Archive. Omar Bongo Ondimba, discours testamentaire du 7 décembre 2007 ((1935 – 2009) © 2021 D.R./DBNEWS

Au moment où la résignation et le désespoir gagnent de nombreux Gabonais, où on assiste éberluer à la gestion de l’Etat par personnes interposées, la covid-19 n’y est absolument pour rien dans ce désastre. Le pays allait mal depuis longtemps. La pandémie du coronavirus n’a fait qu’accentuer les effets pervers d’une gouvernance à vue (16 octobre 2009 – 24 octobre 2018). Un adage dit « Les paroles s’envolent, les écrits restent ». Instant de lucidité sur 41 ans d’un pouvoir sans partage, 12 ans après sa mort, je retranscris à nouveau, le discours testamentaire de feu Omar Bongo Ondimba (1935 – 2009). Nombreux sont ceux qui citent l’extrait suivant : « Dieu ne nous a pas donné le droit, de faire du Gabon ce que nous sommes entrain de faire… ». Ci-dessous, le discours complet du 7 décembre 2007. 

Gabon, Omar Bongo Ondimba, discours testamentaire du 7 décembre 2007
Archive. Omar Bongo Ondimba, discours testamentaire du 7 décembre 2007 ((1935 – 2009) © 2021 D.R./DBNEWS

Archive. Discours complet du feu Président Omar Bongo Ondimba
Prononcé le 7 décembre 2007

 

Mes chers compatriotes,

Je vous dois des comptes et tiens à dire que la confiance que vous n’avez eu de cesse de me témoigner, je n’entends pas la trahir.

Un jour de décembre 1967, par le jeu normal des dispositions constitutionnelles, j’ai succédé à feu le Président Léon MBA, père de l’indépendance de notre beau pays, avec la volonté et la détermination de poursuivre l’œuvre de construction d’un Etat fort, d’une Nation prospère.

Je garde à l’esprit la mémoire de mes nombreux compagnons, amis et frères, dont le labeur s’est hélas éteint avec leur dernier souffle. Quelques noms traversent ma pensée :

Paul Marie YEMBIT, Paul Marie GONDJOUT, Eugène AMOGHO et aussi Georges DAMAS ALEKA. Jean Stanislas MIGOLET, Nazaire BOULINGUI KOUMBA, Vincent de Paul NYONDA et aussi Richard NGUÉMA BEKALE. MOAPA BEOTSA, Michel ABESSOLO, Jean Rémy AYOUNEY. Lubin Martial NTOUTOUME OBAME, Georges RAWIRI, Julien MPOUHO EPIGAT et combien d’autres.

Le moment venu, une autre génération reprendra le flambeau, car le chantier est permanent et les ouvriers doivent donc s’y relayer.

Dès ma prise de fonction, et parce que les tensions politiques menaçaient depuis plusieurs années l’équilibre et la cohésion du pays, je me suis consacré, avec vous tous, à apaiser et à unir notre Nation. Mais c’est surtout la sagesse du Peuple gabonais qui nous a permis de construire la paix et l’unité nationale.

Ces acquis, qui apparaissent comme une évidence aux plus jeunes et dont la valeur est inestimable, nous devons tous en être fiers aujourd’hui. Même si nous ne mesurons pas toujours comme il se doit leurs bienfaits pour la communauté nationale.

Je me suis aussi engagé, avec votre soutien, dans le projet de développement du Gabon. Nous y avons mis toute notre énergie et nous avons récolté des fruits.

Certes, beaucoup reste à faire. Et beaucoup doit être amélioré.

Comment ne pas le reconnaître s’agissant d’une œuvre humaine.

Mais, nous ne devons pas oublier d’où nous venons. Nous devons toujours nous souvenir combien était ardu le long chemin pour transformer en une jeune fille présentable la « Cendrillon de l’Afrique centrale » qu’était le Gabon au sortir de la nuit coloniale.

Les anciens qui ont connu le Gabon des années 60 peuvent témoigner des profonds changements qui ont transformé le pays. Ces changements que nous avons opérés ensemble.

