« Mère de la nation »: combien de générations faut-il pour façonner un pays ?



« Mère de la nation »: combien de générations faut-il pour façonner un pays ?

« Mère de la nation »: combien de générations faut-il pour façonner un pays ?

De plus en plus de jeunes font le choix de revenir dans leur pays d’origine. Celui où leur famille a vu le jour et pris ses racines. Un mouvement de retour qui n’est pas à l’abri des difficultés et des surprises comme en témoignent divers « repatriés » interrogés au sein de la collection Génération Africa*** A voir sur arte.tv ou sur YouTube.

Quels sentiments éprouver à l’égard d’un pays où vous n’êtes pas née, où vous n’avez pas grandi et pour lequel votre père a donné sa vie ? Cette question est au cœur du documentaire réalisé par Akuol de Mabior, fille du regretté John Garang, chef de l’Armée populaire de libération du Soudan.

À sa mort, en 2005, son épouse Rebecca Nyandeng refuse de se dire qu’il est parti en vain, elle décide donc de s’investir en politique, ce qui lui vaut le surnom de Mère de la nation*** . Sa fille cadette, Akuol, est alors âgée de 16 ans. Peu de temps après, de nouvelles tensions obligent la veuve et ses enfants à reprendre le chemin de l’exil jusqu’au Kenya voisin.

Reconstruire en temps de paix

En 2019, alors qu’un fragile accord de paix a été conclu et que le Soudan du Sud n’a pratiquement connu que la guerre depuis son indépendance en 2011, Rebecca Nyandeng revient dans son pays natal et se prépare à intégrer à son tour le gouvernement en tant que vice-présidente. Prouvant, une fois encore, à travers son engagement politique, qu’elle n’a pas usurpé sa réputation.

Aujourd’hui, filmée par sa plus jeune fille, Rebecca Nyandeng confie ses espoirs et ses craintes pour l’avenir du pays et de ses enfants. Mariant images d’archives et discussions familiales avec sa mère et sa sœur aînée Nyankuir, qui l’accompagne dans son engagement, la jeune réalisatrice explore le profond sentiment d’appartenance qui traverse sa famille sur plusieurs générations tout en tentant de définir ses propres sentiments à l’égard de ce pays au destin tumultueux.

Le Soudan du Sud, plus jeune nation du continent africain, tente de trouver sa propre voie de développement loin du spectre de la guerre civile. À travers la voix et le regard de cette jeune rapatriée, qui découvre une terre pleine de contrastes, affrontant de multiples difficultés, les défis de la jeunesse africaine se dessinent.
Une jeunesse qui, de plus en plus, malgré les difficultés, les héritages fragmentés et les ruptures souvent douloureuses, décide de revenir au pays pour y incarner le renouveau, comme on le constate notamment en Afrique du Sud, au Nigeria ou au Rwanda. Au Kenya, un jeune homme récemment installé réalise d’ailleurs un show sur YouTube, Presque Somalien, où il tente de percer l’identité de la diaspora somalienne.

Tout aussi emblématique est le parcours de Mamadou, rentré au Sénégal après de nombreuses années passées en Espagne. Il a depuis entrepris la construction d’un centre culturel dans son village mais les jeunes de Gandiol estiment qu’il brise leurs propres rêves. Doxandem, les chasseurs de rêves met ainsi en vis-à-vis deux visions et deux âges de la vie. Comme c’est souvent le cas entre ceux qui sont restés au pays et ceux qui, de plus en plus souvent, y reviennent.

Karin Tshidimba

Que pensez-vous de cet article?



Avec La Libre Afrique

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

For security, use of CloudFlare's Turnstile service is required which is subject to the CloudFlare Privacy Policy and Terms of Use.

I agree to these terms.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.