RDCongo: violences armées entre Hutus et Nandes à Goma (vidéos)



RDCongo: violences armées entre Hutus et Nandes à Goma (vidéos)

RDCongo: violences armées entre Hutus et Nandes à Goma (vidéos)

Par Marie-France Cros.

Des violences armées entre Hutus et Nandes sèment la peur à Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, depuis lundi matin. C’est une conséquence des mouvements de protestation populaire contre la présence de la Monusco (Mission de l’Onu au Congo), qui ont commencé au début de ce mois à l’est du Congo en raison de l’incapacité des casques bleus à protéger les populations et de l’affairisme de certains onusiens. Une situation explosive (voir vidéos).

https://afrique.lalibre.be/59700/coup-de-chaud-contre-lonu-a-lest-du-congo/

Selon les informations recueillies par La Libre Afrique.be, des violences ont d’abord été commises durant les protestations anti-Onu contre certaines installations publiques et onusiennes, début avril. Le 29 mars, les ONG de Beni-Butembo-Lubero (nord du Nord-Kivu, surnommé « le Grand Nord ») excédées de la poursuite des assassinats de civils dans cette région, avaient en effet exigé le départ des casques bleus chez qui, disaient-elles, « la logique de prédation (…) a remplacé la mission de pacification ».

Affairisme et inaction

Selon les informations de La Libre Afrique.be, en effet, certains agents onusiens s’enrichissent considérablement en prenant des commissions sur une série d’achats ou locations pour le compte de l’Onu, alors que les casques bleus de la Monusco, clament de nombreux habitants du Kivu, n’ont pratiquement jamais contribué à protéger les civils.

Ils obéissent à leur capitale et non au représentant du secrétaire général de l’Onu et nombre d’entre eux ont déjà refusé de combattre, ajoute-t-on. « Ils restent  calfeutrés dans leurs casernes et, en cas d’incident,  ne sortent  que pour ramasser les morts et les blessés », disent de nombreux Kivutiens, tandis que l’une de nos sources ajoute: « Leur seule contribution concrète a consisté à fournir un support logistique à  des unités de l’armée congolaise », que la Monusco est supposée appuyer, « la principale étant l’octroi de rations alimentaires aux militaires, ce qui limite les risques de pillage dans les villages ».

Cela explique qu’après Butembo et Beni, plusieurs autres endroits se soient enflammés, dont Goma, la capitale provinciale. Les 8 et 9 avril derniers, deux jours de manifestation avaient été décrétés contre la Monusco. Un message ayant circulé pour prolonger les journées de protestations, cette « grève » s’est poursuivie samedi et dimanche.

Privés de revenus

Or, indique une de nos sources à Goma, cela ne fait pas les affaires des paysans de la chefferie de Bukumu – des Hutus congolais appelés Kumus dans cette région, qui appartenait au Rwanda (comme le reste du territoire de Nyiragongo et une grande partie de celui de Rutshuru) jusqu’en 1910, quand un traité germano-belge modifia la frontière – à environ 25 km de Goma. Maraîchers, ce sont eux qui approvisionnent la capitale provinciale en fruits et légumes.

Privés de vente, donc de revenus – dans une région où presque personne n’a d’épargne – depuis quatre jours, deux maraîchers kumus à moto ont tenté d’entrer de force dans Goma, dimanche soir, par le quartier de Kihisi. Ce dernier est aujourd’hui habité par de nombreux Nandes. Cette ethnie de commerçants fut longtemps majoritaire au Nord-Kivu; l’afflux de Hutus rwandais fuyant la défaite des génocidaires au Rwanda (1994) a mis en jeu leur prépondérance.

Vidéo 1: des Hutus et des Nandes se battent à coups de bâton et machette dans les faubourgs de Goma.


Violences armées

Les Nandes de Kihisi ont tué les deux maraîchers briseurs de grève et brûlé leurs motos. La nuit suivante a été émaillée de troubles, alors que des renforts kumus arrivaient en ville, poursuit notre source. On déplorait une douzaine de morts lundi et deux fois autant de blessés.

Des jeunes gens s’affrontent à coups de machette et de bâton (voir première vidéo); des boutiques, appartenant essentiellement à des Nandes, ont été incendiées, ainsi que des maisons des deux groupes rivaux (voir seconde vidéo). Ces derniers se reconnaissent à la langue qu’ils parlent, a-t-on expliqué à La Libre Afrique.be, sans compter la connaissance personnelle qu’ils ont les uns des autres puisque, dans de nombreux cas, ils cohabitent.

Rivalité pour les terres

La nuit de lundi à mardi a également été chaude: alors que les Nandes étaient nombreux à quitter leurs quartiers de Kihisi et Buhene, par crainte d’attaque nocturne, on redoutait l’arrivée de combattants maï maï (Nandes) venus de l’extérieur de la ville. Le gouverneur de la province, Carly Nzanzu Kazivita, lui-même nande, aurait été menacé, lors d’une réunion, par un homme porteur de machette, finalement maîtrisé, indique une de nos sources à Goma.

Mardi dans la journée, on signalait qu’au bureau de la chefferie de Bukumu, des jeunes gens ont tué deux militaires et saisi leurs armes.

Ces incidents surviennent alors que la région est une véritable poudrière. La rivalité entre Nandes et Hutus pour la prépondérance numérique dans la province s’est doublée d’une confrontation pour la terre. Depuis plusieurs années, des Hutus congolais et migrants hutus rwandais fuient les zones de combats de Rutshuru et Masisi (le « Petit Nord ») vers le « Grand Nord », terre des Nandes, où leurs achats massifs de propriétés ont généré une hostilité envers les « non-originaires ». Autour de Goma, c’est la situation inverse qui se présente: ce sont des Nandes qui ont migré et achètent des terres près de la ville, traditionnellement propriétés de Hutus et Tutsis.

Vidéo 2: des boutiques et des maisons ont été incendiées.

Que pensez-vous de cet article?



Avec La Libre Afrique

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

For security, use of CloudFlare's Turnstile service is required which is subject to the CloudFlare Privacy Policy and Terms of Use.

I agree to these terms.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.