En investissant massivement dans l’éducation, en ouvrant dans tout le pays des écoles, des collèges et des lycées, en finançant les études supérieures de nos étudiants à l’étranger, en construisant des universités au Gabon et en mettant en place le système de bourse le plus large qui soit, depuis la classe de 6ème jusqu’à la fin des études supérieures, nous avons réussi la difficile mission d’offrir à chaque enfant de ce pays la possibilité de s’instruire et de se former.

Avec les meilleurs de nos enfants, nous sommes parvenus à former une élite dont nous devons être fiers.
En construisant de grands centres hospitaliers, des centres de santé et des dispensaires sur toute l’étendue du territoire, nous avons doté le pays d’une infrastructure médicale et créé les conditions d’un accès pour tous à la santé.

Nous nous sommes investis par ailleurs dans le développement des voies et moyens de communication et avons réussi dans ce domaine aussi à transformer considérablement notre pays.

Cela paraît aujourd’hui naturel de traverser les ponts de Kango où les Gabonais de l’arrière-pays venaient échouer des jours entiers et passaient des nuits blanches en attendant la navette du bac.

Cela paraît aujourd’hui évident de joindre les deux rives de la Mpassa à Franceville, de l’Ogooué à Lambaréné, de la Ngounié à Mouila, de l’Ivindo à Makokou, de la Bouenguidi à Koulamoutou et bien d’autres.

II est tellement aisé d’atterrir sur les nombreux aérodromes que compte aujourd’hui notre pays.

Enfin, est-il possible d’imaginer notre pays sans le Transgabonais ?

Pourtant, aucune de ces réalisations ne fut ni simple ni facile. Nul ne doit ignorer que toutes ces avancées, intervenues tout au long de la jeune histoire de notre pays, l’ont été dans de multiples difficultés.

Et seuls peuvent comprendre, ceux qui avaient la main à l’ouvrage.  Ce fut pour chacune d’elles, des batailles que nous avons engagées pour le développement économique et social de notre pays et qu’ensemble nous avons gagnées.

 

Mes chers compatriotes,

En 1990, lorsque le moment est arrivé de franchir un palier supplémentaire sur la voie du développement politique, je me suis engagé, nous nous sommes tous engagés, avec nos forces et notre identité, sur la voie de la démocratie multipartite.

Nous avons franchi ce palier supplémentaire à notre rythme, dans le respect de ce que nous avons de plus sacré : la paix, la concorde et l’unité nationale.

Voyez-vous, rien de tout ce qui précède n’était écrit à l’avance.

Et ce qui viendra n’est écrit nulle part. Dieu seul le sait.

C’est à nous Gabonais d’écrire ensemble les pages suivantes du grand livre de notre destin commun en gardant à l’esprit que nous n’avons jamais été seuls au monde et que nous le serons encore moins demain.

Et c’est pour cela que nous avons œuvré à laisser un monde vivable aux générations futures en offrant à l’humanité tout entière, par la création de treize parcs nationaux, une part importante de notre territoire.

Ces treize Parcs constituent notre contribution pour la protection de l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique.

 

Mes chers compatriotes,

Je constate, pour le regretter chaque jour, que nous n’avons pas toujours fait ce qu’il fallait pour préserver les nombreux acquis engrangés au fil des ans dans les différents secteurs.

Qu’avons-nous fait d’Air Gabon, symbole de notre indépendance dans le transport aérien et aujourd’hui disparue ?

Qu’avons-nous fait de l’Octra, fruit de tant de sacrifices et que nous avons été contraints de privatiser ?  

Qu’avons-nous fait d’Africa n°l, symbole parmi les symboles de notre position de précurseur dans le domaine de la communication et aujourd’hui en voie de nécessaire réhabilitation ?

Qu’avons-nous fait de la Fondation Jeanne Ebori et de l’Hôpital Pédiatrique d’Owendo, symboles d’avant-garde certains en matière médicale, qui nécessitent aujourd’hui d’importants investissements pour leur remise à niveau ?

