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Le 20 septembre 2007, il fut arrêté puis inculpé de « complicité d’atteinte à l’autorité de l’Etat » pour des liens présumés avec les rebelles touaregs. Vous aurez certainement compris qu’il s’agit de Moussa Kaka, correspondant de RFI au Niger. Depuis 2007, l’homme passe pour être le symbole de la liberté de la presse dans son pays. Et il n’a eu de cesse d’utiliser sa voix pour la promotion de la démocratie au Niger. Eh bien, sachez que la maison de Moussa Kaka a été attaquée le jeudi 25 février 2021. Les coupables n’ont pas été formellement identifiés mais tout laisse croire que cela pourrait avoir un lien avec sa profession. En effet, en Afrique, comme d’ailleurs sous d’autres cieux, il ne fait pas bon être journaliste. Le métier est davantage plus périlleux lorsque l’on l’exerce dans des pays où bien des citoyens ont une compréhension approximative de la démocratie et de ses implications et exigences. Ceux ou celles qui ont attaqué la maison de Moussa Kaka, de toute évidence, appartiennent à cette catégorie de personnes. Par cet acte ignoble et lâche, ils ont asséné un coup à un symbole, celui de la liberté de la presse. Par effet induit, ils ont tenté de ternir l’image du Niger en matière de démocratie en Afrique de l’Ouest, du moins dans sa partie francophone.

En effet, ce pays a la réputation, sous la houlette notamment de l’actuel président, Mahamoudou Issoufou, de s’être extirpé du lot honni des pays prédateurs de la démocratie en Afrique pour devenir une des vitrines de la démocratie. Manifestement, des  Nigériens ont décidé de briser cette vitrine. En tout cas, l’on est en droit de décrypter l’attaque de la maison de Moussa Kaka, de cette façon. Mais,  connaissant le professionnalisme et la témérité de ce journaliste, on peut dire que c’est peine perdue. En tout cas, il en faut plus pour décourager Moussa Kaka.

La Justice nigérienne se doit d’ouvrir l’œil et le bon

C’est le lieu d’interpeller tous les acteurs politiques du Niger qui font actuellement dans la violence pour contester les résultats provisoires de la présidentielle, afin qu’ils adoptent des postures plus républicaines. « La vérité  rougit les yeux mais ne les crève pas », dit-on.  C’est pourquoi l’on peut se permettre d’en appeler à la sagesse du candidat malheureux à cette présidentielle, c’est-à-dire Mahamane Ousmane. En effet, c’est ce dernier, peut-on dire,  qui a mis le feu aux poudres en martelant à la Trump, c’est-à-dire sans preuve, que sa victoire lui a été volée. Depuis lors, le Niger s’est pratiquement embrasé. Pour le moment, l’on déplore deux morts et des actes de vandalisme. Le procureur de la République a affirmé que plusieurs personnes ont été interpellées et que d’autres sont recherchées.  Une des personnes interpellées est l’ancien chef d’état-major du président Mamadou Tandja. L’homme est soupçonné d’être derrière ces violences.

En tout état de cause, la Justice nigérienne se doit d’ouvrir l’œil et le bon de sorte à ne pas permettre à des aventuriers d’en rajouter aux souffrances des Nigériens. La Justice doit d’autant plus bander les muscles vis-à-vis de ces personnes indélicates, que la démocratie ne doit pas être perçue comme la guerre, donnant ainsi en partie raison à la thèse de Jacques Chirac, selon laquelle l’Afrique n’est pas mûre pour la démocratie. Malheureusement, ils sont nombreux encore les Africains  qui renvoient cette image de la démocratie dans leurs pays respectifs,  au reste du monde. De ce point de vue, et sans chauvinisme, l’on peut davantage tresser des lauriers aux acteurs politiques du Burkina ; eux dont le comportement exemplaire a permis à leur pays d’ajouter de la terre à la terre à l’édifice démocratique de leur patrie, à l’occasion de la présidentielle de novembre dernier.

 

Pousdem PICKOU