour assurer une transition pacifique. La communauté internationale, bien qu’inquiète, observe avec attention les développements au Bangladesh, prête à soutenir un retour à la stabilité.
La force du peuple : Une jeunesse en quête de Justice
Les événements de 2024 au Bangladesh illustrent parfaitement la puissance d’un mouvement populaire porté par une jeunesse désillusionnée mais déterminée. La chute de Sheikh Hasina et l’ascension de Muhammad Yunus marquent un tournant dans l’histoire du pays, un moment où la voix des jeunes a réussi à renverser un régime perçu comme corrompu et autoritaire. Le Bangladesh se trouve désormais à un carrefour critique, avec l’espoir d’un avenir plus juste et démocratique, guidé par les aspirations de sa jeunesse engagée et déterminée.
Rédaction DBnews
09/08/2024