La liste est longue des réalisations que nous n’avons pas su préserver, et chacun de nous le sait.

Oui, mes chers compatriotes, nous devons définitivement rompre avec le cycle de l’éternel recommencement et mieux nous organiser.

Nous devons le faire, pour que nos efforts individuels et collectifs aboutissent à des réalisations effectives qui, en s’accumulant dans l’espace et dans le temps, assurent durablement le développement de notre cher pays.

II nous faut désormais nous mobiliser, et prendre nos responsabilités en ces temps d’incertitude liée à la globalisation.

L’heure est venue, plus que jamais, de respirer, de penser et de vivre « Gabon d’abord« .

 « Gabon d’abord, plutôt que « chacun d’abord« ,

« Gabon d’abord« , plutôt que « mon ethnie d’abord« 

« Gabon d’abord« , plutôt que « ma province d’abord

« Gabon d’abord« , plutôt que « mon parti politique d’abord« 

 

Oui, mes chers compatriotes,

« Gabon d’abord », pour plus de solidarité et de partage,

« Gabon d’abord« , pour rompre avec l’égoïsme,

« Gabon d’abord« , pour hisser notre pays parmi les tout premiers au Sud du Sahara, afin que le progrès économique et le bien-être social soient à la portée de tous.

Cela d’autant plus que la détresse des plus vulnérables de nos concitoyens me parvient chaque jour.

Je sais que le coût de la vie et le chômage sont devenus pour beaucoup de Gabonais une hantise de tous les instants.

Je sais que l’état de notre réseau routier, de nos infrastructures sanitaires et scolaires, de nos moyens de transports publics a connu une grave dégradation. Je sais aussi que l’habitat social est notoirement insuffisant.

Le sentiment qui s’exprime en chacun de nous est que notre pays le Gabon, et nous- mêmes, méritons mieux.

Personne ne choisit là où il naît. La providence a voulu que nous naissions au Gabon. Ce pays mérite alors nos efforts et nos sacrifices. Nous le lui devons.

Ce pays est notre pays, le pays de nos ancêtres et aussi le pays de nos enfants.

Faisons-en le pays de nos ambitions et de nos destins communs.

Arrêtons de nous comporter comme si nous étions juste de passage au Gabon. Comme si nous avions une Patrie de rechange ailleurs. Gabonaises et Gabonais nous sommes, Gabonaises et Gabonais nous devons rester. Ne laissons personne prétendre nous montrer qu’il est plus Gabonais que nous-mêmes.

A ceux qui ont choisi librement de vivre dans notre pays, et que nous appelons affectueusement « Gabonais d’adoption », nous leur offrons notre amitié, notre fraternité, notre hospitalité et notre environnement de paix, de stabilité et de prospérité.

A eux de le mériter en respectant le Gabon, ses habitants, sa culture et ses institutions.

Aimez sincèrement ce pays qui vous accueille sans arrière-pensées.

 

Mes chers compatriotes,

Depuis 1990, nous consacrons beaucoup trop de temps à la politique. Cette étape était nécessaire dans le renforcement du processus de construction nationale. Nous avions besoin de discuter, de nous disputer parfois. Nous avions besoin de nous comprendre pour mieux nous accepter dans nos différences.

Désormais, trêve de joutes politiciennes.

Que la classe politique gabonaise cesse de se parler à elle-même et pour elle-même.

Que la classe politique parle du pays et pour le pays qu’elle doit servir.

Que la classe politique parle du peuple et pour le peuple qu’elle doit représenter.

Il est grand temps que la classe dirigeante, au premier rang de laquelle ceux qui ont en charge la conduite des affaires publiques, cesse de s’investir pour elle-même au détriment de l’action publique.

Je voudrais être clair afin que chacun comprenne bien de quoi il s’agit.

Nous sommes arrivés au terme d’une première longue étape du chemin qui conduira le Gabon vers les cimes des nations développées.

Mais je ne crois pas, mais alors pas du tout, que nous y arriverons si nous ne changeons pas fondamentalement nos façons d’agir.

