Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental est le seul territoire en Afrique dont le statut postcolonial reste en suspens. Le pays est considéré comme un « territoire non autonome » par l’ONU. Le Maroc en contrôle 80% et propose une large autonomie sous sa souveraineté. Le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, réclame un référendum d’autodétermination.

L’Algérie et le Maroc engagés dans une course à l’armement

Alors que les tensions entre Rabat et Alger autour de la question du Sahara occidental sont au plus haut, assiste-t-on à une course à l’armement entre le Maroc et l’Algérie ? Rabat vient de se faire livrer par Pékin une première batterie de missiles de défense anti-aérienne et multiplie les achats d’armes. Alger pour sa part aurait reçu, de la part de la Chine également selon la presse algérienne, un système de guerre électronique. Les budgets militaires des deux pays sont en hausse. É​tat des lieux. 

Est-ce le signe d’une course à l’armement entre l’Algérie et le Maroc ? Selon le site algérien Mena Défense, qui avait été le premier à dévoiler la mort des camionneurs algériens à la frontière avec le Maroc début novembre 2021, l’armée algérienne vient d’acquérir un système chinois de guerre électronique.

Ce système chinois de combat électronique est à la fois défensif et offensif. Il est chargé de neutraliser les radars et les communication de l’adversaire. Ce système est également en mesure de lutter contre des drones armés. Le Maroc a en effet acheté auprès de la Turquie des drones armés de type Bayraktar TB-2. 

Pékin fournisseur d’armes de Rabat et d’Alger

L’annonce de l’achat de ce système de guerre électronique chinois a été relayée par la presse algérienne. Il n’a pas été démenti par le pouvoir algérien. Ce système de guerre électronique est fourni par deux entreprises chinoises, ELINC et CEIC. Il s’agirait selon le site Mena Défense du premier système de surveillance et de guerre électronique de cet ampleur sur le continent africain. 

Pékin ne livre pas seulement Alger en matériel militaire. Cet achat par l’armée algérienne répond à une autre livraison d’armes en provenance de la Chine à Rabat, celle de batteries de misilles. Le Maroc vient d’acquérir sa première batterie de missiles chinois, FD-2000B. Trois autres batteries doivent être livrées selon la revue américaine Defense News. En 2017, Rabat avait acquis également des missiles chinois, les Sky Dragon 50.

Budgets militaires en hausse

Alger et Rabat se disputent notamment sur la question sarahoui. Le Maroc revendique sa souveraineté sur le Sahara occidental. Alger soutient le Front Polisario, mouvement politique et armé sahraoui opposé à la présence marocaine au Sahara occidental.

Dans ce contexte, l’Algérie et le Maroc viennent d’augmenter leurs budgets militaires pour l’année 2022. Le Maroc s’est ainsi doté d’un budget pour 2022 axé sur des mesures de relance économique et marqué par des dépenses militaires en forte hausse, dans un contexte de crise sanitaire et de tensions régionales en Afrique du nord. Pour la première fois de l’histoire du Royaume, le budget des forces armées dépasse la barre des 50 milliards de dihrams, soit plus de 5 milliards d’euros selon l’AFP. 

Alger qui est le deuxième importateur d’armes du continent derrière l’Egypte n’est pas en reste. Alger discute avec Moscou pour acquérir des missiles anti- aériens S500 et la quatrième génération de l’avion de combat russe SU-57. Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), l’Algérie a dépensé 10,334 milliards de dollars dans l’armement durant l’année 2019, contre 9.584 milliards de dollars l’année précédente. Soit une hausse de 7.83%

Madrid espère une action diplomatique de Washington

La frontière entre l’Algérie et le Maroc est fermée depuis vingt-cinq ans. Depuis le coup d’arrêt de leurs relations diplomatiques cet été, Alger considère sa frontière avec le Maroc comme un « secteur militaire hautement sensible ». La tension est montée entre les deux pays avec la mort en novembre 2021 des trois camionneurs algériens.
Selon Alger, ils auraient été tués par des drones marocains près de la Mauritanie. Rabat nie.

Alger n’a pas également digéré l’accord entre Tel Aviv et Rabat du 24 novembre 2021 sur les questions sécuritaires. Le quotidien algérien L’Expression proche du pouvoir titrait : « Le Mossad à nos frontières ». Il résume l’humeur dominante à Alger.
Rabat doit acheter un système israélien, le Skylock Dome, de la société Skylock Systems, conçu pour détecter et neutraliser les drones.

Cette course à l’armement ne favorise pas une détente des relations entre les deux pays. En déplacement à Washington, le ministre des Affaires étrangères espagnol José Manuel Alabares souhaite que Washington trouve une « solution » à la crise entre Rabat et Alger notamment sur la question du Sahara occidental. Donald Trump a reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. La nouvelle administration américaine du président Biden n’est pas pour l’instant revenue sur cette reconnaisance. 

Par Regard Sur l’Afrique et Pierre Desorgues



Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

For security, use of CloudFlare's Turnstile service is required which is subject to the CloudFlare Privacy Policy and Terms of Use.

I agree to these terms.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.