Opinion: RDC: une Union sacrée peut en cacher une autre



Opinion: RDC: une Union sacrée peut en cacher une autre

Opinion: RDC: une Union sacrée peut en cacher une autre

Par Venance Muthoma.

Le 6 mai 1991, afin de réunir les forces face au maréchal Mobutu , les trois principales formations de l’opposition zaïroise de l’époque, signent le protocole d’accord qui crée l’Union sacrée de l’opposition radicale. Cette plateforme des forces dites « du changement » représentait les aspirations de toute la population pour une meilleure nation débarrassée du dictateur sanguinaire. Trente ans après, l’Union sacrée pour la Nation permettra au Congo de se débarrasser d’un système de prédation mis en place par un sanguinaire, qui a saigné le pays.

Si vous avez l’impression que la phrase se répète, il s’agit d’une constatation et non d’une vue de l’esprit; au Congo comme ailleurs, on aime réessayer les expériences du passé.

Les années sont passées, certains acteurs ont changé, souvent les enfants ont remplacés les pères, sauf quelques dinosaures. Mais les formules pour relever le Congo démocratique se ressemblent beaucoup.

Union sacré de l’Opposition et Union sacrée pour la Nation ? Du pareil au même ?

Certainement pas. L’Union sacrée de l’Opposition voulait accéder au pouvoir, alors que l’Union sacrée pour la Nation est au pouvoir ; voilà une différence notable.

Comment faisait-on pour rentrer à l’Union sacrée de l’Opposition ? Il fallait se montrer virulent (en paroles surtout) contre le Président-fondateur à la Conférence nationale souveraine.

Comment devient-on membre de l’Union sacrée pour la Nation? Il faut affirmer avoir quitté les méchants du Front commun pour le Congo (FCC) et avoir renié toutes ses antivaleurs… Ah oui! Il faut aussi avoir signé la déclaration d’adhésion à l’Union sacrée. Quand on sait combien de temps tiennent les accords et les engagements signés par les acteurs politiques congolais (parfois 24 heures !), il faut se montrer prudents…

Mobutu bloquait l’accession du pays à son plein développement grâce à une « dose de démocratie » insufflée par le vent de la perestroïka soviétique.

« Kabila, a-t-on dit, bloquait toutes les tentatives du nouveau pouvoir pour impulser le changement tant attendu. Un argument que les jeunes de la Lucha balayent d’un revers de la main en relevant qu’aucune loi visant à améliorer le quotidien des Congolais n’a été bloquée par la majorité écrasante des députés kabilistes de l’époque, pour la simple raison qu’aucun projet de loi dans ce sens n’a jamais été présenté! Les grandes discussions entre les anciens partenaires de la coalition FCC-CACH ont surtout porté sur la répartition des postes.

Comment s’est terminé l’Union sacrée de l’Opposition radicale ?

Cette plateforme deviendra un panier où Mobutu viendra pêcher les futurs Premiers ministres à sa guise. On se souviendra malheureusement de Nguza Karl I Bond, surnommé « Premier sinistre » après le massacre, le 16 février 1992, des chrétiens qui réclamaient la réouverture de la Conférence nationale souveraine, et qui lancera la jeunesse de son parti à la chasse aux « insectes » (les originaires, même lointains, du Kasai), selon l’expression tristement célèbre de l’inquisiteur en chef de l’époque, le gouverneur du Katanga, un certain Gabriel Kyungu. Celui-là même qui vient d’être élu, sous la bannière de l’Union sacrée, président de l’assemblée provinciale du Haut-Katanga à 83 ans avec 42 voix sur 43 !

Quel avenir pour l’Union sacrée pour la Nation ?

Les priorités du jeune Premier ministre Sama, celui qui symbolise le renouvellement de la classe politique, sont énormes et attendues par tous :

  • Éviter que l’insécurité endémique à l’est ne contamine les autres parties du pays.
  • Arriver à juguler cette insécurité à l’est; l’assassinat du diplomate italien et des membres de son convoi vient rappeler malheureusement le drame vécu par les Congolais de cette région depuis plus de 20 ans.
  • S’occuper du panier de la ménagère, parce que, à près de 2000 francs congolais pour un dollar américain, ce panier n’est plus seulement vide, il est troué.
  • S’occuper des conséquences économiques du Covid…

La liste peut être étendue à l’infini. Et plus tôt on s’y mettrait, mieux se serait pour les Congolais à qui tout le monde promet le lait et le miel depuis toujours.

Politiquement, il faut éviter de faire de l’ombre au « Président-béton » mais aussi, satisfaire les appétits gloutons de tous les convertis de la dernière heure, au risque de fissurer la belle union.

Maintenant qu’il est débarrassé de l’encombrant partenaire FCC, le Président doit présenter un autre bilan que les deux années passées à se disputer avec celui-ci. 2023 c’est loin, mais c’est bientôt aussi; les alliés d’aujourd’hui ont, pour quelques-uns, des ambitions présidentielles bien affirmées. Le chef en est-il conscient ? Il se verrait bien rempiler. Une des premières missions du pouvoir, n’est-elle pas de le conserver?

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Avec La Libre Afrique

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