Paul Rusesabagina sera bien jugé au Rwanda, ce qu’il refuse



Paul Rusesabagina sera bien jugé au Rwanda, ce qu’il refuse

Paul Rusesabagina sera bien jugé au Rwanda, ce qu’il refuse

Par Marie-France Cros.

La Haute Cour du Rwanda pour les crimes internationaux et transfrontaliers, qui a entamé le 17 février le procès de Paul Rusesabagina – présenté comme un héros du génocide par un film hollywoodien dont il a contribué à écrire le scénario -,  a rendu vendredi son jugement sur l’objection présentée par sa défense. Cet accusé ayant acquis la nationalité belge en 2000, il affirme la cour incompétente pour le juger. Celle-ci en a jugé autrement, la loi rwandaise lui donnant le droit de juger des étrangers ayant commis des crimes au Rwanda.

Rusesabagina comparaît avec 20 autres accusés, suspectés d’appartenir au FLN, un des groupes armés membre de sa coalition politique d’opposition MRCD, qu’il a contribué à financer. Ce groupe a lancé des attaques armées au Rwanda ayant fait 9 morts, des blessés et des destructions qui ont poussé 84 personnes à se constituer parties civiles.

https://afrique.lalibre.be/58399/rwanda-lopposant-paul-rusesabagina-devant-ses-juges/

Rwandais ou pas?

La procureure, Angélique Habyarimana, a ironisé sur le fait que M. Rusesabagina affirmait n’être plus rwandais mais avait créé le MRCD dans l’espoir de devenir le Président du Rwanda. Elle a souligné que la Belgique aussi jugeait des étrangers accusés de crimes commis sur son territoire.

La défense a annoncé qu’elle interjetterait appel sur ce jugement intermédiaire et a demandé un report du procès, estimant avoir besoin de plus de temps pour répondre aux arguments de la cour. Celle-ci a donné à Rusesabagina – et à deux autres accusés – jusqu’au 2 mars au soir pour présenter leurs arguments; la cour se prononcera le 3. La défense de Rusesabagina a longuement contesté ce délai  alors que la cour voulait que le procès se poursuive, la procureure et les avocats de certains accusés s’opposant à un report.

Ces deux autres accusés sont Félicien Nsanzubukire et Anastase Munyaneza, deux anciens de l’armée hutue de l’ex-président Juvénal Habyarimana, passé aux FDLR (groupe armé formé par d’anciens génocidaires) et, après la scission de celles-ci, au CNRD, l’autre groupe armé de la coalition présidée par Paul Rusesabagina. Ils demandent une libération conditionnelle. Nsanzubukire est visé depuis 2014 par des sanctions Onu pour des atrocités commises au Congo lorsqu’il était encore membre des FDLR.

Condamnée pour génocide

Parmi les autres accusés figurent deux anciens porte-paroles des FLN, qui ont revendiqué des attaques meurtrières, ainsi qu’une femme, Angeline Mukandutiye, 70 ans. Cette dernière avait été condamnée à la prison à vie par contumace pour son rôle dans les massacres commis durant le génocide à Kigali, dans le quartier de l’Eglise Ste-Famille. A la défaite du gouvernement génocidaire devant le Front patriotique rwandais (FPR, au pouvoir), elle avait fui au Zaïre. Elle en a été renvoyée fin 2019 par l’armée congolaise, avec un groupe de 200 “dépendants” de groupes armés rwandais basés au Congo. Après avoir été interviewée par la télévision rwandaise, elle a été reconnue et arrêtée. Elle est accusée d’avoir recruté des jeunes pour le FLN.

Accusées par les proches de Paul Rusesabagina de violer ses droits, les autorités rwandaises ont organisé la retransmission du procès en direct sur internet, en kinyarwanda et en anglais (https://bit.ly/37Hitv1).

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Avec La Libre Afrique

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