Affaire FOBERD GABON : Recadrage d’Ernest Ndong Nguema et de ses sbires

Au cœur des convulsions politiques et économiques de la transition gabonaise, une récente déclaration a déclenché une vive polémique. Ernest Ndong Nguema, ancien directeur général des hydrocarbures, s’est exprimé le 18 mars 2025 dans les colonnes du journal « Gabon Aujourd’hui« , lançant une critique virulente contre Marcel ABEKE, son ancien supérieur hiérarchique. Cette sortie médiatique, qui concernait la société FOBERD GABON et l’attribution du marché des rebuts ferreux et non ferreux par le ministère du Pétrole, mêlait allégations infondées et accusations mensongères. Bien que présentées comme des « révélations« , ses déclarations semblent davantage motivées par une volonté de règlement de comptes personnel que par un réel souci de transparence.

 [Économie ] | Par la rédaction

Rebuts ferreux et non ferreux, polémique stérile d’Ernest Ndong Nguema .
Rebuts ferreux et non ferreux, polémique stérile d’Ernest Ndong Nguema

Manœuvre dilatoire

Alors que le pays traverse une période de reconfiguration étatique à l’approche de l’élection présidentielle du 12 avril prochain, certains utilisent les médias pour régler leurs comptes personnels. Au lieu de remplir leur mission d’information, ces médias deviennent ainsi des instruments d’attaque, exposant à la vindicte populaire des individus qui dérangent leurs commanditaires.

C’est précisément ce qui s’est produit le 18 mars 2025 avec le média « Gabon Aujourd’hui », qui a servi une fois de plus d’exutoire à l’ancien directeur général des hydrocarbures, Ernest Ndong Nguema. Celui-ci s’en est pris violemment à son ancien supérieur, le ministre du Pétrole, Marcel ABEKE.  Dans une diatribe à caractère xénophobe, Gabon Aujourd’hui, accuse explicitement le ministre d’avoir attribué le marché des « rebuts ferreux et non ferreux » à la société FOBERD GABON, appartenant à l’homme d’affaires camerounais Bernard FOKOU. Une entité installée au Gabon depuis plusieurs années, active dans divers secteurs économiques du pays.

Pour rappel, Ernest NDONG NGUEMA, qui est retourné vivre aux États-Unis après avoir refusé le poste de Directeur Général de la Gabon Oil Company (Gab’Oil), nourrit une rancune tenace envers Marcel ABEKE, qu’il tient pour responsable de son retour avorté au Gabon. Son départ en catimini s’est fait sans en informer préalablement le président de la transition, Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA.

Le 18 mars 2025, les accusations d’Ernest Ndong Nguema par le truchement des colonnes de
Le 18 mars 2025, les accusations d’Ernest Ndong Nguema par le truchement des colonnes de « Gabon Aujourd’hui »

Les turpitudes d’Ernest Ndong Nguema

Ernest Ndong Nguema fut intégré au gouvernement de la transition à la suite du coup d’État du 30 août 2023, qui consacra l’accession des militaires au pouvoir au Gabon. Animé par la volonté d’impliquer davantage la diaspora gabonaise dans la reconstruction du pays, le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, se vit proposer son nom.

Toutefois, contrairement aux allégations qu’il entretenait habilement ou aux impressions qu’il laissait transparaître, Ernest Ndong Nguema n’était nullement en activité lors de sa nomination. En réalité, il était sans emploi, bien que son parcours dans le secteur pétrolier aux États-Unis lui conférât une certaine légitimité technique. Avant le putsch, il avait même sollicité un poste auprès d’une entreprise pétrolière américaine opérant au Gabon, attestant ainsi de son besoin impérieux de réinsertion professionnelle.

Il importe également de souligner qu’aucun lien préalable ne l’unissait au président de la Transition. Pourtant, une fois nommé, il usa ostensiblement de cette prétendue proximité pour s’affranchir des règles élémentaires de la hiérarchie administrative. Multipliant les actes d’insubordination, se détourna de son supérieur direct et préférant s’adresser directement au président Oligui Nguema ou à son Conseiller spécial Arnauld Calixte Engandji-Alandji, en charge des mines, des hydrocarbures et de l’énergie. Ce comportement, teinté d’arrogance et d’inconséquence, illustre à quel point son passage au ministère du Pétrole fut marqué par l’opacité et des velléités personnelles, plutôt que par une réelle volonté de servir l’intérêt général.

