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Il faut craindre le pire

Alors que le monde entier s’apprête à rendre hommage à la femme à l’occasion du 8-Mars, le Sénégal , sous tension depuis l’arrestation du député Ousmane Sonko, retient son souffle. En effet, le mouvement de contestation, né de l’interpellation du patron du PASTEF (Parti sénégalais pour le travail, l’éthique et la fraternité) ne retombe pas. Bien au contraire, il est en train de prendre les allures d’un mouvement insurrectionnel qui risque d’ébranler le régime de Macky  Sall. A preuve, après les violences qui ont émaillé la semaine dernière et qui ont laissé deux morts sur le carreau, le Mouvement pour la défense de la démocratie (MDD), ainsi s’appelle-t-il désormais, appelle à de nouvelles journées de manifestation sur toute l’étendue du territoire national et ce,  pour trois jours d’affilée. Il exige non seulement la libération de Ousmane Sonko poursuivi pour viol et troubles à l’ordre public, mais aussi celle de tous les prisonniers politiques. Allusion faite au maire de Dakar, Khalifa Sall en prison pour détournements de deniers publics, et à Karim Wade condamné pour les mêmes raisons et qui a été contraint à l’exil. Et ce n’est pas tout. Le MDD exige l’ouverture d’une enquête devant permettre d’identifier tous ceux-là qui sont impliqués dans l’ « orchestration de la cabale » dirigée contre Ousmane Sonko aux fins de nuire à sa carrière politique. Pendant ce temps, les appels au calme se multiplient du côté de la majorité présidentielle. La dernière sortie en date est celle de l’ex-opposant Idrissa Seick qui se propose même de jouer les médiateurs à condition que le sieur Sonko calme le jeu en appelant ses ouailles à renoncer à la rue. Sera-t-il entendu ? Rien n’est moins sûr. D’autant que peu avant Idrissa Seick, des religieux, on s’en souvient, avaient tenté une médiation mais cela n’a pas empêché l’arrestation du natif de Thiès que d’aucuns présentent comme l’adversaire politique de taille de Macky Sall. Cela dit, il faut craindre le pire pour le Sénégal. Car à l’allure où vont les choses, tout porte à croire que l’on va vers une radicalisation des positions qui pourrait être préjudiciable à la paix et à la cohésion sociale. Faut-il, pour autant, consacrer l’impunité à Ousmane Sonko si tant est qu’il se soit rendu coupable de viol ? Assurément non. C’est pourquoi la Justice doit pouvoir se mettre au-dessus de la mêlée et travailler en toute indépendance afin que toute  la lumière soit faite sur cette affaire de viol présumé qui est en train de devenir une affaire d’Etat. S’il s’avère que le député est coupable de ce dont on l’accuse, qu’il soit condamné. Si à l’issue de l’enquête, les faits ne sont pas établis de sorte à confondre le mis en cause, qu’il soit relaxé.

B.O