Je ne crois pas que vous, génération qui allez prendre le relais, y arriverez pendant que la course pour l’enrichissement illicite est si forte.

Je ne crois pas que faire main basse sur l’argent destiné à construire les routes, ou le rendre indisponible, soit profitable au Gabon ni aux Gabonais.

Je refuse de croire que le manque de médicaments dans nos structures sanitaires, malgré les budgets importants qui sont alloués tous les ans, n’est pas dû aux détournements.

Je reste persuadé que si chaque franc que l’Etat a consacré à la construction, à l’équipement effectif, à l’entretien des établissements scolaires n’avait pas servi à faire la fortune de certains, notre pays se classerait au tout premier plan dans le domaine de l’éducation.

Je continue de croire que le Gabon peut disposer d’un meilleur réseau de transport en commun, à condition que l’argent qui y est consacré soit utilisé pour cela et soit disponible à cette fin.

L’État se doit d’être juste et protecteur par l’application des lois en vigueur, en même temps qu’il doit sévir lorsque ces lois sont transgressées et bafouées.

L’Etat doit inspirer confiance, assurer et rassurer par son dynamisme dans tous les secteurs d’activités relevant de ses compétences.

Cet État est aujourd’hui affaibli par l’ethnisme, le clientélisme, l’affairisme, la corruption, la politisation outrancière et le népotisme qui ont gangrené les Pouvoirs publics.

Cela fait longtemps, très longtemps que les plus méritants ne sont plus récompensés.

Dans l’Administration, les concours d’accès et les promotions au mérite sont devenus rares.

Tout le monde, je dis bien tout le monde, me sollicite pour des intégrations et des promotions à titre exceptionnel.

 

Mes chers compatriotes,

L’État, c’est lorsque ses symboles que sont le drapeau, l’hymne national et la devise ont tout leur sens dans la conscience et le quotidien de tout citoyen.

C’est évidemment une grande et noble ambition qui impose à chaque détenteur d’une parcelle du pouvoir de l’Etat de se libérer de l’emprise ethnique, idéologique ou religieuse, pour appréhender les institutions dans leur rôle au service de l’intérêt général, condition indispensable pour obtenir la confiance et l’adhésion des citoyens.

Le Président de la République, assurant la magistrature suprême doit être considéré comme celui autour duquel est organisé le fonctionnement de l’État ; et le citoyen qui exerce cette magistrature est comptable de l’unité d’actions des différentes institutions de l’État et garant de l’unité de la Nation.

C’est pourquoi j’ai déjà eu à dire que le Gouvernement ne saurait être un rassemblement de roitelets, chacun voulant faire du Ministère qu’il a en charge, un Gouvernement particulier, commandé par la recherche effrénée d’une position personnelle et par le détournement pour soi-même d’une part de l’autorité de l’Etat.

C’est précisément dans ces comportements que se nichent les fractures de toutes sortes, faussement intellectuelles, politiques ou idéologiques, mais, dans la réalité tribaliste.

Quant au Gouvernement, il doit savoir qu’il a dans l’action quotidienne de l’Etat un rôle essentiel.

En effet, c’est lui qui dispose de l’Administration. Il est en quelque sorte le « bras » de l’État. Ce bras ne doit pas être atteint de paralysie, car il deviendrait inutile, voire dangereux.

Dangereux si les Ministres, chargé de mettre en oeuvre la politique générale, sous l’autorité du Président de la République et la direction du Premier Ministre, ne sont pas solidaires et efficaces.

Le manque de collaboration entre Ministres, l’irresponsabilité de certains d’entre eux, l’absence de solidarité de l’équipe gouvernementale, apparaissent comme autant de facteurs qui rendent aujourd’hui l’Administration gabonaise inefficace au niveau supérieur et indifférente au niveau inférieur.

 

Mes Chers compatriotes,

L’amélioration de la situation sociale des populations Gabonaises, le développement économique et social du Gabon et la prospérité de chaque Gabonais seront plus que jamais placés au centre de mon action politique.

