Tiémoko Meyliet KONE, gouverneur de la BCEAO
Selon le communiqué de presse sanctionnant la rencontre, le Comité a passé en revue les principales évolutions de la conjoncture économique internationale et régionale au cours de la période récente, ainsi que les facteurs de risque pouvant affecter les perspectives à moyen terme dinflation et de croissance économique dans lUnion.
Au titre de la conjoncture internationale, le Comité a noté lapparition de nouveaux variants du coronavirus, avec des effets contagieux plus importants. Cette situation a nécessité ladoption de mesures supplémentaires pour endiguer la nouvelle vague de la pandémie, fragilisant ainsi la reprise économique escomptée suite à la découverte de vaccins contre la Covid-19. Toutefois, le démarrage des campagnes de vaccination à partir de décembre 2020 dans plusieurs pays avancés et émergents, ainsi que la poursuite des politiques budgétaire et monétaire de soutien, ont limité la dégradation de lactivité et laissé entrevoir les perspectives dune normalisation rapide.
Selon le Fonds Monétaire International, léconomie mondiale connaîtrait en 2021, malgré de fortes incertitudes, un taux de croissance attendu à 5,5%, après une contraction de 3,5% enregistrée en 2020.
Sur les marchés internationaux des matières premières, les cours des produits énergétiques et des autres produits de base se sont redressés pour le deuxième trimestre consécutif, après deux trimestres successifs de baisse. Selon les données de la Banque Mondiale, les prix de lénergie ont connu durant le quatrième trimestre 2020 une hausse de 8,4%, après la progression de 33,9% observée au trimestre précédent. Quant aux prix des produits de base non énergétiques, ils ont maintenu une tendance haussière, avec un accroissement de 9,5% au quatrième trimestre 2020, comme au trimestre précédent. En particulier, les cours des matières premières agricoles exportées par les pays de lUnion ont enregistré une accélération du rythme de progression avec une croissance de 10,5% au quatrième trimestre 2020, après 6,0% le trimestre précédent.
Examinant la conjoncture interne, le Comité a relevé que la reprise de lactivité économique dans lUEMOA sest accélérée au quatrième trimestre 2020, avec une hausse de 1,3% du PIB par rapport à la même période de lannée précédente, après 0,6% un trimestre plus tôt. Ce regain de vigueur reflète laccélération du rythme de progression de la valeur ajoutée dans lensemble des secteurs dactivité, consécutive à la reprise progressive de la demande intérieure. Pour lensemble de lannée 2020, les dernières estimations situent le taux de croissance économique de lUnion à 0,9% contre 5,7% en 2019. Les pays de lUnion escomptent une reprise en 2021, avec un taux de croissance attendu à 5,8%, sous leffet du maintien des mesures de relance budgétaire et de soutien monétaire.
Lexécution budgétaire dans les Etats membres de lUnion au cours de lannée 2020 fait ressortir un creusement du déficit par rapport à lannée précédente. Cette augmentation des déficits budgétaires est imputable, dune part, aux effets négatifs de la pandémie de la Covid-19 sur les recettes et, dautre part, aux dépenses engagées dans le cadre des plans de riposte et de relance mis en uvre par les Etats. Ainsi, le déficit budgétaire, base engagements dons compris, rapporté au PIB, a plus que doublé passant de 2,4% en 2019 à 5,7% en 2020.
Sur le marché monétaire, les conditions financières demeurent favorables, en relation avec lorientation accommodante de la politique monétaire de la Banque Centrale. Ainsi, le coût moyen des ressources offertes par la Banque Centrale sur le guichet à une semaine est resté stable à 2,00% comme au troisième trimestre 2020, contre 3,38% un an plus tôt. Sur le compartiment à une semaine du marché interbancaire, le taux dintérêt moyen pondéré sest établi à 2,62% contre 2,73% au trimestre précédent. Un an plus tôt, il sélevait à 4,36%. Sur le marché des titres publics, les conditions de financement des Etats membres ont continué de saméliorer. Le taux dintérêt moyen pondéré des bons du Trésor est ressorti à 3,28% en 2020 contre 5,36% un an plus tôt.
Au plan monétaire, la masse monétaire a connu une accélération sur le dernier trimestre 2020, avec une croissance, en rythme annuel, de 16,4% à fin décembre 2020 contre 15,5% à fin septembre. Cette consolidation a été imprimée par la hausse des crédits bancaires aux Etats et au secteur privé ainsi que par le renforcement des actifs extérieurs nets. Les réserves de change de lUnion se sont confortées, assurant la couverture de 6,3 mois dimportations de biens et services à fin janvier 2021, contre 5,9 mois à fin décembre 2020 et 5,6 mois à fin septembre 2020.
Le Comité de Politique Monétaire a relevé une légère décélération des prix à la consommation sur le quatrième trimestre 2020, le taux dinflation ressortant à 2,7% contre 2,9% un trimestre plus tôt. La baisse du rythme de progression des prix est attribuable essentiellement à lamélioration de loffre de céréales, de légumes ainsi que de tubercules et plantains. Le taux dinflation sous-jacente sest, pour sa part, accru, ressortant à 1,8%, après une progression de 1,6% un trimestre plus tôt. Pour lensemble de lannée 2020, le taux dinflation sest situé à 2,1%, après -0,7% en 2019. A lhorizon de huit trimestres, soit à fin décembre 2022, les prévisions établissent le taux dinflation à 1,8%, toujours dans la zone cible (entre 1,0% et 3,0%) définie pour la politique monétaire dans lUnion.
Sur la base de ces analyses, le Comité de Politique Monétaire a décidé de maintenir inchangés le taux dintérêt minimum de soumission aux opérations dappels doffres dinjection de liquidité à 2,00% et le taux dintérêt du guichet de prêt marginal à 4,00%, niveaux en vigueur depuis le 24 juin 2020. Le coefficient de réserves obligatoires applicable aux banques de lUnion demeure inchangé à 3,0%.
« Dans les mois à venir, la BCEAO continuera à mettre en uvre une politique monétaire assurant la stabilité des prix, tout en soutenant le retour à une croissance forte », conclut le texte.
Rk
Avec Abidjan.net