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De quoi Assimi Goïta a-t-il peur ?

De quoi Assimi Goïta a-t-il peur ? Telle est la question que l’on peut se poser face à l’assignation à résidence depuis près de deux mois, du duo qu’il a renversé le 24 mais dernier. En tout cas,  las d’attendre une libération qui ressemble, à bien des égards, à un serpent de mer, Bah N’Daw et Moctar Ouane avaient décidé de saisir un avocat pour briser le mur de glace dans lequel on les maintient prisonniers. Et comme si cela ne suffisait pas, les militaires  au pouvoir empêchent même désormais leurs avocats de leur rendre visite. Pour quelle raison ? Difficile d’y répondre. En attendant de connaître les immanquables péripéties de cette procédure judiciaire, l’on peut épiloguer sur les causes de cette interminable détention à résidence des deux personnalités de la Transition au Mali, qui seraient même privées du téléphone.  La première hypothèse et de loin la plus plausible, est que Bah N’Daw et Moctar Ouane savent des choses que les boys de Kati ne veulent pas laisser courir la rue au risque même d’hypothéquer leur pouvoir. L’on sait, des bribes d’informations qui ont fuité du sommet de l’Etat aux lendemains du coup d’Etat du 24 mai 2021, que les deux personnalités avaient des divergences avec leurs mentors en treillis sur bien des questions sur fond  d’intérêts parfois personnels. En les bâillonnant de la sorte, Assimi Goïta veut non seulement faire dans l’intimidation, mais aussi et surtout  taire la vérité sur ces dissensions. Mieux, il entend jouer la montre, certainement au service de ses plus que probables ambitions de rester au sommet de l’Etat à l’issue du processus de Transition.

 

On peut déplorer le silence des Maliens face au drame que vivent N’Daw et Ouane

 

Une autre hypothèse est que les partis politiques et OSC qui gravitent autour du colonel Assimi Goïta, ne portent pas dans leur cœur les deux personnalités assignées à résidence au simple motif qu’ils ne trouvaient pas leurs comptes auprès d’elles. Si fait qu’ils font des pieds et des mains pour que dure leur silence afin de ne pas compromettre leurs intérêts qui ne sont autres que de remplir au plus vite leur  panse.   Cela dit, quelles que soient les motivations, Goïta et ses alliés de circonstance font fausse route. Car, comme le dit l’adage populaire, « aussi longue que dure la nuit, le jour finira par se lever ». Du reste, il est certain que la pression de la communauté internationale qui était en round d’observation, va s’accentuer pour que les deux personnalités retrouvent au plus vite leur liberté de mouvements et surtout la liberté d’expression. La CEDEAO, l’UA, l’UE et l’ONU ont déjà fait entendre leurs voix respectives dans ce sens et ne reculeront certainement pas face à l’obstination des autorités maliennes. Il faut même craindre que cette assignation à résidence prolongée de Bah N’Daw et de Moctar Ouane, ne soit l’occasion, pour les différents acteurs de la communauté internationale, de faire tomber sur le Mali, l’avalanche de sanctions qu’ils avaient mises en veilleuse.  Mais en attendant que la communauté internationale ne se retrousse davantage les manches, l’on peut, tout de même, déplorer le silence et l’apathie des Maliens face au drame que vivent N’Daw et Ouane qui, on le sait, se sont battus à leur corps défendant pour les  soustraire de la férule des sanctions internationales.  

 

SAHO