Fin décembre 2024 – Nomination de M. Ernest Nguema
Fin décembre 2024 – Nomination de M. Ernest Nguema

MÉDIA AUJOURD’HUI : Porte-flingue

La connivence entre MÉDIA AUJOURD’HUI et Ernest Ndong Nguema est manifeste et indéniable. Le 16 septembre 2024, ce média publiait sur sa page Facebook un article au titre alarmiste : « NATIONALE – MINISTÈRE DU PÉTROLE ET DU GAZ/DIRECTION DES HYDROCARBURES : « Qui en veut à Ernest Ndong Nguema ? – Une victimisation inutile et grotesque ! »

Dans un élan de glorification outrancière, l’article dépeignait Ernest Ndong Nguema comme un incorruptible justicier, prétendument à l’origine du démantèlement d’un réseau mafieux de trafic de rebuts ferreux et non ferreux issus de l’industrie pétrolière. Selon cette narration biaisée, il aurait, après avoir été informé de l’interception à Port-Gentil, en septembre 2023, de l’exportation frauduleuse d’une cargaison de ces déchets industriels, estimée à plus de 300 millions FCFA, décidé que cette activité devait être réservée aux opérateurs nationaux et soumise à des appels d’offres transparents.

Toutefois, ce que l’article omettait délibérément de mentionner, c’est que le ministre du Pétrole, Marcel Abeke, ne pouvait en aucun cas être impliqué dans ce dossier. En effet, avant sa nomination le 9 septembre 2023, il n’avait jamais exercé dans le secteur pétrolier, ni de près ni de loin. Toute analyste rationnelle aurait conclu à son innocence, puisqu’il venait à peine de prendre ses fonctions et ne pouvait donc être mêlé à ces exportations illicites. Pourtant, dans une mise en scène soigneusement orchestrée, Ernest Ndong Nguema fut présenté comme un chevalier blanc, traqué pour avoir révélé de supposées malversations.

MÉDIA AUJOURD’HUI, dans une campagne d’endoctrinement médiatique, alla même jusqu’à accuser certains membres du Parti Démocratique Gabonais et leurs alliés étrangers d’être les véritables instigateurs de ce trafic, nourrissant ainsi un récit aux accents complotistes. Mais derrière cette façade de probité, une réalité bien plus sombre se dessinait. Ernest Ndong Nguema, loin d’être l’incarnation de l’intégrité, avait lui-même, en amont de cette affaire, créé par l’intermédiaire d’un prête-nom – un parent proche – une société enregistrée auprès de l’Agence Nationale de la Promotion des Investissements du Gabon (ANPI-Gabon). Son objet ? Le commerce précisément des rebuts ferreux et non ferreux qu’il prétendait vouloir assainir.

Cette duplicité fut mise en lumière par le journaliste Chamberland Moukouama, qui, preuves à l’appui, dévoila ces manœuvres dans une série de vidéos diffusées sur les réseaux sociaux. Ainsi, l’image d’un sauveur providentiel, soi-disant défenseur des intérêts nationaux, se révéla être une mystification savamment entretenue. C’est cela, véritablement, « être au four et au moulin« .

30 mai 2024 – Gabon – Visite de la ministre Marie Paulette Parfaite Amouyeme à la zone industrielle de Nkok.
30 mai 2024 – Gabon – Visite de la ministre Marie Paulette Parfaite Amouyeme à la zone industrielle de Nkok.

Réforme des rebuts : priorité aux acteurs nationaux

Le secteur des rebuts ferreux et non ferreux au Gabon connaît une profonde restructuration depuis le 30 août 2023. Cette date marque un tournant décisif dans la gestion d’une filière autrefois fragilisée par des pratiques illicites.

Avant cette réforme, le cadre réglementaire s’articulait autour d’arrêtés et de décrets définissant les conditions d’exploitation, de commercialisation et d’exportation de ces matériaux. Les rebuts se divisaient en deux catégories : les ferreux (fer pur ou faiblement allié comme la fonte et l’acier) destinés principalement à la sidérurgie, et les non ferreux (aluminium, cuivre, plomb, zinc, étain, nickel, chrome et inox) utilisés dans des secteurs variés comme l’électronique et la construction. Malgré l’obligation d’obtenir un agrément technique délivré conjointement par les ministères du Commerce et de l’Industrie, et les restrictions imposées aux exportations, le secteur souffrait d’un trafic persistant, particulièrement à Libreville et Port-Gentil où des saisies régulières révélaient des tentatives d’exportations frauduleuses.

Dans un souci de transparence et de souveraineté économique, l’administration du Commerce a adopté une approche plus rigoureuse depuis août 2023. Seules quatre autorisations d’exportation pour la fonte et l’inox ont été accordées, exclusivement à des entreprises détenues par des nationaux. Cette nouvelle politique vise à favoriser l’émergence d’acteurs locaux capables de s’imposer sur le marché international et de créer des emplois. Parallèlement, le renforcement des contrôles pour l’obtention d’agréments techniques et d’autorisations d’exportation témoigne de la volonté des autorités de limiter le trafic illégal tout en encourageant la valorisation locale des rebuts par des unités de transformation gabonaises.

Cette refonte réglementaire marque ainsi la détermination du gouvernement à structurer un secteur longtemps délaissé pour en faire un véritable levier de développement économique national, historiquement dominé par des intérêts étrangers.

Rebuts ferreux et non ferreux. Gabon - Souveraineté économique.
Rebuts ferreux et non ferreux. Gabon – Souveraineté économique.

