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Attention à ne pas jouer le jeu de l’accusé !

L’ex-député et candidat arrivé en troisième position à l’issue de la dernière présidentielle, Ousmane Sonko, est dans de beaux draps. C’est le moins que l’on puisse dire.  En effet, convoqué pour être entendu par un juge d’instruction dans une affaire de viol présumé sur fond de menaces de mort, le prévenu n’a pas déféré à la convocation et ce, alors même qu’il était en route pour le Palais de justice de Dakar. Alors, que s’est-il donc passé ? Ousmane Sonko a été arrêté et conduit à la section de recherche de Colobane pour « troubles à l’ordre public et participation à une manifestation interdite ». C’est donc désormais une affaire dans une affaire. Puisqu’en plus des faits présumés de viol dont on l’accuse, le patron du Pastef devra répondre de deux nouveaux chefs d’inculpation. C’est d’ailleurs le trajet emprunté par l’ex-député qui lui vaut son arrestation puisqu’à ce propos, il était en désaccord avec la préfecture qui lui avait proposé un autre itinéraire. C’est à se demander si Ousmane Sonko qui, depuis qu’il est accusé de viol par une masseuse professionnelle, crie au complot, ne cherchait pas à fantasmer à travers une publicité mondiale pour s’attirer ainsi la sympathie de l’opinion.  Et l’un de ses avocats ne dit pas autre chose lorsqu’il affirme ceci à l’issue de l’arrestation de son client : « C’est ce qui était recherché ». En jouant à fond la carte de la victimisation,  tout porte à croire que Ousmane Sonko n’est pas serein et cherche ainsi à divertir l’opinion. Car, tant qu’à faire, pourquoi ameuter ses ouailles parce que tout simplement le juge d’instruction demande à l’entendre pour des faits dont on l’accuse ?

Il revient au pouvoir sénégalais de ne pas jouer le jeu en donnant l’impression de s’acharner  sur un opposant

 

Il n’avait pas besoin de cela pour autant qu’il n’ait rien à se reprocher. Cela dit, il revient au pouvoir sénégalais que l’on ne peut pas non plus absoudre à bons comptes dans les déboires judiciaires de Ousmane Sonko, de ne pas jouer le jeu en donnant l’impression de s’acharner  sur un opposant que d’aucuns présentent comme un adversaire de taille du chef de l’Etat Macky Sall que l’on soupçonne à tort ou à raison, de vouloir briguer un troisième mandat. Les cas de Karim Wade et Khalifa Sall, tous condamnés pour des malversations financières et donc empêchés  de se présenter à la dernière présidentielle, sont encore frais dans les mémoires. Il ne faudra donc pas que le président sénégalais s’illustre négativement à travers l’embastillement de ses opposants, histoire de faire le vide autour de lui. Pour un pays comme le Sénégal qui a une longue tradition démocratique, pareilles dérives autocratiques sont pour le moins, intolérables. Cela dit, la balle est désormais dans le camp de la Justice. C’est à elle de travailler, en toute impartialité, de sorte à ce que jaillisse la lumière dans cette affaire de viol qui prend les allures d’une affaire d’Etat. Si le viol est consommé, alors qu’Ousmane Sonko, au-delà de toute considération, soit condamné. S’il s’avère aussi qu’il s’agit d’une simple cabale destinée à nuire à sa carrière politique, qu’il soit purement et simplement relaxé.

B.O