L’exploitation illégale d’or est un véritable fléau au Gabon © DR


Dans la nuit du mercredi 14 au jeudi 15 septembre à Bakoumba, plusieurs écogardes et des agents du B2 ont risqué leur vie lors d’une intervention visant à mettre un terme à une exploitation aurifère illégale aux mains de trafiquants étrangers. Cet incident donne lieu depuis quelques heures à une campagne de désinformation. Voici ce que l’on sait réellement de cette affaire à cette heure.  

  • Dans la nuit du mercredi 14 au jeudi 15 septembre 2022, une unité d’éco-gardes de l’Agence des Parcs nationaux (ANPN), chargée de la lutte contre la criminalité faunique, épaulée par des agents du B2 dans le cadre d’une opération conjointe, a été contrainte d’ouvrir le feu sur des exploitants illégaux d’or de nationalité congolaise qui se trouvaient sur un site exploité régulièrement par une entreprise titulaire de permis en bonne et due forme.
  • Puissamment armés, ces trafiquants auraient, selon plusieurs témoins, ont ouvert le feu après que les écogardes ont effectué les sommations d’usage. « A peine la sommation faite, une pluie de balles de gros calibres s’est abattue sur mes collègues et moi », témoigne l’un d’entre eux encore sous le choc.
  • Ripostant en situation de légitime défense, les écogardes ont blessé trois trafiquants dont la vie n’est nullement en danger.
  • Avec une célérité rarement vu au Gabon, des gendarmes, appelés à la rescousse par les les exploitants illégaux, se sont aussitôt rendus sur les lieux. Ils ont été suivis, quelques minutes plus tard, par le Samu social, réquisitionné pour l’occasion, qui leur prodigue les premiers soins, ainsi que des soins surérogatoires (de confort).
  • Dix-sept individus, tous de nationalité étrangère et ne pouvant justifier de leur présence sur le sol gabonais, ont été appréhendés. Les agents des parcs nationaux et leurs collègues du B2 ont aussi saisi des armes et des munitions de très gros calibres aux mains de ces criminels.
  • Quelques heures après l’incident, des articles ont fleuri dans des médias notoirement proches de l’opposition qui dépeignent une « agression sauvage » de la part des écogardes à l’endroit de « paisibles exploitants d’or » présentées comme d’ « innocentes victimes ». Ce qui est faux. Les écogardes et les agents du B2 ont mené cette opération conformément à la loi (l’exploitation non autorisée d’or étant illégale), ont répliqué aux trafiquants, de surcroit en situation illégale sur le territoire gabonais, en état de légitime défense.
  • Ces articles, qui mêlent le travestissement de la réalité et l’inversion des valeurs, poursuivent au moins trois objectifs : 1) protéger la « poule aux œufs d’or » (l’exploitation aurifère illégale étant très lucrative) mais aussi 2) obtenir la tête d’un homme, le Commandant, Hubert Ella Ekogha, le directeur technique de l’Agence nationale des Parcs nationaux du Gabon (ANPN), connu pour sa détermination à mener une lutte sans merci contre les trafics en tout genre. Et 3), à travers lui, déstabiliser le porte-parole de la Présidence de la République, Jessye Ella Ekogha, dont il est le frère. Les médias proches de l’opposition reprochent en effet à ce dernier d’avoir mis un terme à certaines pratiques lors de son arrivée à ce poste fin 2019 (lire notre article).
  • Compte tenu de l’ensemble des éléments qui composent cette situation pour le moins surprenantes, plusieurs sources au sein de l’appareil sécuritaire gabonais soupçonnent une collusion entre certains autorités locales, certains gendarmes et les exploitants illégaux d’or.
  • En raison de la tournure prise par les événements, une réaction de l’autorité hiérarchique, en l’occurrence du ministre de la Défense, est attendue. De même, la Justice pourrait se saisir de ce dossier qui témoigne de graves dysfonctionnements au sein de l’appareil d’Etat.
  • « Nous sommes menacés chaque jour par ces gens qui n’ont peur de personnes et se baladent en ville devant les autorités. Cela créé de l’insécurité car il y a des armes, de la drogue et de la prostitution », déclaré un élu de Bakoumba. Cette situation qui présente un risque sécuritaire majeur pourrait se transformer en drame social avec le départ de l’entreprise qui exploite légalement le site. Ce départ mettrait au chômage une centaine de Gabonais environ.
  • En mai 2021, 113 orpailleurs clandestins avaient été arrêtés dans les sites de Minkébé, Bakoudou et Moyabi, grâce à une opération conjointes des forces de défense et de l’agence nationale des parcs nationaux. Déjà à cette époque, la collusion avec plusieurs responsables administratifs avaient été soulevée. A ce jour aucune sanction exemplaire n’a été prise.
  • Les autorités gabonaises estiment à environ 75 milliards de FCFA par an le manque à gagner de l’Etat à cause du trafic.



Avec LaLibreville

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