Jean Ping,opposant Gabonais
En rappelant dans son dernier discours « à la nation » que le problème principal auquel fait face le pays est non pas l’état de santé d’Ali Bongo mais plutôt sa prétendue « usurpation du pouvoir » depuis le 31 août 2016, le leader de la CNR montre ni plus ni moins que son soutien à l’Appel à agir n’est que de pure façade, si ce n’est qu’il n’y voit qu’une sorte de pis-aller politique en attendant son heure de gloire.
Alors que des fidèles soutiens de l’opposant attendaient de lui un message marquant une nouvelle étape déterminante vers une issue favorable de leur « résistance » post-électorale entamée il y a plus de deux ans déjà, alors que d’autres d’entre eux espéraient au moins que des directives claires en soutien à l’initiative des « Dix enfants de la République » en émaneraient, la déclaration de Jean Ping-ce 30 mars-n’aura été finalement qu’un énième florilège de redites et de redondances sur l’idée catastrophiste qu’il n’a cessé de se faire du Gabon depuis lors. Au cours de cette intervention d’un peu moins de douze minutes, dans un décors peu propice à magnifier un quelconque enthousiasme auprès de ses auditeurs assidus, l’homme ne s’est en effet borné qu’à dresser un tableau extrêmement sombre de la situation du pays, qualifiant même de « démence » l’état d’esprit avec lequel les autorités en place conduiraient la nation vers le gouffre.
En analysant de près l’ensemble de cette déclaration effectuée, curieusement, à la veille de la date butoir annoncée par les auteurs de l’Appel à agir du 28 février dernier, pour déclencher un ensemble d’actions visant la constatation de la vacance de pouvoir à la Présidence de la République, il n’est guère difficile d’y trouver des non-dits et autres subtilités sémantiques démontrant que l’ancien diplomate a davantage souhaité « torpiller » cette démarche au lieu de la conforter ou tout au moins de l’encourager. En réalité, Jean Ping est parfaitement conscient que si une application de l’article 13 venait à être effective maintenant, cela ne pourrait signifier autre chose pour lui que l’enterrement du contentieux de 2016 qui, il faut le dire, reste son fonds de commerce politique et le fil d’Ariane du leadership qu’il tente tant bien que mal de maintenir à la tête de l’opposition gabonaise.
En ce sens, cette déclaration aux allures de chant désespéré du cygne, si tant est qu’elle a au moins permis à Jean Ping de ne pas se faire oublier dans le contexte actuel, traduit ses craintes nouvelles de voir prospérer un débat constitutionnel faisant d’ores et déjà ombrage à ses aspirations qui, au demeurant, s’avèrent de plus en plus chimériques. Car quoi qu’on en dise, les perspectives qu’ouvriraient une vacance de pouvoir à la tête de l’Etat ne feraient de lui que le plus grand perdant de l’histoire.
Avec Investir Gabon