Cette ambition pour le Gabon et pour son Peuple, j’entends toujours l’assumer pleinement et en prendre toute la responsabilité.

Je remplirai ma part de l’ouvrage et veillerai sans relâche à ce que le Gouvernement se mette résolument au service du Gabon et des Gabonais.

Je demande pour cela au Premier Ministre, Chef du Gouvernement, de me proposer le moment venu une nouvelle équipe gouvernementale qui devra se caractériser par son efficacité, son intégrité, la bonne gouvernance et sa détermination à mettre en œuvre cette nouvelle dynamique.

Un Gouvernement pour répondre aux exigences de notre temps, en phase avec les attentes des citoyens pour mieux les servir.

II y a quelques années, j’ai dit que notre politique sociale devait être réexaminée et rénovée dans son ensemble. Pour ce faire, je plaçais en avant de l’action de l’État la lutte contre la pauvreté, la diminution des écarts de conditions et la mise en place d’un vaste système de solidarité nationale.

Il doit s’agir d’un Gouvernement de mission. Un Gouvernement resserré, ouvert (à tous les vrais patriotes et mis en place pour des objectifs précis.

Un Gouvernement en phase avec le Premier Ministre et moi-même, capable de concrétiser mes orientations et mes directives sur le terrain, notamment dans les domaines prioritaires que sont la route, le logement, l’assurance maladie et la lutte contre la corruption, l’impunité et l’injustice sociale.

Je sais qu’un certain nombre d’écueils se dressent sur la voie choisie par le Gouvernement pour mettre en œuvre le dispositif de l’Assurance-maladie.

Ce qui importe pour moi et pour nos concitoyens, c’est de traduire dans les faits la couverture maladie des Gabonais.

C’est à cette volonté d’assurer une meilleure couverture médicale aux couches sociales les plus défavorisées et aux éléments les plus fragiles de notre société que répond la création du régime général d’assurance maladie.

Je vous en ai fait la promesse en 2005 et j’ai, depuis que vous m’avez réélu, sans cesse interpellé le Gouvernement tout comme je me suis efforcé à convaincre les parlementaires du caractère nécessaire et urgent de cette création.

J’ai instruit le Premier Ministre d’être personnellement attentif à l’avancement de ce projet.

A ma demande, le Gouvernement a inséré, dans la loi de finances pour 2008, des dispositions fiscales particulières qui permettront d’assurer le financement de la couverture maladie des personnes économiquement faibles.

J’attends donc de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie et de Garantie Sociale, qui devra disposer désormais de ressources financières pour remplir cette mission, qu’avant la fin de l’année 2008, la prise en charge de ces compatriotes de faible condition commence à être effective.

Le nouveau Gouvernement devra me produire, dans les plus brefs délais, un rapport exhaustif sur la route et les bâtiments publics au Gabon.

Je n’accepterai plus que des Gabonaises et des Gabonais soient logés dans des conditions si difficiles, comme c’est le cas aujourd’hui dans les quartiers sous intégrés.

Le Gouvernement devra là aussi me présenter dans le même délai une stratégie claire et opérationnelle permettant d’ouvrir de manière effective, l’accès à la propriété et à un logement convenable à nos concitoyens.

Pour relayer les actions de l’Etat sur l’ensemble du pays, il sera nécessaire de renforcer le pouvoir de coordination des Gouverneurs et des Préfets qui ont la charge d’assurer la continuité administrative sur toute l’étendue du territoire.

Les services déconcentrés de l’Etat doivent à l’avenir permettre aux citoyens de bénéficier d’un service de proximité au même titre que les populations de Libreville.

Tout en respectant les compétences propres à chaque administration, l’autorité des Gouverneurs et des Préfets sur l’ensemble des autres services de l’État doit être plus affirmée de sorte qu’ils soient capables de mieux asseoir la présence de l’État et son autorité sur toute l’étendue du territoire.

Les collectivités locales doivent elles aussi disposer de plus de moyens humains et financiers pour mieux répondre aux attentes des populations. Je demande donc que la réactualisation en cours de la loi sur la décentralisation leur permette de disposer de ces moyens.

