L’ancien journaliste l’aurait, selon plusieurs témoins, déclaré en privé. Le début de la fin pour la carrière politique d’Eric Zemmour?

Affaibli par ses défaites aux élections présidentielle et législative, Eric Zemmour tente de s’écrire un avenir politique avec son mouvement, Reconquête!, dont le changement de statut a provoqué la colère de figures historiques, Gilbert Collard en tête.

« Je suis fier et heureux de vous annoncer que vous avez été plus de 96% à voter pour les nouveaux statuts de notre parti »: samedi, l’ancien polémiste s’est voulu triomphal pour annoncer la mue de son parti politique, première étape d’une rentrée médiatique et politique dont le point d’orgue doit se tenir durant le week-end aux confins du Var et des Alpes-de-Haute-Provence, le temps d’une université d’été.

L’ambiance promet toutefois d’être orageuse : Gilbert Collard s’est insurgé sur Twitter contre ces élections internes qui, selon lui, ne « respectent pas le processus démocratique ». L’avocat marseillais a promis de prendre la parole samedi matin lors du raout provençal.

Car, à la faveur des nouveaux statuts entérinés, l’ancien RN qui avait rallié Eric Zemmour l’hiver dernier, a perdu son titre de « président d’honneur » de Reconquête!, fonction purement et simplement supprimée de l’organigramme du parti.

De même, le « Comité politique » n’existe plus : l’une de ses membres, Jacline Mouraud, figure des « gilets jaunes », a annoncé lundi claquer la porte du mouvement politique, en dépeignant l’ex-candidat à la présidentielle comme « un homme sous l’influence notoire de sa compagne, Sarah Knafo » à la « conduite autocratique ».

Un autre ponte de ce feu comité, l’eurodéputé Jérôme Rivière, également ex-RN, se présente pour sa part désormais comme un « simple adhérent » de Reconquête! En même temps qu’il a affiché son soutien à la grogne de Gilbert Collard.

Pour diriger le parti d’extrême droite, les nouveaux statuts prévoient un « bureau exécutif » présidé par Eric Zemmour et composé de trois vice-présidents élus par le Congrès mais « sur proposition du président », ainsi qu’ »un à trois » membres supplémentaires désignés directement par le même président. Manière d’assurer à Eric Zemmour la mainmise pendant au moins les trois prochaines années, durée de son mandat à la tête du parti.

Les adhérents ont jusqu’à mercredi pour entériner la reconduction de Marion Maréchal, Nicolas Bay, Guillaume Peltier, Stanislas Rigault et Sarah Knafo dans l’instance exécutive.

«Analphabète»

Au-delà, c’est la stratégie d’Eric Zemmour qui est remise en cause. Avec 7,07% des suffrages recueillis au premier tour de la présidentielle, l’ancien journaliste est certes parvenu à se dégager un espace politique à droite, mais n’a pas fait le poids face à Marine Le Pen et au Rassemblement national.

« Ce que Zemmour n’a pas compris, c’est que la France n’est pas conservatrice », note un député RN, « et il n’arrivera jamais à capter un électorat populaire ». Dans son long communiqué de démission, Jacline Mouraud pointe, elle aussi, un manque de « compréhension des préoccupations des gens ordinaires ».

Après la bérézina des législatives – pas un seul candidat Reconquête! Élu, Eric Zemmour éliminé dès le premier tour dans le Var -, l’ancien journaliste avait selon plusieurs témoins déclarés en privé : « La France populaire est analphabète ».

« Cette phrase, à laquelle seules deux personnes ont réagi, à savoir Gilbert Collard et Jérôme Rivière, a donc été validée par le reste des membres présents », s’indigne l’ancienne leader des « gilets jaunes », qui déplore par ailleurs « un manque cruel de discernement sur la sociologie des adhérents, des militants et des électeurs de Reconquête ».

Ce week-end, il s’agira d’ailleurs de compter les troupes, alors que plus de 5.000 militants sont annoncés. Et si, longtemps, le parti a revendiqué plus de 130.000 adhérents, seuls 32.000 ont pris part au vote sur le changement de statuts.

Le début de la fin pour la carrière politique d’Eric Zemmour? « J’ai réfléchi, j’ai pensé arrêter et puis je me suis dit : (…) je me suis jeté à l’eau pour tenter d’arrêter la disparition programmée de la France », a-t-il fait valoir lundi sur BFMTV. En estimant une fois encore que s’il avait « eu tort électoralement », il avait « eu raison pour l’Histoire ».

RSA avec AFP



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