La France inquiète de discussions entre Bamako et le groupe de sécurité russe Wagner



La France inquiète de discussions entre Bamako et le groupe de sécurité russe Wagner

La France inquiète de discussions entre Bamako et le groupe de sécurité russe Wagner

Photo: des soldats français quittent l’aéroport de Gao ce 9 juin 2021. Le président français Emmanuel Macron a annoncé la fin de l’opération Barkhane et une réduction de la présence militaire française au Mali. AP

La France s’inquiète en haut lieu de discussions entre Bamako et la société militaire privée russe Wagner, qui pourraient déboucher sur le déploiement d’un millier de paramilitaires russes au Mali, selon des sources concordantes.

L’arrivée de ces troupes pourrait remettre en cause l’engagement de la France au Mali, où ses militaires combattent les groupes jihadistes depuis huit ans.

De source française proche du dossier, la junte au pouvoir à Bamako étudie la possibilité de conclure avec Wagner un contrat sur le déploiement d’un millier de paramilitaires russes au Mali pour former ses forces armées (FAMa) et assurer la protection des dirigeants.

Une source sécuritaire ouest-africaine a, de son côté, affirmé à l’AFP que Wagner négociait pour arriver en force au Mali, moyennant finances et avec des contreparties minières. Ces sources confirmaient des informations révélées par l’agence Reuters.

Sollicité par l’AFP, le ministère malien de la Défense a admis mener des pourparlers avec la sulfureuse société russe. « Le Mali entend désormais diversifier et à moyen terme ses relations pour assurer la sécurité du pays. Nous n’avons rien signé avec Wagner, mais nous discutons avec tout le monde », a-t-il réagi, tout en insistant sur le fait qu’ »à ce stade, rien n’a été signé ».

« Nous ne sommes pas au courant d’une signature de contrat entre le Mali et la société Wagner » et « nous n’avons pas servi d’intermédiaire », a commenté auprès de l’AFP une source diplomatique russe à Bamako, tout en soulignant que « comme la France et d’autres pays nous sommes soucieux de la sécurité de la zone ».

L’envoyé spécial de la France pour le Sahel, Christophe Bigot, a été reçu début septembre à Moscou pour évoquer ce dossier, a précisé cette source.

Le groupe Wagner, avec qui Moscou dément tout lien, fournit des services de maintenance d’équipements militaires et de formation mais est également accusé de mercenariat et suspecté d’appartenir à un homme d’affaires proche du Kremlin, Evguéni Prigojine.

– Présences française et russe « incompatibles » –

Ses hommes sont déjà présents en Afrique: en Libye, on les dit alliés au maréchal Haftar. Des médias occidentaux ont fait état d’une présence au Soudan et ils seraient passés au Mozambique. Et début 2018, l’arrivée d’armes et de dizaines de « conseillers militaires » russes en Centrafrique avait permis à la Russie de faire un spectaculaire retour sur le théâtre africain, agrémenté d’une violente campagne de désinformation anti-française.

Fin 2019, l’AFP avait révélé qu’une petite équipe de Wagner avait été vue à Bamako, peu de temps après la conclusion, en juin 2019, d’un accord de coopération militaire entre le Mali alors présidé par Ibrahim Boubacar Keïta et la Russie, qui a engagé depuis quelques années une opération de charme tous azimuts en Afrique.

L’éventuel recours à Wagner surviendrait alors que la France, qui comptait encore à l’été quelque 5.000 soldats au Sahel, a entamé il y a peu une réduction de son dispositif militaire, tout en ayant l’intention de poursuivre ses opérations de contre-terrorisme mais aussi son appui aux armées locales.

Or, le président Emmanuel Macron estime « incompatible » la présence militaire française et celle de mercenaires russes au Mali, assure-t-on de source proche de l’exécutif.

L’arrivée de paramilitaires russes constituerait une ligne jaune pour la France, déjà échaudée par un second coup d’Etat en un an au Mali, en mai dernier, et alors que Paris, conjointement à la Cédéao pousse avec difficultés la junte à tenir ses engagements à organiser des élections pour ramener des civils au pouvoir.

Si le scénario Wagner se concrétisait, un départ rapide des troupes françaises du Mali vers le Niger voisin serait étudié, selon cette source.

D’autant qu’en cas d’intervention russe au Mali, s’alarme-t-on en France, « les Etats-Unis arrêteraient tout » sur place, privant la France de moyens cruciaux, et « certains pays européens pourraient aussi décider de se désengager », alors que Paris s’évertue depuis deux ans à les convaincre de rejoindre le groupement de forces spéciales Takuba, une force de 500 hommes pilotée par la France et dédié à l’accompagnement au combat des soldats maliens.

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Avec La Libre Afrique

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