Je demande au Gouvernement de me faire, sans délai, des propositions dans ce sens.

Le temps est plus que jamais à l’action. À l’action pour le peuple, pour la nation, pour notre Patrie, pour l’Avenir.

Désormais, le Gouvernement tiendra sa durée de vie de sa capacité à entreprendre et à agir.

Ceux qui se sont mépris, malgré mes nombreux avertissements, sur ma détermination à mettre en œuvre le projet pour lequel les Gabonais m’ont élu en novembre 2005 ont eu tort. Car le Gabon, notre pays, est un Bateau dont le Gouvernail est bien tenu par le Capitaine que je suis et qui entend que ses directives et instructions soient entièrement appliquées. Je sillonnerai si nécessaire tout le Gabon pour vérifier par moi-même que ce que j’ai décidé est fait.

Je me suis engagé devant mes compatriotes à accélérer le développement économique et social de notre pays et à assurer un avenir meilleur à tous. C’est un engagement que j’entends tenir.

Mais comprenons-nous bien, mes Chers compatriotes, notre pays ce n’est pas seulement le Gouvernement. Ce ne sont pas seulement les dirigeants, c’est aussi chacun de nous. Il faut donc que chacun fasse aussi sa propre révolution au niveau des mentalités et des comportements.

 

Mes chers compatriotes,

Depuis que j’ai reçu de vous la lourde responsabilité de présider au destin de notre pays, j’ai inscrit la paix et l’unité nationale au premier rang des priorités de mon action.

Mon ambition pour notre pays a toujours été et demeure cette idée d’un Gabon pour tous ses enfants. Un Gabon qui, dans un esprit de dialogue, de tolérance et de paix, accepte chacun de ses enfants dans sa singularité.

Je crois que nous devons aussi inscrire les valeurs de la République que sont la justice, l’autorité de l’État et l’État de droit dans notre conception collective.

La justice est le meilleur garant d’un Etat fort et d’une Nation prospère. Il n’y a pas de Démocratie véritable sans un État fort. Et, il n’y a pas d’État fort sans une justice effective et égale pour tous.

La justice doit désormais jouer pleinement son rôle, tout son rôle, rien que son rôle et mettre fin à l’impunité.

En ma qualité de Président du Conseil Supérieur de la Magistrature, je m’engage à continuer de garantir son indépendance.

Et je veillerai aussi à ce que désormais soient sanctionnées, et sans complaisance, ses insuffisances et ses égarements.

II ne faut plus laisser l’impression que les attitudes arbitraires de certains magistrats sont cautionnées au sommet de l’État.

Désormais, les juges indélicats seront sanctionnés.

La corruption dans la Fonction publique, particulièrement dans la haute fonction publique, n’est pas tolérable. Plus intolérable encore, l’impunité ambiante. L’heure est donc à la sanction, conformément à la loi.

Il nous faut mettre définitivement un terme à la conduite hautaine et méprisante vis-à-vis des usagers de certains fonctionnaires, notamment ceux en charge des finances publiques dont le gaspillage outrancier semble être organisé à différents échelons.

Je demande que la Cour des Comptes soit plus impliquée dans le contrôle de la gestion de nos deniers publics. Que ses contrôles soient plus fréquents, ses sanctions plus effectives et plus sévères.

Le Premier Ministre, qui dispose de l’Administration et de ses fonctionnaires doit prendre résolument ses responsabilités. Il a, en ce domaine, mon total soutien pour agir.

Je voudrais maintenant m’adresser à la jeunesse gabonaise en lui disant que je sais combien elle aime et est attachée au pays qui l’a vu naître. Je le vois quand elle remet au goût du jour nos chants et nos danses traditionnels, quand elle chante le Rap drapée dans les plis de nos couleurs nationales vert-jaune-bleu.

Je l’entends quand elle écrit son nom : Gabao !

Jeunes du Gabon, vous êtes les filles et les fils d’un beau pays, d’un très beau pays, dont vous devez être fiers.

