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Première femme et première personne de couleur à accéder à la vice-présidence, Kamala Harris est entrée le 3 novembre 2020 dans l’histoire des États-Unis. Un an plus tard, elle cherche encore quelle partition jouer, dans un rôle par définition ingrat.

Kamala Harris fêtera le 3 novembre 2021, sa première année au poste de vice-présidence des États-Unis
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En s’alliant avec la sénatrice de Californie, désormais âgée de 57 ans, Joe Biden a envoyé un message à un électorat qui avait soif de se voir mieux représenté au sommet du pouvoir. Mais avec ce choix historique, le président – qui a lui-même été le second de Barack Obama pendant deux mandats – a aussi, forcément, braqué les projecteurs sur Kamala Harris. Pionnière en série, elle a été la première femme et première personne noire à devenir procureure générale de Californie, puis la première sénatrice originaire d’Asie du Sud.

Jusqu’ici, cette fille d’un père jamaïcain et d’une mère indienne n’a toutefois pas fait voler en éclats un autre carcan, celui dans lequel l’enferment les usages politiques et la Constitution américaine. « Une vice-présidence réussie, cela n’existe pas. Les vice-présidents brillent ou déclinent en fonction du président qu’ils serven», assène Elaine Kamarck. Cette chercheuse du centre de recherches Brookings, autrice d’un livre sur la fonction de vice-président, souligne toutefois que le rôle a évolué, perdant son caractère seulement protocolaire.

Kamala Harris fêtera le 3 novembre 2021, sa première année au poste de vice-présidence des États-Unis
Le Président Joe Biden et Mme Kamala Harris, Vice-présidente

Inaugurer les chrysanthèmes

Longtemps, « la blague a été de dire que le vice-président est celui qui va aux enterrements (de personnalités) à la place du président ».  « Puis Al Gore a changé le modèle, en prenant en charge des fonctions importantes, qui étaient des priorités » du président Bill Clinton, souligne-t-elle. Vint plus tard Dick Cheney, qui a même eu droit à un film, tant son influence sur George W. Bush a marqué les esprits. Quant à Barack Obama, il a abondamment mis en scène sa « bromance » (contraction de « brother », frère, et « romance ») avec Joe Biden. Ce dernier, publiquement du moins, a tous les égards pour sa vice-présidente.  

Il déjeune avec elle une fois par semaine, et ses services mettent un point d’honneur à toujours évoquer, dans leur communication, les décisions de « l’administration Biden-Harris. » Qui devient immanquablement « l’administration Biden » sous la plume ou dans la voix des journalistes.

Joe Biden a aussi confié à Kamala Harris – qui détient au Sénat la voix donnant la majorité au camp démocrate – un dossier d’une extrême sensibilité politique : s’attaquer aux racines de l’immigration clandestine, face à des arrivées successives à la frontière sud des États-Unis. En juin dernier, dans le cadre de cette mission, Kamala Harris s’est rendue au Guatemala et au Mexique. Mais loin de la faire briller, cette toute première mission internationale lui a valu une bordée de critiques.

L’opposition républicaine lui a, au contraire, reproché de manquer de fermeté. Washington a aussi beaucoup jasé à propos d’une interview télévisée consacrée à ces questions, au cours de laquelle Kamala Harris était apparue nerveuse, sèche, et mal préparée. Le Washington Examiner, publication conservatrice, s’était déchaîné, moquant son parcours rapidement avorté lors de la primaire démocrate, et assénant : « Comme candidate, c’est un tigre de papier. Comme femme politique, une girouette déconnectée des réalités. Jusqu’ici, elle s’est toujours tirée de ses échecs vers le haut, il est clair désormais qu’elle a atteint ses limites ». Mais depuis la chute de Kaboul et le retrait précipité d’Afghanistan, au mois d’août, tous les regards se sont reportés sur Joe Biden, le commandant en chef, qui va de crise en déconvenue.

Kamala Harris fêtera le 3 novembre 2021, sa première année au poste de vice-présidence des États-Unis
Vice President Kamala Harris takes her official portrait Thursday, March 4, 2021, in the South Court Auditorium in the Eisenhower Executive Office Building at the White House. (Official White House Photo by Lawrence Jackson)

« Plus d’hostilité »

« Parce qu’elle est une femme de couleur […] elle va attirer plus d’attention et d’hostilité. Je ne pense pas qu’elle a fait d’erreurs graves. Et je pense qu’elles seront oubliées assez rapidement », estime Elaine Kamarck. Pour l’instant, c’est Kamala Harris elle-même, comme bien des vice-présidents avant elle, qui semble se faire oublier. Certes, elle multiplie les déplacements, y compris à l’étranger – la vice-présidente ira ainsi en novembre à Paris, pour poursuivre la mission de conciliation lancée par Joe Biden après une grave crise diplomatique entre France et États-Unis.

Elle fait des discours, elle préside des cérémonies, elle reçoit des personnalités… Sur une note plus légère, elle a quelques échanges affectueux sur Twitter avec son mari, le premier « Second Gentleman » des États-Unis, Doug Emhoff. Mais en public, Kamala Harris colle au protocole et ne se livre guère aux journalistes – rien de très étonnant, dans une Maison-Blanche qui contrôle soigneusement toute communication.

Les partisans de l’ancien président Donald Trump – qui avait traité Kamala Harris de « monstre », laissant circuler des soupçons sans fondement et aux relents racistes sur sa citoyenneté américaine – en profitent pour railler une attitude qu’ils jugent compassée ou artificielle. Pour les républicains, en plus d’être vice-présidente, Kamala Harris est surtout celle qui pourrait porter les couleurs du camp démocrate si Joe Biden, 78 ans aujourd’hui, ne se représente pas à la présidentielle de 2024.

 

 

DBNEWS avec AURÉLIA ENDA/AFP
31/10/2021

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