Souveraineté économique : Au-delà des accusations contre FOBERD-Gabon, les faits

FOBERD-Gabon s’est inscrit, sous l’ancien régime d’Ali Bongo, dans la dynamique de transformation locale des rebuts métalliques en produits finis, notamment du fer à béton. Cette démarche s’alignait sur la politique nationale de valorisation industrielle, visant à maximiser l’exploitation des ressources sur le territoire plutôt qu’à les exporter à l’état brut.

Si la continuité de l’État impose naturellement le respect des engagements contractés avant la transition du 30 août 2023, elle n’exclut pas pour autant une analyse critique des accords conclus sous l’ancien régime. Toutefois, une telle remise en question doit s’appuyer sur des critères factuels et économiques plutôt que sur des considérations personnelles ou partisanes. Le véritable enjeu réside dans l’équilibre entre exportation et transformation locale. Une étude indépendante, publiée en septembre 2024 par l’Université Omar Bongo, met en exergue un différentiel significatif : la valeur ajoutée issue de la transformation locale est 3,7 fois supérieure à celle de l’exportation brute. De surcroît, cette chaîne de valeur profite directement à 47 PME gabonaises, qu’elles soient fournisseurs ou sous-traitantes, consolidant ainsi le tissu économique national.

Face aux controverses, le ministère du Pétrole et des Hydrocarbures a tenu à clarifier la situation. Dans un communiqué officiel daté du 12 janvier 2025, il a rappelé que les opérateurs nationaux conservent un droit d’exportation, à condition de satisfaire en amont un quota minimal d’approvisionnement du marché local. Ce cadre réglementaire invalide de facto les accusations de monopole et confirme l’existence d’un équilibre entre intérêts nationaux et attractivité des investisseurs. Au-delà du seul cas FOBERD-Gabon, cette affaire soulève une question fondamentale : comment conjuguer l’attractivité des capitaux étrangers avec la promotion des acteurs économiques locaux ? Comment optimiser la valeur ajoutée nationale sans entraver la compétitivité des entreprises ?

L’enjeu n’est pas d’alimenter des antagonismes réducteurs entre intérêts nationaux et étrangers, mais plutôt d’élaborer des cadres réglementaires rigoureux, transparents et appliqués de manière équitable. À l’approche de l’élection présidentielle du 12 avril 2025, les Gabonais méritent un débat économique structuré, fondé sur des faits tangibles plutôt que sur des invectives et des attaques ad hominem.

Gabon, l’homme affaires camerounais Bernard FOKOU et le président de la Transition Oligui Nguema.
Gabon, l’homme affaires camerounais Bernard FOKOU et le président de la Transition Oligui Nguema.

L’affaire FOBERD : Marcel Abeke face aux manœuvres déloyales

Depuis son installation en novembre 2015 dans la Zone économique à régime privilégié (ZERP) de Nkok, FOBERD-Gabon s’est imposé comme un acteur clé du secteur sidérurgique national. Toutefois, son usine de production d’acier faisait face à des difficultés récurrentes d’approvisionnement en matières premières, mettant ainsi en péril la continuité de ses opérations.

Conscient de l’enjeu stratégique que représente cette industrie, le gouvernement a jugé impérieux d’apporter son soutien à FOBERD-Gabon. C’est dans ce cadre que le ministre du Pétrole, Marcel Abeke, s’est vu confier la mission de garantir un approvisionnement régulier en rebuts ferreux et non ferreux, condition sine qua non à la viabilité du projet. Par ailleurs, la volonté des nouvelles autorités d’encourager l’expansion industrielle s’est matérialisée par l’invitation adressée à FOBERD-Gabon de construire une seconde usine à Port-Gentil. Or, cette expansion ne pouvait être envisagée sans la certitude d’un accès pérenne aux matières premières.

Il est paradoxal, voire incohérent, d’inciter les investisseurs à engager leurs capitaux propres pour, par la suite, compromettre leurs activités par des manœuvres hostiles. FOBERD-Gabon contribue significativement à l’économie nationale en créant de l’emploi et en recrutant des Gabonais. Toute tentative d’entrave à son développement relève donc d’une logique délétère, nuisible aux ambitions de diversification économique prônées par le gouvernement.

Les accusations proférées par Ernest Ndong Nguema s’inscrivent dans une démarche ouvertement malveillante. Contrairement à ses allégations fallacieuses, Marcel Abeke n’a aucunement attribué le marché des rebuts métalliques à un opérateur camerounais au détriment des entreprises locales. Bien au contraire, ces matériaux sont prioritairement cédés à des PME gabonaises, lesquelles se sont engagées à les revendre localement à FOBERD-Gabon pour la fabrication de fer à béton. Ainsi, cette énième tentative de discréditer le ministre du Pétrole ne saurait être interprétée autrement que comme l’expression d’une rancœur personnelle, dénuée de toute objectivité.

 

DBNEWS
21/03/2025

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