A la jeunesse gabonaise qui s’exclame : « Où êtes- vous, que faites- vous, comment pouvez- vous, et notre avenir ? », je voudrais lui dire que je l’entends, je l’écoute et je comprends son impatience. Je suis conscient de ses rêves.

Mais entendons-nous bien : II ne me revient pas de dire ce qui préoccupe les jeunes, mais aux jeunes de dire ce qui les préoccupe, et j’agirai.

J’aimerais par exemple avoir le point de vue des jeunes sur la construction d’espaces culturels et sportifs.

Tout comme j’aimerais les impliquer dans l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations que notre pays organisera en 2012 avec un pays frère, et pour laquelle la construction des infrastructures doit débuter dans les meilleurs délais.

Mais pour mériter tout cela, la jeunesse doit renouer avec l’effort, le respect de l’autorité et des aînés. Elle doit rompre avec la médiocrité et la facilité.

L’Union, le Travail et la Justice sont les principales valeurs et la devise de notre République.

Dans quelques instants, à la fin de mon propos, La Concorde, notre hymne national retentira.

Je souhaite que chacun d’entre nous en magnifie les paroles pour que, unis dans la Concorde et la fraternité, nous travaillions sans relâche à combler nos retards, à surmonter nos handicaps, à exploiter tous nos atouts.

C’est le lieu pour moi de rendre l’hommage qu’elles méritent à nos forces de sécurité et de défense.

Ces dernières années, beaucoup d’efforts ont été faits pour améliorer leurs conditions de vie et de travail qui s’étaient elles aussi dégradées. Ces efforts vont se poursuivre par la construction des casernes et la dotation d’équipements supplémentaires.

Et les forces de sécurité et de défense doivent continuer d’être encore plus professionnelles, plus rigoureuses et plus respectueuses de la loi qu’elles sont chargées de faire appliquer.

En reconnaissance de leur rôle appréciable et républicain dans l’édification de notre Nation depuis toujours, j’ai autorisé l’hommage qu’elles ont souhaité rendre à travers un défilé militaire le jour du 2 décembre.

Depuis mon accession à la magistrature suprême, je n’ai eu de cesse de me battre, avec votre soutien, pour la paix, la stabilité et l’unité nationale sans lesquels aucun travail ne peut être fait.

Aujourd’hui le temps nous a donné raison. Car là où il n’y a pas la paix rien ne peut se faire ; là où il n’y a pas d’unité nationale, rien ne peut se construire.

C’est fort de ces acquis essentiels que sont l’Unité nationale et la Paix que je vous invite aujourd’hui à ouvrir ensemble une nouvelle étape dans l’édification d’un Gabon fort, uni et prospère.

Un Gabon dans lequel chaque Gabonaise et chaque Gabonais, quelle que soit leur condition sociale pourront se tenir debout et marcher sans crainte, sûrs de leurs droits inaliénables à la dignité humaine.

 

Mes chers compatriotes,

Ce matin, dans un esprit de communion et de fraternité, les catholiques, les protestants, les musulmans et les fidèles des églises du réveil se sont retrouvés autour de moi pour rendre grâce à Dieu et le remercier de sa miséricorde.

A l’heure où les tensions interreligieuses se multiplient à travers le monde, le Gabon montre la voie de la nécessaire coexistence pacifique entre les religions. C’est cela le Gabon que nous avons bâti ensemble. Et c’est pour moi le meilleur souvenir que je garderai de ces célébrations.

Je vous remercie donc pour la confiance maintes fois renouvelée et j’implore Le Très Haut pour qu’il continue à nourrir le Gabon de ses bienfaits et à le tenir dans sa protection éternelle.

 

Que Dieu bénisse le Gabon !

 

Vive la République !

 

Vive le Gabon

Gabon, Omar Bongo Ondimba, discours testamentaire du 7 décembre 2007
Archive. Omar Bongo Ondimba, discours testamentaire du 7 décembre 2007 ((1935 – 2009) © 2021 D.R./DBNEWS

Transcription /DBNEWS
04/022021

 

 

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